"On est de plus en plus entravés" : certains Français ont fait le choix de vivre sans téléphone portable
À l'occasion de la journée mondiale sans téléphone portable, franceinfo a rencontré Jean-Noël Lafargue, un Parisien qui vit sans téléphone portable, comme un actif sur 20 en France.
On le consulte en moyenne 210 fois chaque jour. Le smartphone est devenu indispensable pour de nombreux Français, créant même une situation de dépendance pour 70% des utilisateurs, selon l'UFC-Que Choisir.
Jean-Noël Lafargue fait partie de ceux qui font encore de la résistance. Pour le retrouver dans les rues de Paris, mieux vaut prendre ses précautions et se renseigner sur la tenue vestimentaire de ce quinquagénaire. "Je suis obligé d’être ponctuel mais ça oblige mes correspondants à être ponctuels eux aussi", s'amuse Jean-Noël Lafargue, bonnet bleu sur la tête. "Les gens qui ont un téléphone s’autorisent à être en retard, remarque ce Parisien. Ça m’amuse aussi de voir des gens avec un téléphone mentir sur l’endroit où ils sont alors qu’on est à côté d’eux et qu'on voit que ce n’est pas vrai."
Expert en technologies... sans téléphone
Vivre sans téléphone portable est pourtant un comble pour ce professeur dans les nouveaux médias qui développe des applications. "Quand les gens commençaient à s’équiper de téléphones, moi j’étais déjà sur internet, se souvient-il. Quand le smartphone est arrivé, j’aurais pu me le payer sans problème mais ça ne m’intéressait pas plus que ça. C'est plutôt le monde qui change que moi, mais je n'ai pas l'impression d'être en résistance face à quelque chose", conclut-il.
Ce choix lui permet de "se retrouver" avec lui-même, assure Jean-Noël Lafargue. "Quand je me balade, j’aime bien être avec mes pensées et ne pas être connecté à quelque chose, ne pas pouvoir être joint", explique-t-il.
Disparaître un peu du radar, c’est agréable et c’est peut-être un luxe aujourd'hui.
Jean-Noël Lafargueà franceinfo
Vivre sans téléphone portable peut aussi confronter Jean-Noël Lafargue à des situations cocasses au quotidien. "Le premier problème que j'ai eu, en n'ayant pas de portable, ce sont les digicodes. Parce que quand on est invité à une soirée à Paris, les gens s’attendent à ce qu'on soit devant leur porte et qu'on les appelle pour demander le digicode. C’est donc à moi de penser à le demander à l’avance", souligne-t-il.
Sans téléphone portable, le professeur de 52 ans en profite aussi pour observer le comportement des utilisateurs de téléphones. "On est de plus en plus entravés, analyse-t-il. Un ami me disait que c'est le snobisme geek ultime de ne pas avoir de téléphone." En tout cas, Jean-Noël Lafargue n'a toujours pas le projet d'en acquérir un.
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