Hollande a désormais un boulevard pour agir
Détenant la majorité absolue à l'Assemblée, le PS pourra faire passer les réformes qu'il souhaite, même sans l'aval des députés écologistes et des communistes.
Durant le mois qui séparait les législatives de la présidentielle, François Hollande redoutait de ne pas disposer de majorité absolue à l'Assemblée, et craignait d'être dépendant des écologistes et surtout des communistes pour mettre en œuvre son programme. Il peut être aujourd'hui rassuré. Dimanche 17 juin, les Français ont offert une large victoire au PS : avec 314 députés (en comptant leurs proches alliés du PRG), les socialistes ont vingt-cinq sièges de plus que le seuil minimal de la majorité absolue.
Elysée, Assemblée, Sénat, régions, majorité des départements, majorité des grandes villes... Comme le craignait l'UMP à la veille des législatives, la gauche dispose désormais de tous les leviers possibles. Une configuration inédite. Seule ombre au tableau : l'abstention record enregistrée dimanche confirme la désaffection des Français pour un scrutin organisé dans la foulée de l'élection présidentielle. Avec seulement 56,29% de participation, jamais les Français n'avaient autant boudé ce type d'élection depuis le début de la Ve République.
La mise en garde de Jean-Marc Ayrault
Un bémol qui n'a pas échappé au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. "L'œuvre qui est devant nous est immense. Rien ne sera facile. Rien ne nous sera donné", a mis en garde le chef du gouvernement dimanche soir. "Rétablir nos comptes publics, retrouver la croissance, faire reculer le chômage, rendre à notre industrie son dynamisme" : Jean-Marc Ayrault a égrené les chantiers auxquels le gouvernement doit désormais s'attaquer, en appelant au "rassemblement" et à "la contribution de tous".
Première étape, le Premier ministre doit ajuster son équipe gouvernementale dans les prochains jours. Un petit remaniement qui ne devrait pas apporter de grande surprise, les vingt-cinq ministres qui étaient candidats aux législatives ayant tous été élus. Désormais, la principale question est de savoir si les communistes seront invités à prendre part au gouvernement - a priori oui -, et, le cas échéant, s'ils l'accepteront - a priori non. La réponse est prévue pour jeudi.
Un été tendu, entre croissance et rigueur
Le chef du gouvernement devra ensuite s'attaquer au projet de budget 2013, dont dépend toute la politique du gouvernement. Et sur ce point, l'été s'annonce tendu à l'Assemblée : du 3 juillet au 2 août, les députés seront en effet invités à débattre de réformes majeures sur le plan économique et financier : loi de programmation pluriannuelle des finances publiques, réforme fiscale...
Des questions sur lesquelles le gouvernement est attendu au tournant : parviendra-t-il à tenir ses engagements, tout en prenant en considération la dure réalité des comptes ? Alors que le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a répété dimanche que la France tiendrait ses objectifs en matière de réduction des déficits publics "sans politique d'austérité", le ministre Manuel Valls a déjà estimé que "la rigueur est nécessaire". Preuve que François Hollande et Jean-Marc Ayrault vont devoir trouver un subtil équilibre sur ce sujet.
Cette configuration inédite d'une France (presque) entièrement rose impose en tout cas au PS un "devoir de réussir", selon l'expression de Marine Aubry. Résumé du politologue Gaël Sliman : "Le PS n'aura pas d'excuse en cas d'échec."
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