Existe-t-il vraiment 28 000 études qui prouvent la non-nocivité des ondes téléphoniques sur la santé, comme l'affirme Cédric O ?
En plein débat sur la 5G, le Secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique affirme que de très nombreuses études prouvent depuis des années l'absence d'effet sur la santé des radiofréquences. C'est vrai, mais on ne peut pas en tirer de conclusion formelle pour la 5G.
"Il y a eu 28 000 études depuis 1950 dans le monde, il n'a jamais été avéré qu'il y avait des effets sanitaires des ondes téléphoniques en dessous des seuils minimum d'exposition", a déclaré le secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique, Cédric O, interrogé lundi 21 septembre sur Public Sénat à propos du projet de déploiement de la 5G en France. Cédric O a raison quant au nombre d'études réalisées sur les radiofréquences. En revanche, on ne peut pas utiliser complètement cet argument pour prouver le caractère prétendument inoffensif de la 5G.
Plus de 28 000 études depuis 1950...
Un rapport commandé par le gouvernement a été rendu public mi-septembre concernant le déploiement de la 5G en France. Intitulé "Déploiement de la 5G en France et dans le monde : aspects techniques et sanitaires", ce rapport interinspections évoque effectivement un "grand nombre d’études publiées depuis les années 1950, en France et dans le monde, sur les effets des radiofréquences sur la santé". Les rapporteurs évoquent notamment l'existence d'un portail internet recensant tous les travaux menés sur la question. Ce site internet https://www.emf-portal.org/en "comporte plus de 28 000 études publiées en anglais ou en allemand dans des revues à comité de lecture, dont 4 600 ont trait spécifiquement à la téléphonie mobile", indique le rapport.
... Seulement 175 parlent de la 5G
La ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, interrogée mardi 22 septembre sur franceinfo, a laisser entendre qu'il s'agissait de conclusions portant sur la 5G. "A ce stade, ce qu'on sait, sur la base de 28 000 études, sur la base du déploiement dans 22 pays, des pays qui ont à cœur la santé de leurs concitoyens, les pays scandinaves, le Japon, c'est qu'il n'y a pas d'impact des ondes", a-t-elle expliqué. Pourtant, ces milliers d'études portent sur les radiofréquences en général, et non sur la technologie 5G en particulier. Le rapport commandé par le gouvernement l'indique lui-même : "Compte tenu de son déploiement récent ou à venir, les études concernant spécifiquement les effets de la 5G sur la santé sont rares, et les expertises mobilisent principalement les données existantes sur les fréquences proches". Le portail https://www.emf-portal.org/en ne recense pour sa part que 175 études évoquant directement la technologie 5G. L'une d'entre elle portant notamment sur les effets des ondes électromagnétiques sur les enfants indique par exemple que "les effets à long terme de la 5G sur la santé des enfants ne sont pas établis" et que "l'impact des technologies 5G sur les enfants n'a jamais été évalué."
Des "logiques" différentes d'interprétation
Sur Public Sénat, Cédric O invoque bien ce rapport commandé par le gouvernement pour prouver qu'il "n'a jamais été avéré qu'il y avait des effets sanitaires des ondes téléphoniques en dessous des seuils minimum d'exposition". Pourtant, ce rapport est un peu plus mesuré que le laisse entendre le secrétaire d'Etat. Concernant les effets sur la santé des ondes électromagnétiques, "il n'existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d'effets néfastes avérés à court terme, en-dessous des valeurs limites d'exposition recommandées", écrivent effectivement les auteurs. Mais ils indiquent également que "s'agissant du passage à la 5G (...), une des questions métholologiques importantes est donc celle de la possibilité d'extrapoler ou pas les connaissances pour ces fréquences proches".
Les auteurs du rapport expliquent ainsi que les différentes agences sanitaires des pays ayant entamé le déploiement de la 5G aboutissent globalement à "trois logiques" différentes. Certaines agences "considèrent que l’absence d’effets sanitaires démontrés des radiofréquences en général s’applique de facto à la technologie 5G". D'autres "considèrent qu’il existe des enjeux liés à la 5G mais qu’il est possible d’extrapoler les résultats issus des travaux sur les 2G, 3G et 4G". Tandis que les agences notamment allemande, coréenne, suédoise, suisse et australienne, "considèrent que la technologie 5G diffère suffisamment des technologies précédentes pour qu’il soit nécessaire, au moins s’agissant des ondes millimétriques, d’aller au-delà des études réalisées sur les technologies 2G, 3G et 4G".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.