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Les Français ignorent-ils la crise ?

Les voisins de la France sont mis à mal par les marchés et la crise de la dette. Pour autant, le sujet ne semble pas toujours dominer le débat dans la société et la classe politique françaises.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande rend hommage au soldat inconnu sous l'Arc de triomphe (Paris), le jour de son investiture, le 15 mai 2012. (MARTIN BUREAU / AFP)

GrÚce et Espagne font trembler l'Europe. Attaqués par les marchés, les deux pays subissent des régimes drastiques pour tenter de sortir de la crise économique. Autour d'eux, les dirigeants de la zone euro se mobilisent et se divisent sur la méthode à adopter. Austérité ou croissance ? Pendant ce temps, la France semble ignorer qu'elle aussi est menacée.

Le chĂŽmage français a atteint 10% au premier trimestre 2012, son plus haut niveau depuis 13 ans. Sept Français sur dix ont des projets d'Ă©vasion pour l'Ă©tĂ© et un budget vacances en forte hausse, selon une enquĂȘte Ipsos. Pour l'heure, Ă  l'ElysĂ©e ou Ă  Matignon, ce sont surtout les "bonnes nouvelles" qui ont Ă©tĂ© rendues publiques, comme la hausse de l'allocation de rentrĂ©e scolaire et l'adoucissement de la rĂ©forme des retraites. Et si le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncĂ© le 6 juin un calendrier budgĂ©taire, aucune mesure de rĂ©duction du dĂ©ficit n'a Ă©tĂ© dĂ©finie. Le 31 mars, l'hebdomadaire The Economist (article en anglais) accusait la France d'ĂȘtre "dans le dĂ©ni", dĂ©crivant des candidats Ă  la prĂ©sidentielle qui passaient sous silence les problĂšmes de dette et de dĂ©ficit. La France a-t-elle dĂ©cidĂ© d'ignorer la crise ?

La crise, oui, mais à l'étranger 

La presse avait averti le futur président. Au lendemain de l'élection de François Hollande, les éditorialistes français et étrangers s'accordaient sur un point : pas d'état de grùce pour le nouveau chef de l'Etat. Tous lui ont rappelé "le poids des responsabilités" face à la crise économique et financiÚre de la zone euro.

Et François Hollande s'est emparé trÚs vite du sujet. Le jour de son investiture il a rencontré la chanceliÚre allemande Angela Merkel, avant d'entamer un parcours international en enchaßnant G8, sommet de l'Otan, visite en Afghanistan... Dernier acte en date : il a insisté, jeudi 14 juin, avec l'Italien Mario Monti, sur sa volonté de prendre des "mesures immédiates" pour relancer la croissance.

Conclusion : depuis un peu plus d'un mois, François Hollande a beaucoup parlé de la crise, mais surtout à l'étranger.

Apprendre Ă  consommer autrement

Et les Français en gĂ©nĂ©ral ? Ils sont Ă©galement lucides, et mĂȘme plus pessimistes que leurs voisins allemands. Selon un sondage Ifop pour La Croix rĂ©alisĂ© en fĂ©vrier 2012, 79% des Français pensent que leur pays est "en pleine crise" contre 38% des Allemands. Et 84% d'entre eux disent ressentir le poids de la crise dans leur vie quotidienne (46% des Allemands). En mai, un autre sondage de l'institut a rĂ©vĂ©lĂ© que 62% des Français considĂšrent que le pays pourrait bientĂŽt connaĂźtre la mĂȘme situation que la GrĂšce et l’Espagne.

La crise les aurait mĂȘme responsabilisĂ©s. PrĂšs de neuf Français sur dix (88%) estiment que la conjoncture Ă©conomique est l'occasion de changer de mode de vie et de consommation, selon le baromĂštre 2012 de la consommation responsable du cabinet de conseil Ethicity. Cela passe par la chasse au gaspillage, la consommation de produits locaux, l'achat d'occasions, etc. Ils dĂ©pensent autant, mais "mieux", selon Ethicity.

Reste que le sujet se retrouve rarement en premiĂšre place dans les mĂ©dias et les conversations. La faute aux Ă©lections, rĂ©pond-on. Le terrain devrait donc ĂȘtre libre dĂšs la semaine prochaine.

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