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Le Portugal en grève générale contre l'austérité

Alors que la note du pays vient d'être abaissée par Fitch, les Portugais cessent le travail contre les nombreuses mesures de rigueur.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un cheminot tient un piquet de grève à la gare Rossio de Lisbonne (Portugal), le 24 novembre 2011. (HUGO CORREIA / REUTERS)

Un an jour pour jour après la dernière grève générale, les Portugais remettent ça. Le pays a tourné au ralenti jeudi 24 novembre, jour de débrayage contre l'austérité à l'appel des syndicats. Ces derniers se sont félicités de la forte participation des salariés du public et du privé qui ont manifesté dans le pays. Dans le même temps, l'agence de notation Fitch a abaissé la note du pays. FTVi fait le tour des enjeux de cette journée pour le Portugal.

1. En grève contre les mesures d'austérité 

L'appel à la grève générale a été lancé il y a un mois par les deux principaux syndicats, la CGTP et l'UGT, au moment où le gouvernement de centre-droit présentait un budget pour 2012 d'une rigueur draconienne. "La grève générale est une grève d'indignation et de mécontentement parce que les gens sentent que leurs droits ont été fortement affectés", explique le secrétaire général de l'UGT, Joao Proença.

Résultat : les transports sont particulièrement perturbés jeudi. La compagnie aérienne nationale TAP a supprimé 121 vols commerciaux sur les 140 prévus. A Lisbonne, le métro ne circule pas. Le transport ferroviaire est également très touché. De nombreux services publics, notamment l'éducation, la santé ou la culture, sont aussi affectés. L'impact de la grève dans le secteur privé n'est pas encore connu, mais l'usine Volkswagen Autoeuropa de Palmela, près de Lisbonne, a décidé de suspendre sa production, craignant les effets de la grève sur ses fournisseurs.

2. Qu'est-ce qui attend les Portugais ?

Le Parlement a adopté au début du mois un budget 2012 avec les mêmes recettes que les autres pays européens en crise : augmentation d'impôts et baisse des salaires et des dépenses. 

Outre des augmentations de la TVA sur le gaz et l'électricité et des hausses des prix des transports, les mesures d'austérité touchent principalement les fonctionnaires, dont les salaires ont été gelés et qui perdront l'an prochain deux de leurs quatorze mois de salaire. Même chose pour les retraités qui gagnent plus de 1 000 euros. Dans le privé, la journée de travail sera augmentée d'une demi-heure. Fusions, cessions et licenciements sont aussi au programme dans les transports. 

3. Le but : éviter un scénario à la grecque

Hasard du calendrier, l'agence de notation Fitch a ramené jeudi la note du Portugal de BBB- à BB+ avec une perspective négative. Ce qui place sa dette dans la catégorie spéculative (risquée). Fitch, qui estime que le Portugal sera en contraction économique de 3 % en 2012, observe que d'importants déséquilibres budgétaires et une dette élevée font que la note souveraine du pays n'est plus compatible avec la catégorie "investissement". Autre mauvais signe pour le pays : l'agence de notation chinoise Dagong a elle aussi dégradé sa note et considère désormais l'investissement sur sa dette spéculatif et risqué.

Troisième pays de la zone euro, après la Grèce et l'Irlande, à recevoir une aide exceptionnelle, le Portugal a obtenu en mai dernier du Fonds monétaire international et de ses partenaires européens un prêt de 78 milliards d'euros en échange d'un plan d'austérité et de réformes. La Tribune souligne que "le pays est désormais confronté à sa plus grave récession depuis le retour de la démocratie en 1974".

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