La Turquie accuse la France de "génocide" en Algérie
Recep Tayyip Erdogan a ajouté que Nicolas Sarkozy attisait l'islamophobie, au lendemain du vote de la loi sur les génocides à l'Assemblée nationale.
Recep Tayyip Erdogan ne décolère pas contre la France, au lendemain du vote de la loi sur les génocides à l'Assemblée nationale. En réponse aux accusations de génocide contre les Arméniens en 1915, le Premier ministre turc a accusé vendredi 23 décembre la France d'avoir elle-même commis "un génocide" en Algérie.
"On estime que 15 % de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945. Il s'agit d'un génocide", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence, avant d'ajouter que Nicolas Sarkozy "a commencé à rechercher des gains électoraux en utilisant la haine du musulman et du Turc".
"Je respecte les convictions de nos amis turcs, il faut respecter les nôtres", a aussitôt réagi le président français depuis Prague.
A la demande d'Ankara, l'ambassadeur de Turquie à Paris, Tahsin Burcuoglu, a quitté la France vendredi matin. Le Premier ministre Erdogan avait ordonné la veille la suspension des visites bilatérales, le rappel pour consultations de l'ambassadeur de Turquie en France et ajouté que "les exercices militaires communs avec la France et toutes les activités militaires avec ce pays avaient été annulés" pour protester contre l'adoption de ce texte.
A l'Assemblée nationale, les députés turcs quittent le groupe d'amitié franco-turc. "Il n'y a plus de raison d'être pour un groupe d'amitié dans notre Parlement (..) Et il n'y a plus de raison de maintenir l'amitié avec un tel pays", a déclaré le président du Parlement turc.
Pour Alain Juppé, "cette initiative n'était pas opportune"
Des décisions "regrettées" par le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui avait appelé Ankara à ne pas "surréagir". Mais le ministre des Affaires étrangères a aussi exprimé un avis différent de la ligne défendue par Nicolas Sarkozy et les députés. "Je pense que cette initiative n'était pas opportune, mais le Parlement a voté. (...) Essayons maintenant de reprendre des relations apaisées. Ce sera difficile, j'en ai conscience, mais le temps fera son oeuvre", a dit Alain Juppé, qui a de nouveau appelé "à la retenue".
Malgré les nombreux avertissements de la Turquie, les députés français ont voté jeudi une proposition de loi pénalisant d'un an de prison et 45 000 euros d'amende la négation d'un génocide reconnu par la loi, comme l'est depuis 2001 en France le génocide arménien de 1915, qui a fait 1,5 million de morts, selon l'Etat arménien. La Turquie reconnaît que jusqu'à 500 000 Arméniens sont morts pendant des combats et leur déportation sous l'Empire ottoman, mais dément toute volonté d'extermination.
Pour entrer en vigueur, la proposition de loi devra aussi être adoptée par le Sénat, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.
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