Climat : les vagues de chaleur aggravent dangereusement la pollution, "un cercle vicieux", alerte l'Organisation météorologique mondiale
Alors que plusieurs records de température ont encore été battus dans l'Hexagone depuis le début du mois de septembre, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) tire la sonnette d'alarme. En 2022, les vagues de chaleur ont été à l'origine de mégafeux dans le nord-ouest des Etats-Unis et ont abaissé la qualité de l'air jusqu'à des "niveaux dangereux", affirment les experts de l'institution, dans un nouveau rapport paru mercredi 6 septembre.
Rendues plus intenses et plus fréquentes par le changement climatique, "les vagues de chaleur dégradent la qualité de l'air, ce qui a des répercussions sur la santé humaine, les écosystèmes, l'agriculture et, en fait, sur notre vie quotidienne", déclare le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. Pendant l'été 2022, le plus chaud jamais enregistré en Europe, des concentrations d'ozone "supérieures à la limite préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)" ont été enregistrées dans "des centaines de sites de surveillance" sur tout le continent, alerte l'OMM dans son communiqué de presse. Les niveaux de poussières du désert ont également été "anormalement élevés", au-dessus de la Méditerranée en Europe.
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Ce dangereux cocktail d'aérosols (des particules en suspension) associé à des hautes températures, a des répercussions "sur la santé et le bien-être", rappellent les experts. Les fortes concentrations d'ozone ont aussi causé de graves dommages aux agriculteurs. Au niveau mondial, "les pertes de récoltes dues à l'ozone oscillent en moyenne entre 4,4% et 12,4% pour les cultures vivrières de base, les pertes de blé et de soja pouvant atteindre 15% à 30% dans les principales régions agricoles de l'Inde et de la Chine", relève l'OMM.
Un été 2023 "encore plus extrême"
Quelques jours après la publication d'une étude selon laquelle la pollution atmosphérique présente un plus grand risque pour la santé mondiale que le tabagisme ou la consommation d'alcool, Petteri Taalas insiste sur le fait que le changement climatique et la qualité de l'air "vont de pair et doivent être abordés ensemble pour briser ce cercle vicieux".
Face à ces phénomènes, les experts insistent sur le rôle la végétalisation, notamment pour lutter contre les "îlots de chaleur urbains", soit l'excès de température que l'on mesure dans des villes, en raison de l'omniprésence du bitume. Les experts citent des mesures de température et de CO2 effectuées dans deux parcs à Sao Paulo, au Brésil, qui montrent que les espaces verts permettent d'atténuer l'impact de la hausse des températures et de la concentration de CO2.
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Si le bulletin de l'Organisation météorologique mondiale concerne l'année 2022, "ce à quoi
nous assistons en 2023 est encore plus extrême", avec un mois de juillet historiquement chaud et une "chaleur intense dans de nombreuses zones de l'hémisphère
Nord", avertit Petteri Taalas.
Cet été, les incendies ont ravagé "d'immenses étendues" au Canada, fait des dégâts "tragiques" et au moins 100 morts à Hawaï et causé "de graves dommages et des pertes humaines" en Méditerranée. Enfin, ils sont "responsables d'un abaissement de la qualité de l'air à des niveaux dangereux pour des millions de personnes et du déplacement de panaches de fumée dans l'Atlantique et jusqu'en Arctique", note encore le secrétaire de l'OMM.
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