"Si on laisse faire, on sera effectivement une ville musée" : la ville de Paris va de nouveau porter plainte contre Airbnb
L'annonce a été faite par l'adjoint au maire chargé du logement, Ian Brossat, vendredi sur franceinfo.
"Nous sommes en train de préparer une plainte contre Airbnb qui jusqu'à présent ne respectait pas loi", a indiqué vendredi 18 janvier à franceinfo Ian Brossat (PCF), adjoint à la maire de Paris en charge du logement. Depuis l'adoption en octobre 2018 par le Parlement de la loi Elan, la ville peut désormais faire condamner Airbnb et plus seulement les propriétaires en infraction qui mettent leur logement sur le site.
"On a aujourd'hui 20 000 logements qui sont loués toute l'année sur Airbnb, ce ne sont de fait plus des logements, ce sont des hôtels clandestins. La loi [Elan] fait qu'Airbnb devrait retirer ces annonces illégales. Je voudrais que l'entreprise pousse la logique jusqu'au bout et fasse le ménage parmi ces annonces, il en va de l'intérêt des habitants", a expliqué Ian Brossat.
Paris perd des habitants
Avant cette plainte en préparation, la ville de Paris a déjà assigné en référé l'an passé les plateformes Airbnb et Wimdu qui, selon elle, ne respectent pas la loi car elles n'ont pas retiré les annonces de location sans numéro d'enregistrement comme le prévoit la loi. Dans ce dossier, le tribunal de grande instance de Paris a transmis à la Cour de cassation une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), qui fera l'objet d'une audience le mardi 5 février 2019.
Une récente étude de l'INSEE indique que la capitale a perdu plus de 40 000 habitants en cinq ans. En cause : les prix des logements et le succès des plateformes de location saisonnière. "Si on laisse faire, on sera effectivement une ville musée. C'est vrai qu'Airbnb a pris une dimension absolument énorme et que cela impacte à la fois sur le niveau des loyers et à la fois sur le départ d'un certain nombre de familles", a réagi sur franceinfo Ian Brossat.
Des propriétaires déjà condamnés
Selon lui, "la question qui se pose c'est l'identité qu'on veut donner à nos villes. Est-ce que nous voulons que nos villes soient des villes habitées ? Ou est-ce qu'on laisse faire ce phénomène et à ce moment-là ce sera simplement des villes visitées par des touristes. C'est un phénomène nouveau et les pouvoirs publics doivent s'adapter en mettant en place de nouvelles règles. Il y a déjà un certain nombre de choses qui se font. Il y a eu des condamnations, un peu plus de deux millions d'euros d'amende en 2018 qui se sont appliqués sur des propriétaires qui louaient leurs logements illégalement sur ces plateformes."
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