JO de Paris 2024 : parfois touchés jamais coulés, ces volleyeurs français sont insubmersibles
Mille difficultés ont donné naissance à cette équipe de France. A force de les agréger et de continuer malgré tout à tourner rond, elle en est devenue une planète à part entière, gravitant autour de son astre victoire. Il lui fallait bien ça pour se faire sa place parmi les trois seules étoiles à avoir réalisé le doublé olympique. Et ce, malgré la pression du public et d'un titre à défendre.
Les Tricolores s'en sont servis plutôt que de se faire écraser par leur poids. En finale, samedi 10 août, ils ont balayé la Pologne (3 sets à 0), pourtant première nation mondiale, emportée dans le tourbillon bleu. Tout comme l'Italie quelques jours avant. Mais, avant ces démonstrations, la voie vers l'or n'a pas toujours été pavée de roses pour les désormais double champions olympiques.
Elle n'est pas aussi certaine que la mort et les impôts mais la victoire des Bleus semble presque avoir été écrite d'avance. Une quasi-certitude qui remonte aux quarts de finale, quand, menée 2 sets à rien par l'Allemagne, elle est parvenue à redresser une situation terriblement mal engagée. A force d'expérience, ces hommes n'en sont plus à un miracle près. Ils ont traversé tellement de tempêtes, joué sur des terrains férocement hostiles, qu'ils sont désormais parés à tous les combats. Une fois que la machine est lancée, elle ressemble à un rouleau compresseur. "Ce groupe a vraiment quelque chose de spécial", souffle Earvin Ngapeth après ce nouveau sacre. "On aime passer du temps ensemble, on aime souffrir ensemble, on aime aller au bout de la terre pour jouer au volley ensemble."
"Mettez-nous qui vous voulez en face, quand on est comme ça, on peut tout gagner", prévenait avant la finale l'ancien international Julien Lyneel. Tout Wilfredo Leon qu'il est, à savoir le meilleur attaquant du monde, le monstre bondissant de la sélection polonaise est resté dans sa boîte en finale. Enfermé à double tour par un block sans fissure érigé par un Jean Patry étourdissant (17 points au total).
Si cette équipe de France ne paraît jamais douter c'est parce qu'elle sait d'où elle vient. C'est-à-dire de nulle part ou presque. Construite sur les vestiges d'une génération évaporée (non qualifiée pour les Jeux de 2008 et 2012 et éliminée en poules en 2016), elle a su patiemment se bâtir pierre par pierre. Quand l'architecte de ce renouveau, Laurent Tillie, est parti après l'or de Tokyo, les Bleus ont réussi à digérer le départ précoce, pour raisons familiales, de son successeur Bernardinho pour accueillir Andrea Giani.
La grande réussite de ce dernier aura été de conserver intact l'état d'esprit de ces joueurs. Sans jamais chercher le passage en force. En accompagnant plutôt qu'en imposant. Rien n'est plus dangereux qu'un volleyeur français en confiance. Soutenu par un public en totale osmose avec elle. "C'est vraiment une force en plus", exultait Earvin Ngapeth après la demi-finale contre l'Italie, "on se nourrit de ça".
Un public en osmose totale avec son équipe
Chauffée à blanc, l'Arena Porte Sud a rugi sur chaque attaque, sur chaque contre, sur chaque balle défendue. Trévor Clévenot, médaille d'or au cou, savourait : "On a eu le titre à Tokyo, à huis clos, c'était un peu spécial alors que là, l'ambiance est dingue (...) On a senti un engouement, la salle était bargeot. Ils nous ont poussés. Dès qu'il y avait un moment chaud, le public nous poussait tellement qu'on faisait la différence". Un refrain repris par son coéquipier Jenia Grebennikov quelques instants plus tard : "Ca change tout, surtout dans les fins de sets et les matchs serrés", explique-t-il. "Tu te dis que tu ne peux pas lâcher, que tu es en France, devant les fans et la famille, et ça nous a transcendés sur certains moments."
Aussi à l'aise en milieu hostile – elle avait écarté la Pologne chez elle en demi-finales de la Ligue des nations en juin dernier – que lorsqu'elle est portée par des milliers de voix, cette équipe protéiforme a prouvé, au meilleur moment, sa capacité à s'adapter. "On a été chanceux d'être la bonne génération au moment où les Jeux sont à Paris", conclut Antoine Brizard. On ne pouvait effectivement pas rêver meilleur alignement de planètes.
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