Bientôt des sites web accessibles en fonction du code génétique des internautes ?
Un développeur a mis au point une fonctionnalité qui permet d'aller ponctionner des informations dans une base de données de codes génétiques, 23AndMe, et de créer grâce à elles une barrière à l'entrée des sites qui filtre les internautes en fonction de leur ADN.
La porte ouverte à l'eugénisme sur la toile ? Un développeur a mis au point un système qui permet de filtrer l'accès à un site internet ou une application en fonction du patrimoine génétique de la personne qui tente d'y accéder. Postée sur Git Hub sous le nom "Genetic Access Control", cette invention est en "open source". Ainsi, n'importe qui peut installer cette fonctionnalité sur son propre site, comme le relate Numerama.fr, mercredi 22 juillet. Comment cela fonctionne-t-il ? Seriez-vous potentiellement concerné(e) ? Explications.
Une base de données de 23AndMe
Les données fournies par 23AndMe créent notamment des catégories de gens en fonction de leur origine "raciale". "On peut ainsi voir quel pourcentage de son ADN provient des populations sub-sahariennes, européennes, asiatiques, scandinaves, françaises, russes, corses", précise Numerama.fr. Les personnes qui ont fait le teste chez 23AndMe peuvent aussi connaître leur risque de développer certaines maladies.
Le développeur du "Genetic Access Control" a remarqué que la base de données génétiques 23AndMe, déjà utilisée par plus d'un million de personnes à travers le monde, avait une API (interface de programmation) ouverte. Il est donc possible d'avoir accès aux données des utilisateurs, avec un programme adapté, si les gens donnent leur autorisation. C'est ce programme que le développeur a élaboré : il s'agit d'un "script", un langage de programmation qui se déclenche sur une page et permet d'exécuter un fichier sur commande.
Concrètement, si un webmaster installe ce script sur son site, cela signifie que l'accès devient réservé aux personnes qui non seulement son fichées sur 23 and Me, mais aussi aux personnes qui correspondent aux critères définis par le webmestre.
Doutes sur les intentions du développeur
Le script "Genetic Access Control" permet, selon son développeur, de créer différentes types de barrière à l'entrée, par exemple, d'"un site où les femmes pourraient parler librement entre elles sans être importunées par des hommes, en obligeant à prouver par l'ADN que l'on est bien une femme", ou encore d'"un site de rencontres où ne peuvent se rencontrer que ceux dont les éventuels enfants présentent peu de risques d'avoir une maladie congénitale".
Le site Numerama s'inquiète d'une telle initiative, mais relève que la personne à l'origine de ce projet n'a pas encore mis au clair ses réelles intentions. "On ne sait pas très bien si son créateur est sérieux ou s'il veut dénoncer un eugénisme moderne, même si l'on penche pour cette dernière option". Le site QZ relève, de son côté, que "bien entendu, l'adoption et l'extension de ce projet dépendent du nombre de personnes qui demandent à 23AndMe, ou des entreprises similaires, de séquencer leur génome". Avec un million de cliqueurs potentiels, et davantage à venir, le risque d'une segmentation d'internet en fonction de critères raciaux est déjà une réalité.
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