Cet article date de plus de douze ans.

Le Québec adopte une "loi spéciale" pour étouffer le conflit étudiant

Le texte permet de restreindre le droit de manifester et d'imposer de lourdes amendes pour les contrevenants. L'opposition dénonce "un des jours les plus sombres pour la démocratie québécoise".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre Jean Charest, le 6 mai 2012. Son gouvernement a présenté une "loi spéciale" pour tenter de juguler le conflit étudiant au Québec. (ROGERIO BARBOSA / AFP)

Restreindre le droit de manifester et imposer de lourdes amendes pour les contrevenants. Après 14 semaines d'un conflit étudiant au Québec, le parlement a adopté vendredi 18 mai une "loi spéciale" présentée par le gouvernement du Premier ministre Jean Charest.

Ce texte, approuvé par 68 voix pour et 48 contre, veut juguler le conflit, surnommé le "printemps érable". Immédiatement après le vote, la chef de l'opposition Pauline Marois, qui dirige le Parti Québécois qui avait mené une intense campagne contre ce projet de loi, a parlé "d'un des jours les plus sombres pour la démocratie québécoise". Elle a encore évoqué une "loi-matraque pour faire taire les Québécois", tout en appelant les citoyens à respecter le texte voté par le parlement provincial.

De très lourdes amendes

La loi restreint le droit de manifester sans accord préalable avec la police et interdit tout rassemblement à moins de 50 mètres des établissements scolaires. Elle prévoit aussi de très lourdes amendes pour les organisateurs de manifestations destinées à empêcher le fonctionnement normal des universités, un individu s'exposant à une amende de 1 000 à 5 000 dollars par jour (765 à 3 800 euros), tandis qu'une association d'étudiants risque une amende de 25 000 à 125 000 dollars par jour (19 100 à 96 000 euros) et le double en cas de récidive.

Le conflit a commencé début février, les étudiants s'étaient mis en grève pour protester contre la hausse des frais de scolarité. La dernière version de cette réforme prévoit une augmentation de 82% des droits de scolarité à l'université de 1 780 dollars (1 400 euros) sur sept ans, au lieu de cinq ans initialement, pour arriver à près de 4 000 dollars (3 070 euros) par an, plus près de la moyenne nord-américaine.

Le gouvernement a souligné qu'en contrepartie les prêts et bourses augmenteraient également, ce qui devrait annuler la hausse pour environ un étudiant sur deux. Mais les étudiants grévistes ont massivement rejeté la hausse.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.