Jean-Marc Ayrault appelle "à l'effort national" mais "refuse l'austérité"
Lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale cet après-midi, le Premier ministre a dessiné les réformes qu'il compte mener avec son gouvernement au cours du quinquennat. L'essentiel.
Pendant l'heure et demie de cet exercice rituel de la Ve République qu'est le discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault a rappelé, martelé et parfois bafouillé le plan de son gouvernement autour des trois priorités de la campagne de François Hollande : "la jeunesse, l'emploi et la sécurité".
Régulièrement interrompu par des huées modérées et des applaudissements, et même par le malaise du député PS de l'Hérault Patrick Vignal, le Premier ministre a rappelé le contexte de "crise sans précédent, qui menace de nous faire perdre ce que le siècle passé nous a légué : notre modèle social et républicain". Et souhaité que "les Françaises et les Français retrouvent le sens du combat commun".
• Plusieurs grandes conférences et concertations
Sur le calendrier, Jean-Marc Ayrault a annoncé la tenue d'une grande conférence sociale dès le début de l'été. "Tout sera mis sur la table" a-t-il martelé, énumérant "l'emploi et particulièrement celui des jeunes, la formation, le développement des compétences, les rémunérations, l'égalité professionnelle et la qualité de vie au travail, le redressement productif national, le rôle de nos services publics ou encore l'avenir de nos retraites".
A la tribune, Jean-Marc Ayrault a appelé entrepreneurs et décideurs à se "mobiliser" pour garder l'activité dans notre pays : "Au-dessus de l'argent que l'on gagne, il y a ce sentiment plus fort que procurent l'estime et la reconnaissance de nos concitoyens."
• La réforme fiscale au cœur du "changement"
S'inscrivant "en faux" contre le tournant de la rigueur qui lui est prêté depuis quelques jours, le chef du gouvernement a confirmé les hausses d'impôts, notamment sur "les grosses fortunes", dans le collectif budgétaire présenté dès mercredi 4 juillet en Conseil des ministres. Si la hausse de la TVA au 1er octobre, programmée par le précédent gouvernement, sera annulée, ce texte prévoit notamment de taxer les grands groupes bancaires et pétroliers.
Le reste de la réforme fiscale, dont une nouvelle tranche d'impôts sur le revenu à 45% et celle à 75% pour les revenus supérieurs à un million d'euros annuels, sera développée à l'automne lors de l'étude du budget 2013, mais le Premier ministre en a dessiné les principaux traits, dont "les revenus du capital (qui) seront imposés au même niveau que ceux du travail". Et de lancer, fermement : "J'appelle à l'effort national mais je refuse l'austérité !"
Néanmoins, le gouvernement a vu à la baisse ses prévisions de croissance, à 0,3% pour 2012, soit 0,4 point de moins que l'estimation du gouvernement Fillon et 0,1 point en deçà de celle sur laquelle François Hollande avait construit son programme. Pour 2013, le gouvernement attend 1,2% de croissance, contre 1,7% programmés jusqu'à présent.
• Faire bouger les lignes à l'international
Quant aux relations à l'internationale, Jean-Marc Ayrault a promis "une véritable diplomatie économique" promouvant "le principe du juste échange". Et d'expliquer, pique à peine déguisée à la droite : "Le laisser-faire, le laisser-aller, c'est le contraire de la philosophie de mon gouvernement." Tout en se félicitant que l'élection de François Hollande le 6 mai dernier ait "fait bouger les lignes", notamment via l'accord signé à Bruxelles vendredi 29 mai. Et de renouveller la promesse du nouveau président de présenter au Parlement toutes les décisions prises au cours de ce sommet.
Sur la Syrie, le chef du gouvernement a appelé à la transition "qui passe par le départ de Bachar Al-Assad". Et dénoncé "les forces le plus obscurantistes" à l'œuvre à Tombouctou (Mali), où des islamistes d'Ansar Dine détruisent depuis le 30 juin des mausolées classés au patromoine mondial de l'Unesco.
• "Une société sobre et efficace"
Dans le cadre de la construction de la "société sobre et efficace" souhaitée par son gouvernement, Jean-Marc Ayrault a annoncé que "les pénalités pour les communes ne respectant pas la loi SRU seront multipliées par cinq" tandis que "tous les terrains vacants de l'Etat" seront mis à disposition pour les logements sociaux. Enfin, Jean-Marc Ayrault a réitéré la promesse de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité en France de 75% à 50% à l'horizon 2025. Mais aussi celle d'ouvrir le mariage et l'adoption aux personnes du même sexe "au cours du premier semestre 2013".
Côté institutions, "une part de proportionnelle sera introduite pour la prochaine législature", "le droit de vote sera accordé aux étrangers résidant en situation régulière depuis au moins cinq ans pour les élections municipales", a annoncé l'ancien maire de Nantes. "Après les consultations nécessaires", il promet aussi de présenter un projet de loi "oublié durant la précedante législature" sur la moralisation de la vie politique, ainsi que l'instauration du non-cumul des mandats pour 2014.
Sur la politique migratoire, Jean-Marc Ayrault a confirmé l'absence de régularisation massive des étrangers sans papiers, mais a promis "qu'aucun enfant, aucune famille ne serait placé en centre de rétention".
"Nous voulons installer le changement dans la durée", s'est justifié le Premier ministre après une grande tirade, critique en creux de la méthode Sarkozy : "Je sais qu'on ne va jamais assez vite lorsqu'il s'agit de corriger les injustices et de protéger des souffrances. Et je sais surtout que les lois bâclées ne sont jamais appliquées !"
"Ce sera difficile, mais nous réussirons !", a conclu le Premier ministre, qui a achevé son discours sur cette envolée : "Aucune agence ne notera jamais notre rêve, parce qu'il ne relève que de votre confiance et de celle des Français."
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