Essoré, le Front de gauche perd son groupe à l'Assemblée
La coalition Parti de gauche-Parti communiste n'envoie que 10 députés dans l'hémicycle, contre 19 auparavant, et perd son groupe autonome. Une première pour les communistes sous la Ve République.
Une claque, et une première dans l'histoire de la Ve République, les communistes n'auront pas de groupe autonome à l'Assemblée nationale. L’attelage Parti de gauche et Parti communiste français ne décroche que dix députés, dimanche 17 juin au second tour des législatives. Loin des quinze nécessaires à la constitution d'un groupe. Et loin des espoirs du parti qui, dans la foulée des 11,1% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, tablait sur au moins 20 députés supplémentaires.
"Nous avons payé cher notre autonomie", a déploré l'ex-candidat à l'Elysée (11,1%), dénonçant "l'énergie" déployée par les socialistes "pour essayer de faire perdre partout les candidats du Front de gauche". Et de faire ces petits calculs : "Une force politique comme la nôtre, qui a réuni 4 millions de voix à l'élection présidentielle, et qui fait 600 000 voix de plus que le Parti communiste en 2007, perd la moitié de ses sièges."
• Comment en est-on arrivé là ?
Au premier tour, le Front de gauche avait rassemblé 6,91% des suffrages, certes plus que le Parti communiste en 2007, mais pas assez pour atteindre l’objectif qu’il s’était fixé. Avec ses 11,10% des voix au premier tour de la présidentielle et 105 candidats, le Front de gauche cherchait à faire mieux que ses 19 élus sortants, et rêvait même de 10 à 20 élus supplémentaires. Raté.
La parti de la gauche de la gauche paye surtout l'absence d'accord électoral avec le PS. Refusant "le diktat" des socialistes, le Parti de Gauche et les communistes avaient rejeté, mi-mai, la présentation de candidatures communes avec PS et écolos. Du coup, plusieurs de ses piliers ont été emportés par la vague rose. En région parisienne notamment, où les communistes perdent quatre sièges. Dont celui de Roland Muzeau, le président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, qui a dû se retirer derrière le socialiste Alexis Bachelay dans la 1re circonscription des Hauts-de-Seine.
Dans la 11e circonscription des Hauts-de-Seine, la socialiste Julie Sommaruga (PS) a doublé sur le fil la députée sortante et maire de Bagneux Marie-Hélène Amiable, qui s’est désistée. Tout comme Jean-Pierre Brard, arrivé quatre points derrière le socialiste Razzy Hammadi, soutenu par les Verts, dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis. Ou encore Pierre Gosnat dans la 10e circonscription du Val-de-Marne, et Jean-Paul Lecoq, sortant de la 6e circonscription de Seine-Maritime.
• Les défaites notables
Patrick Braouezec, député depuis 1993, perd son siège. Arrivé deuxième derrière le candidat PS Mathieu Hanotin au premier tour, il s'est maintenu contre le principe de désistement républicain. Pari perdu : le socialiste, vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis depuis 2008, remporte la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis avec 53,5% des voix contre 46,5% pour le remuant communiste. Plusieurs bagarres ont éclaté dans un climat tendu entre les partisans des deux candidats dimanche soir après l'annonce des résultats.
Dès le premier tour, plusieurs figures ont été éliminées. A commencer par Jean-Luc Mélenchon, candidat à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et relégué à la troisième position (21,48%), avec deux fois moins de voix que Marine Le Pen et derrière le candidat PS, Philippe Kemel. Mais aussi Michèle Picard dans la 14e circonscription du Rhône, Jean-Luc Lanouilh, dans la 4e circonscription de l'Aisne, Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, dans la 2e circonscription de Corrèze (6,93%), ou Martine Billard, victime du redécoupage électoral, dans la 5e circonscription de Paris.
• Les élus
Il y a l'élue dès le premier tour, avec 67,14% des suffrages dans la 2e circonscription de La Réunion, Huguette Bello. Et ceux dont l'adversaire PS s'est retiré en vertu du principe de désistement républicain, qui veut que les candidats de gauche dans une même circonscription laissent le champ libre au mieux placé d'entre eux. Seuls en lice au second tour, ils affichent donc une réélection à 100%. Parmi eux :
Marie-George Buffet dans la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis, arrivée en tête (33,64% au premier tour), mais talonnée par une candidate socialiste (30,49%) qui s’est désistée à son profit. Jean-Jacques Candelier, sortant dans la 16e circonscription du Nord et dont l’adversaire socialiste Christian Entem s’est désisté. Marc Dolez, député sortant dans la 17e circonscription du Nord et dont l’adversaire socialiste, Monique Amghar, s’est désistée.
Ou encore François Asensi, sortant apparenté PCF et maire de Tremblay-en-France, qui aurait pu se retrouver face à son ex-dauphin, Stéphane Gatignon, passé chez Europe Ecologie-Les Verts et candidat de la gauche unie, qui s’est finalement retiré dans la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis. Et enfin Nicolas Sansu, arrivé deux points devant la socialiste Agnès Sinsoulier-Bigot, qui s'est désistée dans la 2e circonscription du Cher.
Ceux qui avaient un adversaire ...
André Chassaigne, sortant dans la 5e circonscription du Puy-de-Dôme, l'emporte avec 67,53% des voix face à l’UMP Maxime Costilhes (20,03% au premier tour). Gaby Charroux, maire de Martigues, remporte 60,28% des suffrages dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône. Il prend la suite de Michel Vaxès, communiste qui ne se représentait pas.
Dans la 4e circonscription des Hauts-de-Seine, Jacqueline Fraysse, sortante PCF (29,9%) arrivée seulement 2,1 points devant l’UMP Christian Dupuy (27,84%) au premier tour, l'emporte avec 59,14%.De son côté, Alain Bocquet, sortant dans la 20e circonscription du Nord, rassemble 67,43% des voix face à la Front national Nathalie Betegnies (21,73% au premier tour).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.