Législatives : le PS met sur la touche deux candidats éclaboussés par la justice
Jean-Pierre Kucheida, dans le Pas-de-Calais, et Sylvie Andrieux, dans les Bouches-du-Rhône, ont fait les frais de la volonté d'intégrité affichée par le Parti socialiste et le gouvernement. Explications.
Opération mains propres au PS. A dix jours du premier tour des législatives, la direction du parti a retiré, jeudi 31 mai, l'investiture de Sylvie Andrieux, candidate de la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône. Mardi, elle a décidé d'exclure Jean-Pierre Kucheida, candidat dissident dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais.
Sans avoir été condamnés, tous deux connaissent des démêlés avec la justice. Un parcours incompatible avec les principes "d'intégrité et d'exemplarité" que le gouvernement Ayrault a décidé de faire appliquer.
• Ce qui leur est reproché :
Sylvie Andrieux. La députée, candidate à sa réélection dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, a été renvoyée mercredi devant le tribunal correctionnel de Marseille pour détournement de fonds publics, à hauteur de 740 000 euros, au bénéfice d'associations présumées fictives. Ces faits sont passibles de dix ans de prison et de 150 000 euros d'amende.
Au Parti socialiste, Martine Aubry a souligné "la nature et la gravité des faits reprochés". Elle a par ailleurs déclaré avoir agi "en plein accord avec le Premier ministre", mettant en avant une "exigence d'exemplarité".
Jean-Pierre Kucheida. Candidat dissident aux législatives dans le Pas-de-Calais, il a été exclu du PS lors du bureau national du parti, réuni mardi 29 mai au soir. Notamment visé par une enquête pour "abus de biens sociaux", associés aux soupçons de corruption entourant la fédération PS du Pas-de-Calais, il n'avait pas été investi. Le parti lui a préféré le jeune élu de Wingles, Nicolas Bays, 35 ans, qui se présente sous l'étiquette du Parti radical de gauche.
Cette exclusion avait été annoncée, mardi matin, par le secrétaire national à la communication et porte-parole du parti pour les législatives, David Assouline. "C'est une procédure tout à fait normale, tout candidat dissident, membre du Parti socialiste, qui va contre le candidat officiel investi par le Parti socialiste est de fait exclu du Parti socialiste", a-t-il déclaré.
• Pourquoi se maintiennent-ils ?
Parce qu'ils sont populaires. Elue en 2007 avec 57,79% des suffrages, Sylvie Andrieux a annoncé, jeudi, qu'elle maintenait sa candidature "pour que la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône ne tombe pas entre les mains de l'extrême droite", a-t-elle fait valoir. Elle assure que sa candidature "est la seule à pouvoir atteindre sérieusement cet objectif", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Quant à l'indétrônable député-maire de Liévin depuis 1981, Jean-Pierre Kucheida, il bénéficie toujours du soutien de nombreux élus locaux et de la patronne de la fédération du Pas-de-Calais, Catherine Génisson. En 2007, il avait été réélu avec près de 70 % des voix. Mercredi, il a notamment reçu un soutien appuyé du président de région, Daniel Percheron, du Béthunois Jacques Mellick et de la sénatrice-maire de Cambrin, rapporte La Voix du Nord.
Parce qu'ils se disent soit "innocent", soit "victime". A l'annonce de son renvoi en correctionnelle, Sylvie Andrieux a évoqué un "non-événement". Elle a notamment rappelé qu''"aucun enrichissement personnel" ne lui était reproché. Dénonçant "une manœuvre politicienne destinée à déstabiliser le Parti socialiste au-delà de [sa] simple personne", elle s'est dite "totalement innocente".
"J'ai vraiment l'impression qu'une sorte de complot a été bâti autour de moi, s'est pour sa part indigné Jean-Pierre Kucheida, avait rapporté Europe 1 dès décembre 2011. Et je suis par certains moments, je dois le dire, complètement désemparé par rapport aux affabulations absolument énormes que j'entends". Avec ses soutiens, "les exclus", dit-il, il a profité de cette réunion pour régler ses comptes avec les dirigeants du parti, rapporte Le Lab, et notamment "la Tsarine Aubry et l’escroc Montebourg", qu'il n'a semble-t-il jamais porté dans son cœur.
Parce qu'ils embarassent le PS. La destitution tardive de Sylvie Andrieux pose également au PS un problème logistique. "Sylvie Andrieux n'est plus investie, mais les documents officiels pour le 1er tour ont déjà été envoyés, a souligné Charlotte Brun à l'AFP, l'une des porte-parole du PS pour les législatives. En revanche pour le second tour, elle n'aura pas le droit d'utiliser le logo du parti". Il est également trop tard pour investir un nouveau candidat. Une opportunité pour la candidate du Front de gauche dans la circonscription, Marie Batoux, laquelle a demandé au PS d'appeler à "un rassemblement de toute la gauche" derrière sa candidature.
Quant à Jean-Pierre Kucheida, son éventuel élection constituerait un désaveu pour le Parti socialiste. "Que se passerait-il alors au sein de la majorité socialiste, au sein du conseil municipal de Liévin ? s'interroge La Voix du Nord. On peut d'ores et déjà avancer que les conseillers municipaux PS continueront de soutenir leur maire même s'il n'a plus sa carte (...) Ces élus locaux risquent-ils des sanctions de la part de la fédération, voire une exclusion ?" Un casse-tête, sans compter le menaces de possibles rebondissements judiciaires.
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