Football aux JO 2024 : "Nous contre le monde"... Comment les Canadiennes, sanctionnées pour espionnage, ont surmonté la crise pour battre les Bleues

Punies par la Fifa d'un retrait de six points pour espionnage, les médaillées d'or de Tokyo ont répondu sur le terrain en s'imposant sur le fil contre les Bleues, dimanche à Saint-Etienne.
Article rédigé par Gabriel Joly - envoyé spécial à Saint-Etienne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Les Canadiennes célébrant leur victoire arrachée contre la France aux Jeux olympiques à Saint-Etienne, le 28 juillet 2024. (ARNAUD FINISTRE / AFP)

Seraient-elles animées par un sentiment de revanche ou plombées par une situation qui les dépasse ? C'était la question qui se posait, dimanche 28 juillet à Saint-Etienne, avant le premier match des Canadiennes depuis leur retrait de six points dans le tournoi olympique de football. Samedi, à la veille de France-Canada, la Fifa avait eu la main lourde au moment de punir la sélection médaillée d'or à Tokyo, après que l'un des membres de son staff a été pris en train d'espionner, à l'aide d'un drone, l'entraînement de la Nouvelle-Zélande en début de semaine.

Paris 2024 - Football : la France battue par le Canada au bout du temps additionnel

Mais comme lors de la victoire face aux Ferns (2-1), alors qu'elles étaient dans l'attente de connaître leur sort, les Canucks ont encore une fois démontré leur force mentale, renversant les Bleues au bout du temps additionnel grâce à un but de Vanessa Gilles (2-1, 90e+12').

Suffisant pour rester en vie dans le tournoi, quand tout autre résultat les aurait condamnées. "Cela montre à quel point cette équipe est résiliente. Je suis si fière de mes coéquipières et de faire partie de ce groupe, a avoué en zone mixte la capitaine Jessie Fleming, auteure de l'égalisation au retour des vestiaires (1-1, 58e).

Avant cette issue positive, les joueuses d'Andy Spence – adjoint propulsé numéro 1 la veille en raison de la suspension pour un an de la sélectionneuse Bev Priestman – avaient multiplié les encouragements et les marques de soutien entre elles durant le match. "Je n'avais pas prévu [cette affaire] dans mon bingo des Jeux olympiques. Ce n'est pas facile de voir nos partenaires souffrir, mais nous avons été là les unes pour les autres. On a la sensation d'être seules contre le monde entier", a ajouté avec émotion Jessie Fleming, qui a célébré pendant de longues minutes sur le pré et dans les tribunes du stade Geoffroy-Guichard.

"On est venues avec l'idée de n'avoir rien à perdre"

"Cela a été dur cette semaine : on est humaines. On a essayé de faire abstraction mais [la polémique d'espionnage] était partout, puis on s'est dit que l'on n'avait rien à perdre", a raconté l'ex-latérale du PSG Ashley Lawrence. Ces derniers jours, l'équipe avait eu recours à des thérapeutes et des préparateurs mentaux pour tenter d'évacuer les émotions. "On s'est donné de l'énergie entre nous, avec notre détermination et notre fierté de représenter notre pays malgré cette merde (sic)", a expliqué de son côté Vanessa Gilles, en larmes face à la télévision canadienne.

"Nous ne sommes pas des tricheuses, nous sommes de vraies bonnes joueuses, une vraie bonne équipe et on l'a prouvé."

Vanessa Gilles

sur CBC

Comme les joueuses du groupe actuel, la légende et meilleure buteuse internationale de l'histoire, Christine Sinclair (190 buts en 331 sélections), a assuré ne pas être au courant de l'emploi de ces méthodes : "Soyons clairs, nous n'avons jamais vu ou discuté d'images de drone durant les vingt-trois années où j'étais là", a écrit la championne olympique de Tokyo désormais retraitée sur Instagram.

Car en plus de devoir gérer cette crise au beau milieu de Paris 2024, les Nord-Américaines ont dû encaisser les doutes qui entourent désormais leur sacre d'il y a trois ans, acquis grâce à un jeu pragmatique. Pour laver cet affront, elles espèrent désormais obtenir gain de cause lors d'un appel de la sanction face au Tribunal arbitral du sport (TAS), dont la décision est toujours attendue ce lundi.

Reste qu'avec un total neutre de zéro point après deux journées, les Canadiennes ont toujours les cartes en main pour espérer rallier les quarts de finale grâce à leurs performances. Les deux meilleurs troisièmes (sur trois poules) peuvent se qualifier. Une troisième victoire contre la Colombie mercredi, couplée à une bonne différence de buts, pourrait leur offrir un ticket quasiment inespéré.

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