Reportage JO 2024 : "C'est le Michael Phelps français" : comment la "Léonmania" s'est emparée du pays en une semaine

Avec ses quatre médailles d'or en individuel et ses performances stratosphériques toute la semaine, le jeune nageur de 22 ans s'est fait en quelques jours une place à part auprès du public. En témoigne la ferveur dans les tribunes comme dans les rues lors de chaque sortie du prodige.
Article rédigé par Clément Parrot - Avec Raphaël Godet et Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La foule acclame Léon Marchand lors de sa victoire sur le 200 m 4 nages individuel lors des Jeux olympiques de Paris, le 2 août 2024, au Club France. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Avec sa décontraction habituelle, Léon Marchand arrive sous la clameur du public de la piscine olympique de la Paris La Défense Arena, dimanche 4 août, pour disputer sa sixième et dernière finale des Jeux olympiques de Paris. Quatre supporters ont revêtu des tee-shirts portant les lettres L, E, O et N pour accueillir le nouveau chouchou du sport français. Après avoir décroché quatre médailles d'or en individuel, le nageur de 22 ans décroche cette fois le bronze avec Florent Manaudou, Maxime Grousset et Yohann Ndoye-Brouard, lors de la finale du relais 4x100 m quatre nages masculin. Dans une enceinte chauffée à blanc par les exploits tricolores, le nageur toulousain reçoit une dernière fois les acclamations du public et écrit un peu plus sa légende.

Si les connaisseurs des bassins ont vu arriver le phénomène Léon Marchand ces dernières années, le grand public a assisté à l'éclosion d'une star en quelques jours. "J'ai entendu parler de lui il y a une semaine, quand j'ai entendu aux infos que c'était un Toulousain qui arrachait tout aux JO en natation", confirme Mehdi, 35 ans, lui-même originaire de la Ville rose. Mais progressivement, la "Léonmania" s'est emparée du pays. "C'est incroyable ce qu'il fait, ça inspire le respect", témoigne Raphaël, 18 ans, qui a également découvert Léon Marchand avec les JO. "La discipline et la motivation qu'il doit avoir pour s'entraîner tous les jours, c'est une dinguerie !"

"Il a réalisé quelque chose d'assez exceptionnel. C'est un athlète hors du commun, le Michael Phelps français", s'enthousiasme à son tour Jérémie, un Grenoblois de 35 ans. Le nageur français, qui s'entraîne depuis deux ans aux Etats-Unis, est d'ailleurs le nouveau protégé de Bob Bowman, l'ancien entraîneur de la légende américaine de la natation aux 23 médailles d'or olympiques.

"Tout le monde scandait son prénom"

Dimanche, dans les tribunes du bassin olympique, comme à chacune de ses courses, les encouragements ponctuent chaque reprise de souffle du brasseur. Deux jours plus tôt, pour son quatrième titre olympique, un groupe d'amis s'est même amusé à reproduire ses mouvements de nage, même si la synchronisation laisse à désirer. "Tout le monde sans exception voulait le voir gagner, pas que les Français. Il y a notamment eu un soir avec environ 9 000 Américains dans la salle et ils étaient debout pour Léon", raconte Quentin Ramelet, journaliste du service des sports de franceinfo.

Oscar, le frère de Léon Marchand, va dans le même sens : "Ce qui m'a marqué, c'est vraiment l'engouement autour de lui, dans la piscine. Tout le monde scandait son prénom." Après ses passages sur le podium, les supporters ont repris en chœur Que je t'aime de Johnny pour fêter chaque nouvelle médaille d'or du Français, comme le soir de son doublé historique sur le 200 m papillon puis le 200 m brasse. Certains supporters ont voulu revisiter les paroles de la La Marseillaise, en remplaçant tout simplement "Marchons, marchons" par "Marchand, Marchand".

Les supporters de Léon Marchand applaudissent le Français lors de la finale du 200 m brasse masculin lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 à la Paris La Défense Arena, le 31 juillet 2024, à Nanterre. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

La ferveur dépasse la piscine olympique. Dans les rues, aux terrasses des bars, les Français ont sorti les téléphones portables à chacune des finales du prodige. A Lyon, Camille et sa famille "improvisent" une mini fan zone familiale dans leur salon afin de "suivre toutes les courses" du nageur. Au Grand Palais, comme dans les autres enceintes sportives, certaines épreuves ont marqué une pause en raison du bruit émis par le public français. "Tout le monde a sorti son téléphone pour se connecter afin de suivre la finale du 200 m quatre nages", témoigne Laetitia, qui était dans les tribunes du Stade de France vendredi. "Le stade était tellement bruyant que le speaker a demandé le silence pour le 400 m hommes du décathlon qui était censé partir, mais il a dû renoncer et a demandé aux athlètes de se relever en attendant la fin de la course de Léon."

"Cet homme est un poisson"

Si le jeune surdoué des bassins a gagné une telle popularité en une semaine, il le doit aussi à sa personnalité. "Il est accessible, on a l'impression qu'il ne fait pas ça pour l'argent, mais vraiment pour la médaille et que ça représente quelque chose pour lui", estime Céline. "Il est ultra-humble. Il montre sa joie, mais sans excès. Donc c'est quelqu'un qu'on a envie aussi de mettre en avant par ses valeurs. Il a bien fait de continuer la natation", ajoute Valentine, une Parisienne de 28 ans. En plein doute et proche du burn-out, le nageur français a effectivement failli mettre un terme à sa carrière il y a quatre ans. Il a alors fait appel à un préparateur mental avant de relever la tête. "C'est incroyable ce qu'il a fait. Il a un mental d'enfer et il a l'air gentil comme tout", sourit Cécile, en arrivant dimanche à la Paris La Défense Arena.

"Je suis fière d'être française grâce à lui."

Cécile, supportrice de Léon Marchand

à franceinfo

Au Club France, installé dans le parc de la Villette, le public était debout à chaque course du nouveau roi de la natation. "Cet homme est un poisson, il est extraordinaire. Cela peut paraître bête, mais, en plus, il a l'air sympa avec son visage juvénile, il ne se prend pas au sérieux", confie Marie-Caroline, derrière le stand du ministère de l'Intérieur. La jeune femme, "à fond" n'a pas raté une course du Français. "Cela va me manquer, c'était mon rendez-vous quotidien." 

Léon Marchand, avec sa quatrième médaille d'or autour du cou, célèbre avec ses supporters sa victoire sur le 200 m 4 nages des Jeux olympiques de Paris, le 3 août 2024, à la Paris La Défense Arena. (COUVERCELLE ANTOINE / KMSP)

Signe de la nouvelle dimension prise par le Français, son club toulousain, les Dauphins du TOEC, réfléchit déjà à donner le nom de son célèbre licencié à une future piscine, prévue à l'horizon 2026. Du côté de la famille du nageur, on "appréhende" un peu désormais la suite. "Ça fait bizarre. Mais on va faire au mieux, comme on peut. Je pense que sa vie va un peu changer et c'est à lui de bien le gérer", témoigne Xavier, le père du jeune champion, ancien nageur, finaliste du 200 mètres 4 nages aux Jeux olympiques à Atlanta.

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