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Les Pays-Bas sous la pression des marchés à cause de l'extrême droite

Le gouvernement, lâché par son allié islamophobe, le Parti pour la liberté, a dû démissionner lundi. Pressé de réduire son déficit, le pays risque de perdre son triple A s'il ne règle pas rapidement la crise politique.

Article rédigé par franceinfo
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Geert Wilders, chef de file du Parti pour la Liberté (extrême droite), à Amsterdam (Pays-Bas), le 23 juin 2011. Son parti a provoqué la chute du gouvernement, lundi. (ROBIN UTRECHT / ANP / AFP)

La crise politique qui secoue les Pays-Bas pourrait avoir de graves conséquences économiques. Le Premier ministre libéral néerlandais, Mark Rutte, s'est expliqué mardi 24 avril sur la chute de son gouvernement après sa démission la veille. Devant le Parlement, il a détaillé les circonstances et les conséquences de la chute de l'exécutif, après l'échec des négociations avec son allié d'extrême droite sur la réduction du déficit public. Il a notamment déclaré s'attendre à la tenue d'élections législatives anticipées le 12 septembre. 

• Que s'est-il passé ?

Geert Wilders, chef de file du Parti pour la liberté (PVV), eurosceptique et islamophobe, a quitté samedi la table des négociations avec la coalition minoritaire de centre-droit, menée par Mark Rutte, qu'il soutenait au Parlement. Il a rejeté les mesures de rigueur prévoyant notamment une légère hausse de la TVA, un gel du salaire des fonctionnaires ainsi qu'une réduction du budget alloué à la santé et à l'aide aux pays en développement.

Depuis le 5 mars, Mark Rutte, le vice-Premier ministre Maxime Verhagen, ministre de l'Economie et chef de file des chrétiens-démocrates (CDA), et Geert Wilders s'étaient réunis chaque jour ou presque pour plancher sur les mesures à prendre pour réduire le déficit public.

• 16 milliards d'économies à réaliser

Privé de son allié d'extrême droite, le gouvernement va devoir chercher le soutien d'autres partis pour son programme de coupes budgétaires. Et le temps presse puisque, comme ses homologues européens, le ministre des Finances, Jan Kees de Jager, doit présenter à Bruxelles une ébauche de budget pour 2013, le 30 avril au plus tard.

L'enjeu est important : ramener le déficit public des Pays-Bas sous la limite de 3%, norme de la zone euro. Pour ce faire, le Bureau central du plan, dont les prévisions sont utilisées par La Haye pour l'élaboration du budget, estime que 16 milliards d'économies sont nécessaires.

Menaces sur le triple A

Selon la majorité des analystes, les Pays-Bas risquent de perdre leur triple A attribué par les agences de notation s'ils ne parviennent pas à présenter un bon train de mesures. Dans la nuit de lundi à mardi, l'agence de notation Moody's a mis en garde les Pays-Bas. "La chute de la coalition gouvernementale de centre-droit et l'échec des négociations pour parvenir à un accord sur des mesures d'austérité sont négatifs en termes de crédit pour la dette souveraine des Pays-Bas (...). Cela pourrait également exercer une pression négative sur la note du pays", a-t-elle écrit dans un rapport.

Depuis l'annonce de la chute du gouvernement de Mark Rutte, les intérêts des obligations néerlandaises ont augmenté et la différence entre les obligations néerlandaises et allemandes sont à leur niveau record, selon les médias néerlandais. Toutefois, les Pays-Bas ont levé mardi avec succès deux milliards d'euros. "C'est un bon résultat au regard des circonstances", a déclaré un opérateur sur le marché obligataire.

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