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Canicule : en Haute-Savoie, les guides redoutent des chutes de glace et de pierres face à une situation "déjà très dégradée"

La préfecture de Haute-Savoie appelle les alpinistes à la vigilance. Des températures proches des 10 degrés sont attendues pendant plusieurs jours, et ce, à 3 800 mètres.

Article rédigé par Etienne Monin, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Mer de Glace du massif du Mont-Blanc, depuis Chamonix, le 9 juillet 2022. (Photo d'illustration) (OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

Franck Chapon, guide de haute montagne à Chamonix (Haute-Savoie) depuis 35 ans, organise des ascensions du Mont-Blanc. Mais avec les très fortes chaleurs de ce mois de juillet, il est contraint de revoir son organisation : "Cela nous oblige à partir beaucoup plus tôt et à faire l'essentiel des grandes courses de neige et de glace dans la nuit, pour profiter au maximum des températures les plus fragiles". Les prévisions météo indiquent des températures proches des 10 degrés pendant plusieurs jours, et ce à 3 800 mètres. À cette période, les normales saisonnières devraient être de zéro degré.

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Deux semaines après le drame du glacier de la Marmolada, qui a fait au moins onze morts au début du mois dans les Alpes italiennes, la préfecture de Haute-Savoie appelle à la vigilance sur la voie d'accès normale du Mont-Blanc, dite "du Goûter". Elle s'inquiète des conséquences de la sécheresse que connaît le département depuis plusieurs semaines

Le Mont-Blanc a déjà connu une vague de chaleur lors de la canicule de 2003. Mais cette fois, la grande différence, c'est que "la montagne a déjà énormément souffert de toutes les dernières canicules", détaille Ludovic Ravanel, géomorphologue au laboratoire Edytem de l’université de Savoie. "En 2003, la haute montagne était encore en bonne condition", souligne-t-il. Cette année, le 18 juin, lors de la précédente vague de chaleur de 2022, 10,4 °C ont été relevés à près de 4 800 mètres d’altitude. Soit quasiment quatre degrés de plus que le précédent record, qui date de 2019 et qui était de 6,8 °C. "On a une situation qui est déjà très dégradée à l'approche de ce nouvel épisode caniculaire qui s'annonce assez long", s'inquiète le spécialiste.

Des groupes WhatsApp pour les accidents

Le syndicat des guides de haute montagne a envoyé un message de prévention à l'ensemble de ses adhérents pour les sensibiliser sur les risques de chutes de glace ou de pierres. "Il y a des sommets plus dangereux que d'autres. L'aiguille du Goûter, on voit bien que c'est dangereux. La Tour Ronde ou même l'accès à la dent du Géant maintenant, c'est un accès particulièrement exposé aux chutes de pierres", note Christian Jacquet, vice-président du syndicat.

Pour surveiller l’évolution du massif et tenter de prévenir les accidents des groupes WhatsApp ont été créés. Les guides ont été formés sur les signes avant-coureurs de déstabilisation qu’ils peuvent communiquer au chercheur, Ludovic Ravanel.

Ces signes peuvent être des "écoulements d'eau", souligne le scientifique. Le Mont-Blanc est en mauvais état. Le permafrost, qui sert de ciment pour la roche, est fragilisé par le réchauffement climatique. "On peut traduire la fonte de la glace dans les fissures. Or, c'est cette glace qui a un rôle de ciment. On peut imaginer aussi des chutes de pierres qui se produisent dans des secteurs ou auparavant, il ne se passait rien", observe-t-il.

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