Facebook et Instagram critiqués pour avoir censuré la une du magazine "Télérama" sur la grossophobie
Des militantes contre les discriminations envers les personnes grosses dénoncent régulièrement une "invisibilisation" de leurs corps sur ces réseaux.
Cachez ce bourrelet que Mark Zuckerberg ne saurait voir. Les réseaux sociaux Facebook et Instagram ont été critiqués depuis jeudi 6 février pour avoir retiré de leur plateforme des publications d'internautes partageant la une du dernier numéro du magazine Télérama, consacré à la question de la grossophobie. La première page du périodique, sur lequel s'affiche le titre "Pourquoi on rejette les gros ?", présente une photo de la DJ et militante Leslie Barbara Butch, qui pose nue pour le photographe Jérôme Bonnet.
« Ces femmes nous disent qu’elles existent, en dehors de stéréotypes genrés et fantasmés qui ne correspondent pas du tout à la réalité des êtres humains. En effet, le corps est politique ! »https://t.co/pPybwc8aCs pic.twitter.com/MRLwHSKu8u
— Télérama (@Telerama) February 5, 2020
Si le magazine a pu publier sans problème sa couverture sur ses différentes pages officielles, plusieurs internautes, à commencer par le modèle elle-même, ont vu leurs comptes suspendus en raison d'atteintes aux règles concernant la nudité.
"Trop de peau pour les réseaux sociaux"
"Les algorithmes de Facebook, Instagram et consorts n'aiment pas la nudité, même quand elle n'a rien de pornographique", a déploré Télérama sur son site internet, rappelant que la photo mise en cause "ne montre ni sexe ni téton, évidemment, mais beaucoup de peau. Trop, apparemment, pour les réseaux sociaux". Le magazine précise que le compte Instagram de Leslie Barbara Butch a été remis en ligne après sa suspension, "uniquement parce que [l'activiste] avait une connaissance chez Instagram France". Mais le journal ajoute que d'autres internautes qui tentaient de l'imiter n'ont pas eu cette chance.
Télérama a relayé l'appel de Leslie Barbara Butch à protester contre la politique de publication d'Instagram et de Facebook en invitant ses lecteurs à partager la une de son dernier numéro en l'accompagnant des mots-dièses #barbarabutchchallenge et #niquelagrossecensure. Ce qu'a par exemple fait l'autrice féministe à succès Virginie Despentes.
Voir cette publication sur Instagram
Contacté par plusieurs médias, un porte-parole d'Instagram explique : "Nous souhaitons qu'Instagram soit un endroit inclusif où tout le monde se sente assez à l'aise pour être lui-même. Le contenu a été retiré par erreur et nous en sommes désolés. Il a depuis été rétabli". Mais, comme le rappelle une militante anti-grossophobie sur Twitter, Instagram et Facebook sont des récidivistes en la matière et s'illustrent régulièrement en supprimant des photos de personnes grosses, sans susciter une telle émotion.
Perso, dernièrement, j'ai eu des photos postées il y a 2 ou 3 ans qui ont sauté, ss téton ni sexe apparent, juste des bourrelets. En ce qui me concerne, c'est aussi du travail d'écriture qui s'envole. Vu comme ça se durçit, vais devoir tout backuper avant qu'il n'en reste + rien.
— Amazing Graisse ✨ (@theutoptimist) February 7, 2020
Et quid de l'isolement quand FB nous interdit l'accès à nos pages pour avoir montré nos corps trop mous et trop laids pour sa ligne édito ? D'abord 24h, ensuite 3 jours, puis 1 semaine, 2 semaines, 1 mois... Vous êtes OÙ, pour toustes celleux à qui ça arrive, le reste du temps ?
— Amazing Graisse ✨ (@theutoptimist) February 7, 2020
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