Les chantiers de Saint-Nazaire bientôt à vendre ?
Le groupe sud-coréen, STX, en proie à des difficultés financières, a annoncé samedi matin qu'il envisageait de vendre ses parts. Les syndicats demandent une nationalisation.
Quel avenir pour les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et de Lorient (Morbihan) ? Leur actionnaire majoritaire, le groupe sud-coréen de construction navale STX a annoncé samedi 4 mai qu'il envisageait de vendre ses parts. "Nous sommes en train de revoir la structure de notre société pour nous concentrer sur la construction navale nationale", a-t-il expliqué. "Nous envisageons la vente d'actifs à l'étranger pour lever de nouvelles liquidités" a-t-il poursuivi, indiquant sans plus de précision que "des acheteurs potentiels ont déjà manifesté leur intérêt" dans l'achat de parts dans les chantiers navals en Europe.
Pourquoi STX veut vendre ?
Lourdement endetté, le groupe coréen contrôle depuis 2008 les deux tiers du capital de STX France, tandis que l'Etat français en possède 33,34%. Il regroupe les chantiers de Saint-Nazaire (2200 salariés) ainsi que ceux de Lorient (112 salariés).
Affaibli par une dette croissante et en proie à d'importantes difficultés de trésorerie, le groupe souffre du ralentissement mondial de la construction navale. Dans ces conditions, si cette décision de l'actionnaire "nous inquiète un peu", a concédé Nathalie Durand, du syndicat FO des chantiers navals de Saint-Nazaire, cette dernière "n'a rien de franchement surprenant" au vu de la situation financière "catastrophique", du groupe, a-t-elle commenté.
Que demandent les syndicats ?
"Ce nouvel épisode nous conforte dans notre revendication : le moment est venu que l'Etat nationalise le dernier grand chantier naval", a ajouté la syndicaliste de FO. "On interpellera le gouvernement sur une augmentation de la part de l'Etat français", a ajouté Christophe Morel, de la CFDT, estimant que la situation financière de STX France est "plutôt bonne pour l'instant".
Le 8 avril dernier, le sénateur PS de Loire-Atlantique, Yannick Vaugrenard, avait déjà demandé au Premier ministre Jean-Marc Ayrault la mise en place d'un dispositif pour protéger les ex-Chantiers de l'Atlantique, des risques suscités par le brutal affaiblissement boursier de STX.
Que répond le gouvernement ?
Dans un premier temps, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, s'est voulut rassurant, sans se prononcer sur une nationalisation. Il a assuré que le gouvernement sera "toujours aux côtés" des chantiers de l'Atlantique et suit de près le dossier. "Nous suivons cette situation de près", a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement avait "toujours manifesté" son "attachement aux chantiers de l'Atlantique".
Le président Nicolas Sarkozy en 2010 puis le candidat François Hollande fin 2011 s'étaient tous les deux rendus à Saint-Nazaire pour souligner l'importance de ces chantiers historiques, sauvés fin 2012 par une commande in extremis.
Dans un entretien au Monde paru un peu plus tard samedi, Arnaud Montebourg a estimé que les chantiers de l'Atlantique (STX France) "ont besoin de commandes et pas d'un nouvel actionnaire". "Nationaliser sans commande ne servirait à rien", a souligné le ministre du redressement productif.
Finalement, dans un communiqué, Bercy a affirmé que l'activité des chantiers "n'est pas menacée" en raison de sa bonne santé économique. "STX France a pleinement consolidé son activité ces derniers mois, grâce à d'importants contrats remportés, en particulier à l'export. L'activité de Saint Nazaire n'est donc aucunement menacée par les événements de Corée", ont affirmé les deux ministres dans ce communiqué commun.
Et les élus locaux ?
"Soit on trouve un industriel qui se diversifie, soit des gens qui cherchent à récupérer la technique, mais pas forcément le site", a analysé François de Rugy, député EELV de Loire-Atlantique. Il souligne aussi le risque de ne pas trouver de repreneur, même si les Chantiers ont déjà changé de mains à plusieurs reprises. "Il n'est pas à exclure qu'il puisse y avoir temporairement une prise de contrôle" par l'Etat, détenteur de 33% du capital, "le temps de trouver un repreneur" industriel sérieux, a-t-il poursuivi.
"La nationalisation, c'est ce que tout le monde a en tête mais le vrai objectif, c'est une politique industrielle" et la Banque publique d'investissement "peut jouer un rôle non négligeable", a ajouté Jacques Auxiette, président PS du conseil régional des Pays de la Loire.
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