L'origine des "fake news" est "une pulsion humaine de vouloir être maître et relais d'une nouveauté"
Julien Cadot, rédacteur en chef de Numerama, est revenu, jeudi pour franceinfo, sur l'étude publiée par la revue "Science" révélant que les "fake news" qui vont le plus vite sont celles propagées par des petits comptes.
Les fausses informations ou "fake news" circulent plus rapidement sur internet que les vraies informations, selon une étude, publiée jeudi 8 mars, par la revue américaine Science. Elle révèle que "les fausses informations qui vont le plus vite sont celles qui sont propagées par des petits comptes", a expliqué Julien Cadot, vendredi 9 mars sur franceinfo. Le rédacteur en chef de Numerama a poursuivi sa démonstration en indiquant que les petits comptes partagent les "fake news" "à leur petite communauté et qui du coup se répandent de petite communauté en petite communauté".
franceinfo : Avez-vous été surpris par les résultats de l'étude publiée par "Science" ?
Julien Cadot : Non, pas surpris par les résultats en eux-mêmes. Ils prouvent ce qu'on a pu observer ces deux ou trois dernières années sur les réseaux sociaux. En revanche, ce qui surprend un peu plus, c'est l'analyse qui se focalise vraiment sur les humains et pas sur les robots, les "bots". Elle montre que ces robots ont un rôle bien moins important dans la propagation des "fake news" que la vanité des humains qui aiment utiliser de fausses informations pour leur nouveauté.
Ce qu'on découvert les chercheurs, c'est que la propagation des "fake news" est davantage le fait des êtres humains que des robots ?
C'est ça. Les déclencheurs qu'ont découverts les chercheurs, c'est une pulsion tout à fait humaine de vouloir être maître et relais d'une nouveauté, d'une information qui n'est pas en phase avec le canon, avec ce qu'on sait ; bref, d'une information qui paraît étrange, ou qui peut être absurde et qui procure une sensation presque de fierté ou de reconnaissance sociale sur les réseaux sociaux. C'est ça qui a été pointé du doigt.
L'étude montre également que ce ne sont pas forcément les comptes qui ont le plus d'abonnés qui propagent de manière massive ces "fake news". Est-ce bien cela ?
Oui, c'est ça. Cette étude est aussi très intéressante parce qu'elle minimise l'importance des comptes d'influenceurs, de personnes qui auraient un intérêt, peut-être, à diffuser une fausse information, comme on a pu le voir dans des périodes électorales notamment. Elle montre que les fausses informations qui vont le plus vite sont celles qui sont propagées par des petits comptes, qui les partagent à leur petite communauté, et qui du coup se répandent de petite communauté en petite communauté.
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