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Projet Pegasus : la proximité entre Viktor Orban et Benyamin Nétanyahou a eu un rôle "évident" dans l'acquisition du logiciel, selon un journaliste

Selon Jean-Baptiste Chastand, correspondant du journal "Le Monde" en Europe centrale, les relations entre le Premier ministre hongrois et l'ancien Premier ministre israélien ont facilité l'accès de la Hongrie au logiciel de surveillance développé par la firme israélienne NSO.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors du deuxième jour du sommet européen, le 25 mai 2021, à Bruxelles. (JOHANNA GERON / AFP)

Les relations entre Viktor Orban et Benyamin Nétanyahou ont-elles permis à la Hongrie d'accéder plus facilement au logiciel de surveillance Pegasus, vendu par l'entreprise israélienne NSO ? C'est "évident" pour le journaliste Jean-Baptiste Chastand, interrogé lundi 19 juillet sur franceinfo. Le correspondant régional du Monde en Europe centrale a estimé que le Premier ministre hongrois et l'ancien Premier ministre israélien "sont toujours très proches politiquement".

Le Consortium international créé par Forbiden Stories, auquel participent la cellule investigation de Radio France et Le Monde, a révélé que ce logiciel, initialement développé pour permettre aux agences gouvernementales de lutter contre le terrorisme et le crime, était utilisé notamment par la Hongrie pour espionner des journalistes, des hommes d'affaires et des militants.

franceinfo : Quelles sont les réactions après les révélations sur l'utilisation du logiciel Pegasus en Hongrie ?

Jean-Baptiste Chastand : C'est très intéressant parce qu'on voit, des deux côtés de la barrière, des réactions très différentes. Dans les médias indépendants et d'opposition, c'est un scandale national. Tout le monde est indigné. Mais dans les médias proches du pouvoir, voire contrôlés par le gouvernement, on ne couvre quasiment pas l'affaire. On n'en dit rien ou on en fait de petites dépêches au fin fond des sites internet. Du côté des politiques, on a vu le maire de Budapest qui veut se présenter aux élections l'année prochaine dire qu'il était indigné. On a vu plusieurs représentants de l'opposition dire qu'ils voulaient convoquer le Comité national de sécurité - une commission parlementaire qui surveille les renseignements - pour leur demander de s'expliquer. On a vu aussi d'autres leaders dire plus ou moins que ça pouvait leur rappeler la période communiste. On sait que les services communistes ont été amenés à écouter beaucoup d'opposants en Hongrie.

Ces écoutes visant notamment cinq journalistes sont-elles révélatrices de ce qu'il se passe dans ce pays ?

Il y a beaucoup de Hongrois qui pensaient déjà qu'il y avait des services de surveillance mais personne n'avait jamais eu la preuve de l'ampleur de ce qui pouvait exister et nos révélations ont permis de confirmer ça. Elles ont surtout permis de confirmer que les gens qui peuvent inquiéter le pouvoir de Viktor Orban appartiennent en priorité à des médias. C'est pour ça d'ailleurs que, depuis qu'il est au pouvoir, il a limité drastiquement la liberté de la presse en faisant racheter des médias indépendants par des gens proches de lui. Pour lui, ce que les médias peuvent publier est très stratégique, parce qu'il sait que c'est dans les médias que peuvent se faire des élections.

Comment la Hongrie justifie-t-elle ces mises sur écoute ?

Le pouvoir hongrois n'est, pour l'instant, jamais rentré dans les détails, ni avec nous, ni dans sa réaction d'aujourd'hui. On ne sait donc toujours pas vraiment dans quelle mesure il pouvait recourir à ce service. Il n'a jamais essayé de justifier, en expliquant dossier par dossier pourquoi ces personnes avaient pu être mises sur écoute. Nous n'en savons donc rien du tout. Pour l'instant, il attaque tout le projet en disant que nous sommes manipulés par des services de renseignements étrangers et qu'il va ouvrir une enquête là-dessus.

La proximité politique entre Viktor Orban et l'ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou explique-t-elle l'acquisition du logiciel par la Hongrie ? Rappelons que NSO, l'entreprise créatrice de Pegasus, est israélienne.

Le rôle de cette proximité est évident, parce qu'on a vu que c'était après une visite très remarquée de Benyamin Netanyahou à Budapest en 2017 puis une autre visite en retour d'un conseiller de Viktor Orban à Tel-Aviv que le service Pegasus a commencé à être lancé en Hongrie. On sait que les deux hommes sont toujours très proches politiquement parce qu'ils sont représentants de la droite dure au niveau mondial et c'est quelque chose qui a pu peser.

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