Ce qu'il faut retenir de ces législatives
La large victoire de la gauche, les défaites de Bayrou et Royal, l'entrée du FN à l'Assemblée, le sans-faute des ministres candidats. Retrouvez toutes les leçons du scrutin.
La large victoire de la gauche, les défaites de François Bayrou et Ségolène Royal, l'entrée du Front national à l'Assemblée, le sans-faute des ministres candidats. FTVi vous dit tout ce qu'il faut retenir du scrutin du dimanche 17 juin.
1. Le PS obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale
Les socialistes ont réussi leur pari : franchir la barre des 289 députés sur 577, synonyme de majorité absolue dans l'hémicycle. C'est chose faite. Le PS et les divers gauche obtiennent 302 sièges. Avec ses proches alliés du Parti radical de gauche (12 sièges), le total se monte à 314 sièges. Avec l'appoint d'Europe Ecologie-Les Verts et du Front de gauche, la gauche parlementaire dispose d'une majorité très confortable de 343 sièges. Du jamais-vu pour la gauche depuis 1981.
2. Un groupe parlementaire pour EELV, pas pour le Front de gauche
Après la déception du premier tour, le Front de gauche sauve les meubles en obtenant 10 sièges. Un résultat toutefois insuffisant pour conserver un groupe à l'Assemblée, qui nécessite 15 sièges. Jean-Luc Mélenchon a d'ores et déjà demandé que ce seuil soit abaissé.
Pour les écologistes, les résultats sont meilleurs que ce que laissait entrevoir le premier tour. Europe Ecologie-Les Verts obtient 17 sièges, ce qui permet la constitution d'un groupe parlementaire.
3. Deux députés pour le Front national
Le Front national n'avait jamais réussi à franchir les portes du palais Bourbon, excepté en 1986 lors d'un scrutin à la proportionnelle. Il réussit cette fois à faire élire deux députés. Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine Le Pen et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, s'est imposée à Carpentras (Vaucluse) dans une triangulaire face à l'UMP et au PS. L'autre député du Front national sera le médiatique avocat Gilbert Collard, qui lui aussi s'impose dans le cadre d'une triangulaire dans le Gard. Marine Le Pen échoue d'un cheveu face au socialiste Philippe Kemel à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Florian Philippot est battu par le PS en Moselle, tout comme Louis Aliot dans les Pyrénées-Orientales.
L'extrême droite comptera un troisième député en la personne de l'ancien frontiste Jacques Bombard (Ligue du Sud), qui s'impose à Orange (Vaucluse). Mais en l'absence de groupe parlementaire, ces députés n'auront qu'une marge de manœuvre limitée.
4. Ségolène Royal battue à La Rochelle
Le coup est rude pour l'ancienne candidate à la présidentielle. Ségolène Royal est tombée sur un os à La Rochelle (Charente-Maritime). Elle est sévèrement battue par le dissident PS Olivier Falorni (62,97%), qui a bénéficié d'un bon report des voix de l'UMP, dont la candidate avait été éliminée au premier tour.
"J'ai mené une campagne difficile, mais droite et loyale, avec le sens de l'honneur et de l'engagement. (...) Je suis animée passionnément par l'amour de la France et des Français, et continuerai à peser sur les choix du gouvernement de Jean-Marc Ayrault", a déclaré Ségolène Royal après l'annonce de sa défaite, dénoncant une "trahison politique" et considérant qu'Olivier Falorni était "un député de droite".
5. François Bayrou éjecté de l'hémicycle
Coup d'arrêt pour la carrière politique de François Bayrou. Le leader du MoDem a été victime de la triangulaire qui l'opposait dans son fief des Pyrénées-Atlantiques à la socialiste Nathalie Chabanne (42,78%) et à l'UMP Eric Saubatte (27,04%). Il n'a recueilli que 30,17% des suffrages. "La réalité va s'imposer comme un juge de paix, il se passera peu de temps avant que le peuple français ne comprenne vers quelles impasses on l'a mené (...). Le jour où les Français imposeront une conscience et une volonté nouvelle, je serai et nous serons au milieu d'eux", a-t-il déclaré.
Maigre consolation pour le MoDem : l'élection de Jean Lassalle, de justesse, dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, et de Thierry Robert dans la 7e circonscription de La Réunion.
6. NKM et Bertrand réélus, Guéant et Morano battus
A droite, la plupart des ténors ont été élus ou réélus. Nathalie Kosciusko-Morizet à Longjumeau (Essonne) et Xavier Bertrand à Saint-Quentin (Aisne) ont eu chaud mais réussissent à sauver leur tête. Pas de problème pour Jean-François Copé à Meaux (Seine-et-Marne), François Fillon à Paris, Laurent Wauquiez en Haute-Loire, Luc Chatel en Haute-Marne et François Baroin dans l'Aube, tous largement réélus.
En revanche, Claude Guéant essuie un revers à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), où il était parachuté. L'ex-ministre de l'Intérieur est arrivé derrière le dissident UMP Thierry Solère dans le cadre d'une triangulaire avec le PS. Autre défaite retentissante : celle de Michèle Alliot-Marie dans les Pyrénées-Atlantiques, où elle avait été élue sans discontinuer depuis 1986. En Meurthe-et-Moselle, Nadine Morano est sévèrement battue par le PS Dominique Potier.
7. Carton plein pour les ministres
Ils étaient 25 ministres sur la ligne de départ parmi les 35 que compte le gouvernement Ayrault. Six ont été élus dès le premier tour, 15 étaient en ballottage favorable. Une seule était dans une situation périlleuse : Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées, qui s'est finalement imposée dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône face à Renaud Muselier, député sortant et chef de file de l'UMP marseillaise.
Les ministres élus et réélus le sont, pour la plupart, avec des scores confortables. C'est le cas d'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, en Moselle (59,04%), de Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, dans l'Essonne (66%), du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, qui a ravi à l'UMP l'ancienne circonscription de l'ex-premier ministre François Fillon, dans la Sarthe, avec près de 60% des voix, ou encore de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, candidate en Indre-et-Loire, qui l'emporte avec 60,21% des voix.
8. Une période de turbulences à venir pour l'UMP
Avec seulement 229 sièges, la droite enregistre sa plus lourde défaite depuis 1981. L'UMP, qui n'obtient à elle seule que 194 sièges, va désormais entrer dans une phase de turbulences. La lutte s'annonce musclée entre Jean-François Copé et François Fillon pour l'élection à la tête du parti en novembre. Plusieurs responsables, comme le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, ont appelé dimanche soir à ouvrir "une vaste réflexion sur les valeurs" du parti.
De nombreux députés de l'aile droite de l'UMP ont été battus, ce qui pourrait donner des arguments aux tenants d'une ligne très ferme vis-à-vis de l'extrême droite. Pour l'heure, Jean-François Copé va tenter d'éviter un grand déballage. Il a appelé dimanche soir à faire de la session extraordinaire du Parlement une "priorité absolue" et à éviter à tout prix les "querelles de personnes". "Un nouveau départ s'impose à nous. Nous devons nous renouveler", a pour sa part lancé François Fillon, tout en appelant à "l'unité" du parti : "Rien ne serait pire qu'une division de notre famille politique."
9. Un record de femmes élues
La parité n'entre toujours pas dans l'hémicycle, même si un nouveau record est atteint. Il y a au moins 155 femmes élues à l'Assemblée nationale, contre 108 en 2007, et 42 en 1993.
Par ailleurs, sur les 577 nouveaux députés, au moins 8 sont issus de la diversité.
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