Hollande "vient d'obtenir le job le plus difficile du monde"
La presse européenne analyse la victoire du candidat socialiste par la défaite de la politique d'austérité emmenée par le couple Sarkozy-Merkel.
Au réveil, lundi 7 mai, la presse européenne estime que l'arrivée de François Hollande à l'Elysée sonne un ras-le-bol de l'austérité imposée dans l'Union par le duo moteur surnommé "Merkozy".
Angela Merkel est d'ailleurs en première ligne, d'après la presse allemande. "Pas tant parce que Hollande menace le sauvetage de l'euro. Mais parce que sa volonté de compléter le pacte fiscal par des mesures de croissance touche à la suprématie de la chancelière en Europe", analyse le Financial Times Deutschland (article en allemand). Le quotidien berlinois centriste Der Tagesspiegel estime que le choix des Français laisse l'Allemagne avec "peu, trop peu, d'alliés" et que Paris va s'éloigner de la discipline budgétaire et "quitter symboliquement l'Europe du Nord pour le Sud".
Mais le Stuttgarter Zeitung (centre-droit) relativise. La France à elle seule ne pourra faire fléchir l'Allemagne sur l'austérité : "Aussi importante soit la France pour faire avancer l'Europe, elle n'est pas assez forte pour imposer sa volonté aux autres poids lourds."
"Gueule de bois"
L'hebdomadaire Der Spiegel met d'ailleurs en garde François Hollande, qui "vient d'obtenir le job le plus difficile du monde : réformer la France". "Après la fête à la Bastille, la France va se réveiller avec la gueule de bois" et le président socialiste est "destiné à décevoir les Français", titre même le magazine. L'éditorialiste du journal francophone belge Le Soir évoque aussi "Hollande, le président attendu au tournant". Et avertit, comme La Libre Belgique : "Le vainqueur ne connaîtra pas d'état de grâce."
La presse britannique accorde toutefois à François Hollande le droit de jouir de son "triomphe face à la politique d'austérité de Sarkozy", comme l'écrit le conservateur The Times. The Guardian (gauche) semble quant à lui se réjouir de l'arrivée au pouvoir de François Hollande, qui inverse "la tendance d'une embardée droitière et xénophobe dans la politique européenne". Le Financial Times estime que Nicolas Sarkozy est "la dernière victime du retour de bâton contre les sortants".
"La fin du directoire Merkozy"
"Paris change et l'Europe change", pour le quotidien italien La Stampa (centre-droit), qui émet toutefois un léger doute sur la capacité de François Hollande à s'imposer en Europe : "Nous verrons comment il tiendra sa promesse" de "rompre le pacte fiscal" européen. Le Corriere della Sera, de centre-droit, note que "ces derniers jours, le favori Hollande a su rompre l'isolement" sur la scène européenne et que "les paroles du président de la BCE Mario Draghi [sur la nécessité de l'objectif de la croissance] semblaient donner raison à la prétention de Hollande d'ajouter un chapitre au traité de stabilité".
"La gauche européenne renaît ce 6 mai en France", écrit le quotidien espagnol de centre-gauche El País . L'élection du candidat socialiste marque la fin du "directoire connu sous le nom de Merkozy" avec "tout l'accent mis sur l'austérité". El Mundo (centre-droit) et El Periódico (gauche) attendent beaucoup de François Hollande, après ses promesses de "mesures pour la croissance".
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