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La Syrie accepte "sans réserves" et "dans sa totalité" le plan de la Ligue arabe

Ce plan prévoit un "arrêt immédiat" de la violence et le "retrait des chars" dans le pays, secoué par une révolte depuis le 15 mars et où les manifestations contre le président Bachar Al-Assad sont violemment réprimées.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ambassadeur de Syrie à la Ligue arabe, Youssef Al-Ahmad, lors de la réunion du comité ministériel au Caire (Egypte), le 2 novembre 2011. (MOHAMMED HOSSAM / AFP)

Le régime du président Bachar Al-Assad a accepté "sans réserves" et "dans sa totalité" le plan de sortie de crise de son pays, la Syrie, mercredi 2 novembre. Cette feuille de route était présentée lors de la réunion ministérielle de la Ligue arabe au siège de l'organisation au Caire (Egypte). La réponse formelle de Damas à cette proposition confirme l'"accord" annoncé par les médias syriens mardi.

De son côté, la Chine s'est réjouie jeudi que la Syrie ait accepté ce plan espérant que cet accord permette de mettre fin aux violences qui se poursuivent malgré tout.

Que prévoit ce plan ?

Il s'agit d'une première étape avant l'amorce d'un "dialogue national" avec l'opposition. En acceptant ce plan, dont l'objectif est "d'adresser un message rassurant à la rue", la Syrie s'engage à en respecter les principaux points.

• "L'arrêt total de la violence pour protéger les civils" 

Qu'ils soutiennent ou non la contestation, les civils non armés sont les victimes collatérales du conflit entre pro et anti-Assad. Depuis le début de la révolte le 15 mars dernier, nombre d'entre eux sont morts dans les affrontements. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) relaie régulièrement ces morts, sans pour autant établir de chiffre global. Pour respecter totalement cet engagement, la Syrie devra arrêter de tirer sur les manifestants.

• "La libération des personnes incarcérées"

Arrêtés lors des manifestations, les opposants au régime sont de plus en plus nombreux à se retrouver en prison depuis mi-mars.

Amnesty International va plus loin et dénonce des exécutions de prisonniers. En septembre, l'organisation de défense des droits de l'homme citait le cas d'une jeune fille de 18 ans arrêtée à Homs et dont le corps mutilé a été retrouvé par sa famille dans un hôpital militaire. Selon Amnesty, il s'agissait du 103e cas de mort en détention recensé depuis le mois de mars, et le premier concernant une femme.

• "L'évacuation des villes et zones en proie à des conflits armés"

Cet engagement concerne particulièrement les villes de Homs et Hama, dans le centre du pays, et les régions environnantes, deux gros foyers de la contestation du régime du président Bachar Al-Assad. La ville de Deraa, dans le sud du pays, où la révolte a débuté, est également concernée.

La Syrie va devoir s'organiser pour proposer aux habitants de ces zones des lieux plus sûrs, ce qui jusqu'ici semble loin de ses préoccupations.

• "L'autorisation d'accès aux organisations de la Ligue arabe et aux médias arabes et internationaux"

Depuis le début de la contestation, aucun journaliste d'un média occidental n'a réussi à entrer dans le pays en faisant valoir des raisons professionnelles. En France, la journaliste de Rue89 Sophie Verney-Caillat a pu réaliser un reportage munie d'un visa de touriste. Mais "il n’existe pas, pour le moment, d’accréditation possible pour des journalistes étrangers désireux d’effectuer de longs séjours en tant que correspondants de leur média en Syrie", rappelle l'ambassade de Syrie à Paris.

"Un dialogue national" entre le gouvernement et l'opposition

Le comité ministériel arabe mène encore des consultations à ce sujet, mais le plan prévoit une rencontre entre les deux camps. Le texte ne précise toutefois pas le lieu de ces discussions. Ce point est pourtant sensible, le régime souhaitant qu'elles se tiennent à Damas, la capitale syrienne, tandis que l'opposition réclame qu'elles aient lieu en dehors du pays.

Ce plan pourra-t-il être respecté ?

"Si la Syrie ne respecte pas ces engagements, le comité ministériel se réunira à nouveau et prendra les décisions adéquates", a prévenu le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem Al-Thani, à la tête du comité ministériel arabe chargé de négocier un règlement du conflit.

Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po et spécialiste de la Syrie, interrogé par FTVi, se montre "circonspect" quant à l'efficacité de cet accord. "La Ligue arabe est un organe affaibli", souligne-t-il, rappelant que cette organisation n'a plus le même pouvoir de persuasion que dans les années 1970. Selon lui, en acceptant cet accord, Bachar Al-Assad cherche surtout à gagner du temps. "N'oublions pas qu'il a promis des réformes à trois reprises et qu'on ne les a jamais vues venir."

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