"Hessel, un parcours emblématique de la lutte contre le nazisme"
Contacté par francetv info, Louis Cortot, l'un des 23 Compagnons de la Libération encore en vie, salue le parcours du résistant et intellectuel.
Avec la mort de Stéphane Hessel, mercredi 27 février, s'envole un peu de la mémoire de la Résistance. D'autant que Raymond Aubrac a disparu en 2012, tout comme sa femme Lucie, Alain Le Ray ou Pierre Messmer, en 2007.
Louis Cortot, 88 ans, est président de l’Association nationale des anciens combattants et ami(es) de la Résistance (Anacr). Il est aussi l'un des 23 derniers Compagnons de la Libération encore en vie. Contacté par francetv info, il revient sur la personnalité singulière de Stéphane Hessel.
Francetv info : Qu'a vécu Stéphane Hessel durant la seconde guerre mondiale ?
Louis Cortot : Né en Allemagne, Stéphane Hessel s'est battu pour défendre sa patrie d'adoption, la France [il a été naturalisé en 1937]. Il a été fait prisonnier pendant la guerre, s'est évadé et a rejoint le Bureau central de renseignements et d'action à Londres en 1941. Il a été parachuté en France en mars 1944, puis dénoncé, torturé et déporté dans le camp de concentration de Buchenwald. A la Libération, il a été diplomate et a joué notamment un rôle dans l'élaboration de la Charte des droits de l'homme de l'ONU, au côté de René Cassin.
C'est évidemment avec beaucoup d'émotion que nous avons appris sa disparition. Son parcours exceptionnel est emblématique des différentes formes de lutte contre le nazisme.
Quelle a été sa ligne de conduite par la suite ?
J'ai eu l'occasion de le rencontrer après la guerre. C'était alors quelqu'un d'assez secret. Il fallait le pousser un peu pour qu'il évoque ce qu'il avait vécu. Par la suite, j'ai participé à de nombreux colloques en sa compagnie. Je peux vous dire que c'était quelqu'un d'exceptionnel : un humaniste sincère, qui militait en faveur du rapprochement entre les peuples. Il voulait absolument témoigner, c'était devenu sa raison de vivre. Jusqu'au bout, il est resté disponible.
La mémoire de la Résistance va-t-elle lui survivre ?
Les élèves qui assistaient à ses colloques l'aimaient beaucoup car malgré son âge, il était resté très jeune. Ses explications et son discours étaient clairs. C'était l'une des dernières figures de la Résistance, mais il reste encore suffisamment de personnes pour transmettre cette part de mémoire. Nous lui rendrons bien sûr un hommage particulier lors du 70e anniversaire de l'Anacr, le 27 mai.
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