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Quels sites consultent-ils ? Pourquoi ? Comment ? Et quels sont les secrets du succès des jeunes entrepreneurs du Web

TechCrunch France a organisé une conférence sur le sujet mardi 16 novembre dans la salle de conférence de Microsoft à Paris.Des spécialistes du Web 2.0 ont tenté de brosser le portrait des pratiques des jeunes internautes, et de jeunes entrepreneurs qui ont réussi, comme le créateur de VDM (Vie de merde), sont venus raconter leurs parcours.
Article rédigé par Angel Herrero Lucas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6 min
Les principaux sites consultés par les 15-24 ans au TechCrunch Remix le 16 novembre 2010 (Angel HERRERO LUCAS)

TechCrunch France a organisé une conférence sur le sujet mardi 16 novembre dans la salle de conférence de Microsoft à Paris.

Des spécialistes du Web 2.0 ont tenté de brosser le portrait des pratiques des jeunes internautes, et de jeunes entrepreneurs qui ont réussi, comme le créateur de VDM (Vie de merde), sont venus raconter leurs parcours.

Facebook, Youtube, Google Search… Les maîtres mots de l"ADN du jeune internaute sont instantanéité et réseaux sociaux. Les plus de 8 millions de 15-24 ans qui surfent tous les jours passent en moyenne 1h20 sur la toile, dont 24 minutes sur des réseaux sociaux. Leurs trois réseaux préférés sont Facebook, Skyblog et Windows Live Profile. Ils leurs permettent d"accéder directement à ce qu"ils veulent voir ou lire, ou plutôt ce que leurs amis ont aimé.

Les jeunes sont donc friands de liens et de partage. Ils passent de moins en moins par les portails des sites (23% du temps passé sur internet) pour aller directement consulter une vidéo (183 vidéos vues en moyenne par mois) ou une info ciblée et recommandée par leur communauté. En revanche, les contributeurs réels, les bloggeurs, ne sont plus si nombreux. Quelques 850.000 personnes. Facebook et son « Wall » ayant quasiment annihilé cette démarche.

Pour le président de Skyrock, Pierre Bellanger, dont la radio a été pionnière dans la création de blogs avec Skyblogs, les jeunes affichent avant tout sur les réseaux sociaux « un grand besoin de liberté d"expression ». Ils ont « besoin de groupes mais aussi d"un espace privé », abonde Pierre-Eric Jacoupy de Microsoft/Windows Live. Il affirme aussi que « les jeunes font la différence entre ce qu"ils publient et le privé, via le téléphone portable ».

Le SMS étant encore la pratique la plus courante pour communiquer entre amis. Le jeune est également décrit comme un « schizophrène ». Pour le créateur de Mimesis Republic, une entreprise de services de loisirs sociaux sur internet, cette schizophrénie se révèle dans la volonté des jeunes d"avoir plusieurs comptes sous différentes identités. De jouer avec les pseudonymes et les avatars. Il y voit là, une « partition » de l"identité. Ce qui ne choque pas Pierre Bellanger pour qui « l"identité de chacun est complexe et multiple ».

Enfin, si le jeune n"a souvent que peu d"argent et ne représente pas une véritable cible pour les marketeurs, tous les experts du Web présents ont souligné sa formidable capacité à « viraliser » (diffuser) une information. « Ce sont les meilleurs commerciaux », explique le fondateur de Prizee, développeur de jeux faciles et gratuits sur internet.

« Nous sommes multiples et à facettes, l"Internet nous en donne la liberté », Pierre Bellanger

Le président de Skyrock Pierre Bellanger nous fait part de sa vision des jeunes et du web.


Quel est votre opinion sur le web par et pour les jeunes d'aujourd'hui ?
PIERRE BELLANGER : "La nouvelle génération n"a pas aujourd"hui des attentes ou un comportement différent des publics plus adultes. L"Internet est aujourd"hui intégré à la vie de tous. Sur skyrock.com, la nouvelle génération créative s"exprime et se fait de nouveaux amis. Le blog est un moyen formidable de se faire connaître et de partager ses centres d"intérêts sans pour autant avoir à dévoiler son identité."

