L'investiture de Hollande, critique en creux de Sarkozy
Dès son premier discours de président de la République lors de la cérémonie d'investiture, le socialiste a voulu rompre avec le style de son prédécesseur.
François Hollande est officiellement devenu, mardi 15 mai, le 7e président de la Ve République. A l'occasion de sa cérémonie de passation de pouvoirs avec le président sortant, Nicolas Sarkozy, il a marqué la première étape du "changement", en rompant avec le style de son prédécesseur.
Une cérémonie "sobre"
Le président élu le 6 mai a souhaité une passation de pouvoirs et une investiture "sobre". Dès son élection, le socialiste avait marqué sa différence, décidant notamment de se mettre au travail immédiatement, là où son prédécesseur s'était accordé un court répit (trois jours de vacances sur un yacht), héritant du qualificatif "bling bling" duquel il peinera à se débarrasser.
Pour ce qui est de la cérémonie d'investiture, Nicolas Sarkozy avait convié sa famille recomposée. François Hollande, lui, ne s'est entouré que de sa compagne, Valérie Trierweiler, voulant aussi séparer l'intime de l'officiel. Une position qui se retrouve dans son souhait de continuer de résider dans son appartement du 15e arrondissement de Paris, plutôt qu'à l'Elysée. Dans sa liste constituée d'une trentaine d'invités personnels ont figuré notamment les cinq anciens Premiers ministres socialistes, une délégation restreinte de parlementaires corréziens et des prix Nobel.
Un discours "d'apaisement"
Pour son premier discours à l'Elysée, François Hollande a voulu adresser un "message de confiance" aux Français, en dépit du "poids des contraintes" de sa charge, à commencer par une "dette massive".
Il s'est d'emblée démarqué de la pratique du pouvoir de son prédécesseur, souvent décrit comme un"hyperprésident" : "Je fixerai les priorités, mais je ne déciderai pas" de tout, "pour tout et partout", a-t-il prévenu. Il avait répété, durant sa campagne électorale, qu'il ne serait ni chef de gouvernement ni chef de majorité. "Le pouvoir sera exercé au sommet de l'Etat avec dignité et simplicité", a promis le nouveau président, soulignant que la France avait besoin "d'apaisement, de réconciliation". En creux, une critique de Nicolas Sarkozy, qu'il avait accusé, dans la dernière ligne droite de la campagne, de "diviser" les Français.
Ce message "est très clair, très fort. C'est nous rassembler, autour de valeurs républicaines, autour d'une mission que nous devons accomplir ensemble, redresser la France dans la justice, réorienter l'Europe parce qu'elle en a besoin dans le sens de la croissance et de la protection", a déclaré Jean-Marc Ayrault sur TF1, en marge de la cérémonie d'investiture. Pressenti à Matignon, le maire de Nantes a ajouté qu'il s'agissait d'un "message formidable." "C'est nous qui pouvons redresser le pays, c'est le cap qu'il fixe, et il veut le faire et le réussir avec les Français", a-t-il assuré. "Nous", comme pour sceller le retour de la gauche au plus haut sommet de l'Etat après 17 années d'absence.
Un bain de foule après le déjeuner
A la sortie de son premier déjeuner de président à l'Elysée, en compagnie d'anciens Premiers ministres socialistes, François Hollande s'est attardé quelques minutes avec quelques dizaines de badauds, rue du Faubourg Saint-Honoré. A deux pas de l'Elysée, il est sorti de son véhicule pour serrer des mains et faire des bises, prenant un petit bain de foule impromptu. Une habitude que l'ancien président de la Corrèze n'a semble-t-il pas abandonné en accédant à la fonction suprême. Une façon d'imposer sa "normalité."
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