Boxe aux JO 2024 : entre galères de poids et héritage familial, un argent olympique contre vents et marées pour Billal Bennama

Malgré la ferveur de Roland-Garros, le boxeur né à Albi a été dominé par l'Ouzbek Hasanboy Dusmatov en finale des moins de 51 kg, jeudi. Heureux de s'être paré d'argent, le Français de 26 ans est déjà prêt à repartir au combat.
Article rédigé par Gabriel Joly - envoyé spécial à Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le boxeur français Billal Bennama lors de sa finale olympique contre l'Ouzbek Hasanboy Dusmatov à Roland-Garros, le 8 août 2024. (MAURO PIMENTEL / AFP)

Il s'arrête au pied de l'Olympe. Le boxeur Billal Bennama s'est logiquement incliné en finale des Jeux face à l'Ouzbek Hasanboy Dusmatov, jeudi 8 août. Comme son colocataire du village olympique, Sofiane Oumiha, la veille, le Français de 26 ans a dû se contenter de la médaille d'argent chez les poids mouches. Dans une arène de Roland-Garros convertie au noble art en cette fin de quinzaine, la marche était encore un peu haute pour lui face à un gaucher, désormais double champion olympique après son titre de 2016 en moins de 49 kg.

Le même client qui l'avait battu par arrêt de l'arbitre au bout de 50 petites secondes dans le premier round de la finale des Mondiaux 2023. Mais, si Billal Bennama a échoué ce jeudi à s'inscrire dans les pas d'Estelle Mossely, Tony Yoka et Brahim Asloum, les précédents champions olympiques français, cette médaille est tout de même une forme de revanche. Eliminé dès son entrée en lice à Tokyo par le Kazakhstanais Saken Bibossinov, l'athlète occitan a régalé un public en feu et à fond derrière lui.

Il a fait le poids

Il s'est même offert un baroud d'honneur, tout en force dans la troisième reprise, sans trouver le KO salutaire après la perte des deux premiers rounds. "Cette ambiance indescriptible m'a vraiment poussé dans mes retranchements. Je suis quand même satisfait du travail accompli", a-t-il réagi au micro de France Télévisions, touché à l'arcade gauche et la pommette droite. Le Toulousain d'adoption était aussi coupé aux deux paupières depuis sa demi-finale contre le Dominicain Yunior Alcantara, dimanche.

Paris 2024 - Boxe : Billal Bennama : "Je suis quand même satisfait du travail accompli"

"J'ai fait une très belle médaille chez moi à Paris, mais j'ai envie de reprendre pour aller chercher l'or. Je pense que je serai de la partie pour Los Angeles", a ajouté le champion d'Europe 2022, fier de sa progression depuis un an et demi. Car, dans sa préparation pour Paris, il a eu à gérer sans cesse la balance. Dans un souci d'harmonisation, l'organisation des Jeux olympiques a modifié ses catégories de poids. Les mouches comme lui ont dû descendre à 51 kg, contre 52 auparavant. Un défi plus corsé qu'il n'en a l'air quand on fait 1,75 m comme Billal Bennama (à titre de comparaison, Dusmatov mesure 1,59 m).

"Cela fait quinze jours qu'il est au régime et c'est pour cela qu'il avait une baisse d'énergie à chaque fin de reprise. Le fait de moins s'alimenter pour être bon à la pesée chaque matin des combats, cela joue sur ta forme."

Brahim Asloum, champion olympique 2000 et consultant France Télévisions

à franceinfo: sport

Reste que le natif d'Albi est parvenu à éléver le curseur au fil des tours passés dans la capitale, à chaque fois sur le fil. De quoi faire des frayeurs à sa famille, passionnée.

La boxe, une affaire de famille

Chez les Bennama, la boxe est une institution. Le jeune frère de Billal, Abibe, est champion de France, et sa sœur Rym a récemment remporté les championnats nationaux amateurs. Comme eux, le reste de la fratrie de sept enfants a été initiée très tôt à ce sport par leur père, Mohamed, ancien boxeur international algérien qui a manqué d'un rien les Jeux olympiques de Los Angeles 1984, sur blessure.

"Même s'il ne le dit pas, il a forcément ce poids sur les épaules. Il mange boxe, il dort boxe, il vit boxe depuis tout petit...", assure Brahim Asloum à propos de cet héritage. Le paternel n'était cependant pas dans les tribunes de Roland-Garros jeudi avec le reste de la troupe. "Trop stressé" pour son fils, il n'a plus remis les pieds autour du ring olympique depuis le huitième de finale remporté sur décision partagée par le Tricolore contre l'Américain Roscoe Hill, le 30 juillet à l'Arena Paris Nord de Villepinte (Seine-Saint-Denis).

Comme en demi-finales, quand il avait préféré mettre un documentaire animalier à la télévision, celui qui est entraîneur dans un club de Blagnac, en banlieue de Toulouse, est resté sur son canapé, coupé des informations, pour attendre le résultat. Le verdict n'était évidemment pas celui espéré. Mais les Bennama sauront savourer cette belle breloque argentée.

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