La BCE se prépare à secourir la zone euro
EUROPE - Selon "Le Monde", la Banque centrale européenne, en concertation avec les membres de la zone euro, serait en train d'organiser un plan de bataille pour sauver la monnaie unique.
Un plan de bataille se prépare à la Banque centrale européenne (BCE), révèle Le Monde (lien payant) vendredi 27 juillet : en concertation avec les Etats de la zone euro, elle serait en train d'organiser une opération pour sauver la monnaie unique.
"Le président de la BCE et les principaux dirigeants de la zone euro ont multiplié les contacts ces derniers jours, écrit Le Monde. Les tractations devaient se poursuivre dans la journée de vendredi." En effet, vendredi, la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande ont publié un communiqué diffusé à l'issue d'un entretien téléphonique. "La France et l'Allemagne sont fondamentalement attachées à l'intégrité de la zone euro. Elles sont déterminées à tout faire pour la protéger", assurent-ils.
• Quel est le contexte ?
Depuis quelques jours, les difficultés budgétaires de l'Espagne alimentent toutes les craintes. Les investisseurs craignent en particulier que le pays soit obligé de demander une aide globale à l'instar de la Grèce, de l'Irlande ou du Portugal. Si cela arrivait, l'Espagne pourrait entraîner dans son sillage l'Italie, déjà fragilisée, et l'ensemble de la zone euro car sa dette est colossale et le mécanisme d'aide aux pays européens n'a pas de ressources illimitées.
• Pourquoi une action de la BCE est-elle séduisante ?
Dans ce contexte, nombre d'analystes estiment que la seule planche de salut serait la BCE. L'actualité récente vient de confirmer cette idée. Jeudi 26 juillet, Mario Draghi, le président de la BCE, a déclaré : "Dans le cadre de mon mandat, la BCE sera prête à tout pour préserver l'euro. Croyez-moi, ce sera suffisant."
Pour preuve, quelques minutes après, les Bourses s'envolent : Paris clôture en très forte hausse (à 4,07%). Londres, Milan ou encore Madrid terminent aussi en nette augmentation. Au même moment, les taux d'emprunt à 10 ans baissent : ils repassent sous la barre des 7% en Espagne, contre plus de 7,5% la veille, et sous les 6% en Italie, contre plus de 6,5% quelques heures plus tôt. "Il y a une phrase importante qu'a dite M. Draghi, c'est ce 'croyez-moi, ce sera suffisant', souligne Gilles Moec, économiste à la Deutsche Bank cité par Le Monde. La BCE peut sortir un bazooka."
• Quelles sont les pistes envisagées ?
Les hypothèses vont bon train sur les mesures que l'institution monétaire de Francfort pourrait sortir de son escarcelle. Certains estiment qu'elle pourrait reprendre ses achats de dette publique sur le marché secondaire (où s'échangent les titres déjà émis), à l'arrêt depuis des mois, pour tenter de contenir l'envolée des taux espagnols.
D'autres pensent qu'elle pourrait accorder une licence bancaire au Fonds européen de stabilité financière (FESF) et à son successeur, le Mécanisme européen de stabilité (MES), pour qu'ils puissent emprunter à ses guichets et leur offrir ainsi une puissance d'action décuplée. En échange, il leur reviendrait d'intervenir sur le marché obligataire, comme cela a déjà été acté par les dirigeants européens sans que cela puisse encore être mis en pratique.
"Avec cette option, les Etats en difficultés auraient accès à un robinet quasi intarissable de liquidités", souligne Le Monde, qui rappelle qu'"à Berlin et dans les pays du Nord, ultra-orthodoxes, cette idée peut choquer : elle brise un tabou en permettant à la BCE de financer les Etats, ce qui est contraire aux traités".
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