Jeux olympiques de Paris 2024 : certains salariés soumis à des horaires loin du temps de travail légal

Le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) assure veiller aux bonnes conditions de travail pendant ces Jeux. Pourtant, la CGT alerte sur les conditions de travail de certains salariés.
Article rédigé par Camille Marigaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le siège du Cojop à Saint-Denis. (FRED DUGIT / MAXPPP)

Les Jeux olympiques se terminent dimanche 11 août et semblent d'ores et déjà être un succès avec un public au rendez-vous, et de belles réussites sportives pour les athlètes français. L'organisation est aussi saluée, en France comme à l'étranger. Mais à quel prix ? La CGT alerte sur les conditions de travail de certains salariés directement embauchés par le comité d'organisation. Selon elle, malgré les promesses de Paris 2024, certains salariés employés par le Comité d'organisation sont soumis à des amplitudes horaires loin du temps de travail légal. 

>> TÉMOIGNAGES. "Physiquement, c'est très dur" : des journées à rallonge pour certains salariés des Jeux olympiques de Paris 2024 (francetvinfo.fr)

Dans la grande majorité des cas, il s'agit de statuts-cadres : des salariés qui supervisent, à Paris ou ailleurs, des sites d'entraînement ou de compétition, par exemple, avec des semaines de plus de 60 heures et des journées très denses. L'une de ces salariés a indiqué à franceinfo avoir été sur le pont de 6 heures du matin jusqu'à minuit plusieurs jours de suite pendant le "dur" des épreuves du sport dont elle est chargée. Bien loin des 13 heures de travail maximum stipulées dans son contrat. 

Difficile aussi de respecter la durée de repos légale entre deux vacations, 11 heures minimum, même si des dérogations sont prévues compte tenu du contexte exceptionnel des Jeux.  Le temps de rentrer chez eux ou à l'hôtel, il ne reste à ces salariés que quelques heures pour dormir un peu, se doucher, avant de repartir à l'aube sur les sites d'entraînement ou de compétition. 

Des contrats en forfait jour, incompatibles avec un planning

Ce qui pose problème, c'est le type de contrat qui est passé. Ce sont des contrats en forfait jour. franceinfo a consulté celui d'une de ces cadres qui supervise un site d'entraînement, rémunérée 3 250 euros brut. Cette rémunération ne change pas quel que soit le nombre d'heures travaillées dans une journée ou une semaine car, légalement, un forfait jour n'impose pas de planning. Sauf que ces salariés ont bien un emploi du temps, avec des amplitudes horaires parfois loin du temps de travail légal, jusqu'à 60 heures par semaine, parfois plus. Or, un forfait jour ne prévoit pas le paiement d'heures supplémentaires. À cela s'ajoute le fait que les salariés interrogés regrettent de ne pas être en nombre suffisant pour se partager le travail, et pouvoir donc se reposer.

Paris 2024 s'est pourtant engagé à garantir de bonnes conditions de travail pendant ces Jeux. Le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) a signé une charte sociale le 19 juin 2018 avec les organisations syndicales et patronales pour veiller à ce que toutes celles et ceux qui font tourner ces Jeux soient protégés, qu'il n'y ait pas d'abus. Beaucoup de primes ont été versées, des processus de régularisation ont été lancés pour des travailleurs sans papiers. L'inspection du travail est également très présente et jusqu'ici, le bilan est jugé plutôt positif par de nombreux observateurs.

Aucune contestation enregistrée par Paris 2024

Une question se pose : pourquoi avoir choisi ce forfait jour pour les contrats de certains salariés, sur des missions qui demandent une organisation, des équipes, et donc des plannings ? Par ailleurs, difficile de savoir exactement combien de ces contrats ont été signés.

La direction de Paris 2024 que nous avons contactée indique n'avoir enregistré aucune contestation judiciaire de la part de ses salariés ni de difficultés particulières remontées par les représentants du personnel. Le Cojop, qui reconnaît l'intensification temporaire de ses activités pendant les Jeux, ajoute qu'elles s'inscrivent néanmoins dans le strict cadre légal, notamment en ce qui concerne ces contrats en forfait jour. La CGT, de son côté, réclame des négociations immédiates. 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.