Comment les incendies aggravent le réchauffement climatique : "Ça ajoute de l'excès à l'excès", explique une physicienne de l'atmosphère
Alors que de nombreux incendies sont en cours dans le monde, franceinfo revient avec la directrice de recherche au CNRS Cathy Clerbaux sur leur impact sur la pollution atmosphérique.
Les incendies se multiplient ces dernières semaines, et ils ne semblent épargner aucune zone de la planète. La Californie connaît le deuxième plus grand feu de son histoire, les incendies en Sibérie se ressentent jusqu'au pôle Nord, tandis que les feux sur le pourtour méditerranéen en Turquie, Grèce et Algérie chassent les habitants de chez eux.
Au-delà des drames humains, ces événements climatiques particulièrement virulents peuvent-ils aggraver la pollution sur la planète ? Franceinfo s'est entretenu avec Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS et physicienne de l'atmosphère.
Franceinfo : Quel est l'impact des incendies sur la pollution et la composition atmosphérique ?
Cathy Clerbaux : Lorsqu'on est très proche de l'incendie, il y a un impact évident sur la qualité de l'air. Les particules dégagées par les feux opacifient l'atmosphère. De plus loin, via des satellites, on observe des modifications atmosphériques. Le monoxyde de carbone se déplace partout dans le monde, il est très facilement observable, bien plus facilement que le dioxyde de carbone (CO2).
Cette facilité d'observation permet de voir que le monoxyde de carbone se déplace au fur et à mesure sur le globe. Par exemple, en ce moment avec les satellites, on observe que les gaz dégagés par les incendies en Californie sont poussés vers l'Europe, et ceux de Sibérie, vers la Californie. Et les gaz qui se dégagent restent un moment dans l'atmosphère : pour le monoxyde de carbone, ça stagne quelques mois, alors que le CO2, lui, reste présent pendant des années.
Quels sont les effets des fumées sur la santé ?
Les cendres et le carbone-suie dégagés par les feux sont nocifs pour l'organisme humain. Ils vont affecter directement le système cardiovasculaire de toute personne proche de l'incendie, car les poumons ne peuvent les assimiler. Les feux de végétation [comme ceux que l'on voit en Algérie] peuvent dégager d'autres substances toxiques, également nocives pour le système cardiovasculaire.
En revanche, le monoxyde de carbone qui se développe en excès lors des incendies est nocif pour l'être humain en milieu confiné, mais pas pour les incendies extérieurs.
Y a-t-il un effet sur le changement climatique ?
Incontestablement. Le CO2 dégagé par les incendies augmente la température de la Terre, il est donc impliqué dans le changement climatique. Quand il y a une série de feux comme ceux que l'on connaît cet été, ça rajoute de l'excès sur de l'excès.
Si les incendies ne sont pas limités, il faudra faire encore plus d'efforts pour réduire les effets du CO2 pour atteindre l'objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 °C, fixé par la COP21. Or, plus il fait chaud, plus il y a des risques de sécheresse et donc d'incendies, ce qui dégagera à nouveau du dioxyde de carbone. C'est un cercle vicieux.
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