Marseille. Ce que l'on sait de l'expulsion de Roms par des habitants
Des habitants d'une cité de Marseille ont délogé des Roms installés dans leur voisinage, avant d'incendier les restes du campement, jeudi 27 septembre. Aucune interpellation n'a été effectuée.
SOCIETE - Cela ressemble à une expédition punitive. Des riverains marseillais ont poussé plusieurs familles roms à fuir leur campement installé "sur un terrain vague" de la cité des Créneaux, dans les quartiers nord de Marseille, jeudi 27 septembre, révèle le quotidien La Provence. FTVi vous dit tout de cet évènement.
Pourquoi les riverains sont-ils passés à l'acte ?
Les habitants se sont organisés seuls, de manière spontanée, mais en prévenant Samia Ghali, sénatrice-maire socialiste des 15e et 16e arrondissements de Marseille. Dans La Provence, l'un des riverains s'explique, sous couvert d'anonymat : "[...] On n'était pas vraiment contre le fait qu'ils restent là. On leur a juste dit de ne pas faire de bêtises. En deux jours, on a eu plusieurs cambriolages. Alors, avec plusieurs personnes, on s'est rassemblé et on les a fait partir."
Une autre habitante détaille les lourdeurs administratives, qui ont, selon elle, poussé les riverains à agir. "Chaque fois, c'était la même réponse. Qu'il fallait attendre plusieurs mois, avant qu'il y ait une intervention. Ce qu'on nous laissait entendre, c'était 'débrouillez-vous tout seuls'. Très bien, c'est ce qu'on a fait", confie-t-elle.
Interviewé par nos confrères de France 3, Rachid, un habitant du quartier, raconte comment l'opération s'est déroulée :
Qu'a fait la police ?
Les policiers sont arrivés sur place vers 19 heures 30, mais n'ont pas procédé à des arrestations en l'absence d'agression physique. Ils ont surtout veillé à ce que tout se passe sans débordement, séparant la trentaine d'habitants mécontents des familles roms.
Finalement, "c'est la police qui a fait partir les Roms car ils étaient en situation dangereuse", raconte Samia Ghali dans Le Figaro.fr. "Quand j'ai appelé la police du quartier, elle m'a répondu que désormais, elle ne pouvait pas intervenir sans autorisation du préfet. Du coup, c'est quand la situation menaçait de dégénérer [...] que la police est venue." Les familles ont alors évacué la zone avec leurs véhicules et leurs caravanes, laissant quelques affaires que les habitants ont incendiées dans la nuit.
Quelles sont les réactions sur le terrain ?
"Je comprends le désarroi des habitants", a martelé la même élue, interrogée vendredi matin par France Info. Selon Samia Ghali, "ces installations, dans des quartiers difficiles, de personnes en difficulté, ne font que rajouter de la difficulté à la difficulté". Et les habitants "en ont ras-le-bol", lâche-t-elle au micro de France 3 tout en expliquant ne pas condamner cette action.
Du côté des associations, l'effarement domine. Mais pour Caroline Godard, membre de l'association Rencontres tsiganes, "ce n'est pas étonnant qu'on en arrive là : il y a un climat de tension qu'on attise. On en arrive à la guerre entre pauvres."
Le délégué régional de la Fondation Abbé Pierre, Fathi Bouaroua, abonde dans ce sens. "Les gens disent que l'Etat ne fait rien et ils passent directement à l'action, analyse-t-il. Cette situation fait deux victimes : les Roms, qui ont désormais peur pour leur sécurité, et les populations défavorisées qui se trouvent confrontées à une dégradation de leur environnement. La situation est plus que tendue partout dans la ville." L'élue Samia Ghali en est même convaincue : "Cela se reproduira."
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