Le tueur au scooter, un "psychopathe" "parti en guerre", selon les experts
Au fil des enquêtes, les psychiatres tentent de comprendre le meurtrier du Sud-Ouest pour déterminer son profil. Selon eux, l'homme est porté par une idéologie et n'a pas l'intention de s'arrêter.
Il est peut-être paranoïaque, mais certainement pas fou. Aucun expert ne peut se permettre d'être catégorique, mais tous semblent dessiner la même silhouette du tireur au scooter, qui a tué sept personnes à Toulouse et Montauban, en huit jours.
Les quelques témoins qui ont assisté à l'attaque du collège juif de Toulouse, lundi 19 mars, ont décrit un homme "calme". A Montauban, quatre jours plus tôt, il aurait écarté une femme sur son passage afin d'atteindre la cible qu'il s'était fixée. Le tireur est "très organisé, très froid", selon Gérard Lopez, psychiatre expert à la Cour d'appel de Paris interrogé par L'Express. "Pas un psychotique", qui serait coupé de la réalité, mais "un psychopathe, probablement. Antisocial, froid, cruel et sans remords, précise l'expert. Dans ce cas, il a sûrement des antécédents judiciaires."
"Des convictions fumeuses, mais absolues"
Des hypothèses confirmées au Figaro par Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue. Il "suit une logique abstraite, signe d'un caractère paranoïaque. Il s'attaque à des gens qui ne sont rien pour lui". Pour le psychiatre, le tireur au scooter n'est en tout cas pas un "meurtrier de masse classique, comme au lycée de Columbine [aux Etats-Unis, en 1999]", parce que "ce type de tueur reste normalement sur le terrain et cherche en quelque sorte à se faire 'suicider' par les forces de l'ordre". Or, le meurtrier du Sud-Ouest s'enfuit de chaque scène de crime sur un deux-roues. En revanche, le psychiatre lui attribue "des convictions fumeuses mais absolues, à l'image d'Anders Breivik, le tueur de Norvège [qui a fait 77 victimes en juillet 2011]."
En effet, selon RTL, "la police recherche un solitaire prêt à mourir pour sa cause", un homme "parti en guerre", ce qui orienterait les recherches vers un militaire ou un paramilitaire, en activité ou non, "un soldat qui aurait basculé dans l'extrémisme, la xénophobie et le racisme". Comme Anders Breivik, il semble "porté par la haine ou une idéologie haineuse", selon un psychiatre expert des grands criminels cité par Libération (article payant). "Il y a une dimension 'épuration' chez ce tueur ultrasophistiqué qui prépare avec rationalité et cohérence ses actions et tire de façon ciblée. Il épure l'armée française de ses Arabes et musulmans. Il épure la France des Juifs. C'est un salopard absolu qui n'est pas un malade mental".
"Aucune raison qu'il arrête"
Selon RTL, le meurtrier est d'autant plus "hors norme qu'il a exécuté de sang-froid des enfants. Un geste rarissime en matière criminelle, qu'on retrouve essentiellement sur des champs de bataille lors de conflits ethniques, ou encore dans certains règlements de comptes de la mafia."
Pour Pierre Lamothe, psychiatre, expert auprès de la Cour de cassation, interrogé par Le Figaro, "il peut être relativement invisible dans la société, même si un côté impénétrable peut intriguer. Mais pas de là à imaginer que ce même type peut subitement aller flinguer tout le monde."
Les psychiatres et enquêteurs sont unanimes sur un point au moins : la récidive. "Il n'y a aucune raison qu'il arrête. Il est entré dans une guerre, il est dans une dynamique criminelle", affirme Jean-François Abgrall, ancien gendarme, diplômé en psychocriminologie, au Parisien.
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