Comment définissez-vous l'identité multiple des jeunes ? Et que pensez-vous de l'identité virtuelle qu'offrent les réseaux sociaux ?
Là aussi, les adultes jeunes ne différent pas des autres : chacun à plusieurs dimensions et plusieurs cercles relationnels différents. On peut tout à la fois participer au cercle d"amis de sa chorale et à celui d"un jeu vidéo sur Internet. Nous sommes multiples et à facettes, l"Internet nous en donne la liberté. Nombreux sont ceux qui ont plusieurs blogs très différents.

Les réseaux sociaux, sont-ils selon vous épanouissant et enrichissant pour les jeunes ? Quels défauts leurs trouvez-vous, voire qu'est-ce qui vous répugne ?
Plus une personne est en relation avec d"autres plus sa possibilité d"émancipation, de libre arbitre, d"esprit critique s"accroît. L"Internet est le plus grand levier d"échange entre tous jamais créé. Les réseaux sociaux sont le formidable outil de cette productivité sociale. Maintenant le danger sur certains réseaux sociaux est l"illusion d"intimité entre amis. Ce qui est publié sous votre nom est public, les soi-disant critères de confidentialité ne sont pas une vraie protection. Il faut donc s"organiser avec une expression publique et une expression privée. Comme dans la vie. L"Internet n"est pas différent.


L'immense succès des jeunes entrepreneurs du net
Cinq jeunes entrepreneurs web sont venus raconter leurs succès. Parmi eux, nous avons rencontré le créateur de Vie de merde (VDM), Maxime Valette, 22 ans. Son site, qui est désormais mondial, invite les internautes à poster les pires moments de leurs journées avec humour. Le jeune entrepreneur nous raconte comment ce succès lui est « tombé dessus » et illustre les formidables capacités des jeunes entrepreneurs qui n"ont pas peur de se lancer.

"Ca m'est tombé dessus comme ça !", Maxime Valette, 22 ans, créateur de Vie de merde (VDM)

«J"ai monté ma première entreprise à l"âge de 15 ans. C"était une boîte de ventes de noms de domaines. A mes 18 ans j"ai eu mon bac. Mon associé est devenu ingénieur informatique et j"ai revendu ma boîte pour pouvoir déménager de chez mes parents. Nous nous sommes alors concentré sur la création de VDM qui a vu le jour en janvier 2008. A l"origine ce n"était même pas une idée. J"étais sur des forums de discussion avec des amis et nous avons créé un salon de discussion entre nous qui s"appelait VDM. C"est une abréviation de "Vie de merde" qu"on a créée pour aller plus vite et qu"on écrivait à la fin des anecdotes qu"on se racontait.

Fin janvier 2008 on les a archivées sur un site : viedemerde.fr, c"était la première version. On en a parlé à des amis et c"est devenu viral très vite. En un mois on avait 1.000 visites par jour. Au fur et à mesure les gens ont voulu participer alors que ce n"était qu"un blog perso entre amis. Début février 2008 on a développé le site et là le buzz est parti dans les médias dès le début. En mars 2008, on était à 100.000 visites par jour sans aucun plan média. Ca nous est tombé dessus comme ça. Et en avril 2008, on est passés au Grand journal de Canal + ce qui a doublé le nombre de visites.

Aujourd"hui on est à 650.000 visites par jour pour un chiffre d"affaire en 2009 de 280.000 €, pour la France (les chiffres mondiaux ne sont pas encore disponibles). On a lancé le site en anglais sous le nom « FMy life ». Et ça marche encore mieux qu"en France avec deux millions de visites par jour. C"est un concept universel. Depuis le lancement on a reçu 1,3 million de posts sur VDM et 3 millions sur FML. On passe la journée à les trier avec un ‘Community manager" et jusqu"ici on en a validé et publié 13.000. Celles qu"on écarte ne sont pas drôles, d"autres sont déjà passés et d"autres se libèrent et se soulagent mais on ne les publie pas. Il y a beaucoup d"autocensure donc ça reste toujours bon enfant. Peut-être que tout n"est pas vrai mais beaucoup de gens s"y reconnaissent et on se dit qu"un tel enchaînement d"événements peut arriver. »

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