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La tonitruante entrée en campagne du président-candidat Sarkozy

S'il a su saturer l'espace médiatique pendant toute la semaine, le chef de l'Etat n'a pas évité quelques écueils.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Nicolas Sarkozy quelques minutes avant son discours à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 19 février 2012. (PHILIPPE WOJAZER / AFP)

Une déclaration de candidature, un slogan, une affiche, un site internet, un premier grand meeting… En quelques jours, Nicolas Sarkozy est parvenu à saturer l'espace médiatique pour son entrée dans la course à la présidentielle. Ce début de campagne est-il pour autant réussi ? Pour y répondre, FTVi revient sur les principaux événements qui ont marqué ces derniers jours.

• Vendredi 10 février : la "timeline" Facebook

Les faits. C'est le premier signe de l'accélération de son entrée en campagne : vendredi 10 février, Nicolas Sarkozy lance sa "timeline" Facebook. Il y publie les grandes dates de sa carrière et de nombreux albums photos le montrant "proche du peuple"

Les réactions. S'il salue une démarche novatrice - "un travail de dentelle et d'orfèvre", selon Benoît Thieulin, responsable de La Netscouade, une agence proche du Parti socialiste -, le web note surtout le fait que de nombreux épisodes controversés ont été éludés. Rien sur l'année 1995, lors de laquelle Jacques Chirac avait été élu, alors que Nicolas Sarkozy soutenait Edouard Balladur. Et concernant le quinquennat, rien non plus sur le bouclier fiscal ou le discours très controversé de Grenoble.

• Mercredi 15 février : le compte Twitter

Les faits. L'offensive numérique continue mercredi 15 février : à quelques heures de son intervention télévisée, "@NicolasSarkozy" lance son compte Twitter. Dimanche 19 février, il comptait déjà près de 90 000 abonnés et 125 tweets.

Les réactions. "C'est un moyen direct et d'interpellation. Donc je trouve ça chouette", s'enthousiasme sa nouvelle porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet. A l'UMP, nombreux sont ceux qui ont fait remarquer que Nicolas Sarkozy n'a eu besoin que de quelques jours pour avoir un nombre de "followers" très élevé, alors que "@fhollande" a mis plusieurs mois pour compter aujourd'hui plus de 160 000 abonnés. 

• Mercredi 15 février : la déclaration officielle sur TF1

Les faits. A 66 jours du premier tour, Nicolas Sarkozy choisit le journal de 20 heures de TF1 pour officialiser son souhait de briguer un second mandat. Se présentant une nouvelle fois en "capitaine de bateau dans la tempête", il estime que "le fait de ne pas solliciter à nouveau la confiance des Français, ce serait comme un abandon de poste". Et de s'attaquer longuement à son principal rival, François Hollande : "Je comprends qu'il me critique, mais il n'a pas des idées à mettre sur la table ?", déplore-t-il notamment. 

Les réactions. Sur la forme, "on a senti un président extrêmement sobre et parfois même presque hésitant", analyse le politologue Gaël Sliman, de l'institut BVA. "Une entrée assez hybride, en demi-teinte", pour le communicant Jean-Luc Mano. Et sur le fond, ses adversaires principaux pointent le manque de nouveauté et d'introspection de cette déclaration. "Tout ça pour ça", s'agace Eva Joly. "C'étaient exactement les mêmes mots, les mêmes phrases, les mêmes exemples, la même chanson qu'on a entendus depuis des mois et des mois", résume François Bayrou.

 • Jeudi 16 février : le slogan et l'affiche

Les faits. Au lendemain de sa déclaration, l'entourage de Nicolas Sarkozy dévoile son slogan - "La France forte" - et son affiche de campagne. "Étonnamment, ce slogan très simple n'avait jamais été utilisé nulle part", souligne son conseiller en communication, Franck Louvrier. 

Les réactions. Jamais utilisé nulle part ? Très vite, le site Slate.fr exhume une affiche de campagne de Valéry Giscard-d'Estaing, qui estimait en 1981 qu'"il faut une France forte". Un slogan également repris par Raymond Barre et Jacques Chirac en 1988, comme le montre le site du Nouvel Obs dans un montage vidéo. Quant à l'affiche de campagne, sur laquelle Nicolas Sarkozy pose devant une mer calme au lever du soleil, elle est aussitôt détournée par des centaines d'internautes.

Sur FTVi, le professeur François Jost pointe notamment un regard qui "donne l'impression d'être plus dans la réflexion intérieure que dans la détermination véritable", et une ambiguïté "dangereuse" dans la couleur du paysage : "Est-ce qu'on est au crépuscule d'un quinquennat ou à l'aube d'un autre ?"

• Jeudi 16 février : le meeting d'Annecy

Les faits. Pour sa première sortie en tant que candidat, Nicolas Sarkozy choisit Annecy (Haute-Savoie), où il s'offre un bain de foule en centre-ville et une rencontre plus intime avec des habitants et commerçants dans une brasserie, avant de tenir un meeting devant quelque 3 500 personnes. Reconnaissant d'abord avoir "commis des erreurs", le président-candidat s'attache surtout à attaquer François Hollande, qu'il accuse de "mentir matin et soir aux Français"

Les réactions. Le candidat socialiste ne tarde pas à lui répondre. Invité de TF1, il rejette "des attaques qui n'ont pas de sens quand il y a en plus falsification, caricature et manipulation". "Nicolas Sarkozy n'a pas tenu compte des salariés qui ont dû tout payer pendant que les plus riches avaient accès aux cadeaux fiscaux (…). Et aujourd'hui, on nous fait le coup de la découverte du peuple ?", s'interroge dans le même temps Ségolène Royal, en réaction à la volonté de Nicolas Sarkozy de "redonner la parole au peuple", notamment à travers un recours plus fréquent au référendum.

• Samedi 18 février : l'inauguration du QG

Les faits. Même s'il assure vouloir "faire une campagne de terrain et pas une campagne de bureau", Nicolas Sarkozy se rend à l'inauguration de son QG de campagne, situé dans le XVe arrondissement de Paris. Pour mieux détacher le candidat du président, il s'y rend vêtu d'un simple col roulé, il arrive à pied et fend la foule venue le saluer.

Les réactions. La mise en scène est soignée, et le public nombreux. Mais une petite phrase éclipse le reste : Nicolas Sarkozy estime en effet que "le XVe est un quartier de classes moyennes", alors même qu'il fait partie des arrondissements les plus riches de la capitale. "Il a décidément une drôle de conception des classes moyennes", ironise notamment le député socialiste de Paris et membre de l'équipe de campagne de François Hollande, Jean-Marie Le Guen. Le politologue Gaël Sliman, lui, y voit un candidat qui "surjoue la décontraction".

• Dimanche 19 février : le meeting de Marseille

Les faits. Pour clôturer sa semaine d'entrée en campagne, Nicolas Sarkozy se rend à Marseille, dimanche 19 février, pour y tenir son premier grand meeting de campagne. "Ordre", "autorité", "morale"… Devant 10 000 à 15 000 sympathisants, il délivre sa vision de la France, recentrée sur ses "valeurs", dans un discours de moins d'une heure. Il n'y fait que très peu d'annonces, se disant ouvert à une dose de proportionnelle "à la marge" aux législatives et favorable à une réduction du nombre de députés et sénateurs, et attaque à nouveau frontalement François Hollande et la gauche, qu'il accuse de "mensonge", de "facilité" ou encore de "démagogie".

Les réactions. Sans tarder, le candidat socialiste accuse le chef de l'Etat de faire "campagne avec violence, avec agressivité". "Ça me fait penser à un match de boxe, où on se dit qu'à force de donner des coups vraiment forts, on va réussir à secouer celui qui est en face", confirme le politologue Bernard Sananès, PDG de l'institut CSA. Quant à Marine Le Pen, elle ne voit dans ce discours que "des mots, toujours des mots", allant jusqu'à chanter du Dalida sur i-Télé

• Et maintenant ?

Cette séquence désormais close, tout le monde va chercher à savoir si cette entrée en campagne impulse le nouveau souffle dans les sondages que tout le monde, à droite, attend depuis plusieurs mois. Quelque 5 000 personnes sont attendues pour un nouveau meeting prévu jeudi à Lille. Samedi, c'est au monde agricole qu'il s'adressera en inaugurant le 49e Salon de l'agriculture. Et les visites de terrain ne devraient pas manquer de se multiplier.

Ses proches ont en tout cas été prévenus par le chef de l'Etat lui-même : "On va commencer à fond et on va accélérer chaque semaine ! Ce ne sera pas du mardi au mercredi, mais du lundi matin au dimanche soir !"

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