L'article à lire pour comprendre la COP21
Les négociateurs réunis à Paris début décembre n'ont que quelques jours pour mettre tous les pays du monde d'accord sur un même texte.
Sauver la planète, ou presque. C'est la mission des milliers de négociateurs réunis du 30 novembre au 11 décembre au Bourget (Seine-Saint-Denis) dans le cadre de la COP21, la conférence des Nations unies sur le climat. Les représentants des 195 pays membres doivent trouver un accord permettant de limiter l'augmentation des températures sur l'ensemble du globe.
Un "sommet de la dernière chance" censé dicter la politique écologique à venir à l'échelle mondiale, mais dont le fonctionnement et les ambitions restent parfois flous pour le commun des mortels.
Bon, déjà, pourquoi ça s'appelle "COP21" ?
Le nom COP21 désigne la 21e conférence des parties ("conference of the parties" en anglais, d'où "COP"). On appelle "parties" les Etats qui ont signé la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (document en PDF), soit 195 pays. Rédigé en 1992, ce texte bénéficie lui aussi d'un acronyme charmant : CCNUCC. Trois ans après sa rédaction, la première "COP" s'est déroulée à Berlin, en Allemagne, en 1995. Une COP a ainsi lieu chaque année. Mais elle peut revêtir une importance particulière en fonction des objectifs fixés dans les éditions précédentes.
On l'a bien vu avec Copenhague : ces sommets ne servent à rien. Alors pourquoi on en parle autant ?
Parce que cette fois, l'enjeu est de taille. Le programme ambitieux de cette "super-réunion" a été décidé dès 2011, à Durban, en Afrique du Sud. Les négociateurs rassemblés pour la COP17 s'y sont mis d'accord... pour se mettre d'accord plus tard, en 2015. Ils ont convenu qu'à cette échéance, les Etats devraient signer un nouvel accord international sur le climat qui soit applicable à tous les pays, avec un objectif commun : maintenir le réchauffement mondial sous la barre des 2°C par rapport à la fin du XIXe siècle, et d'ici 2100.
Pourquoi 2°C, et pas 1°C ou 3°C ?
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a étudié différents scénarios correspondant à des hausses plus ou moins importantes des températures. Ils ont conclu qu'avec une augmentation de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, l'humanité sera capable de s’adapter à temps aux phénomènes météorologiques qui en découleront (fonte des glaces, montée des eaux, sécheresses, etc.) A 4°C, en revanche, les dégâts seraient colossaux et irréversibles. Enfin, parler de degrés plutôt que de "parts par million", l'unité de mesure des gaz à effet de serre, permet de se faire comprendre de tous.
Ce plafond a été discuté à Bali (Indonésie, COP13), mentionné en 2009 à Copenhague (Danemark, COP15) et validé l'année suivante à Cancun (Mexique, COP16). Vous voyez, avec les COP, tout avance lentement, mais sûrement.
Ce nouvel accord viserait donc à concrétiser cet objectif de 2°C. S'il est ratifié, il sera le premier du genre, puisqu'il n'existe aucun texte exigeant que tous les pays du monde réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, principale cause de ce réchauffement.
Mais réduire les gaz à effet de serre, ce n'était pas déjà l'objectif du protocole de Kyoto ?
C'est vrai, ce protocole signé en 1997 au Japon (à l'occasion de la COP3) exige des pays signataires qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre. Censés s'appliquer de 2008 à 2012, ces engagements ont été prolongés jusqu'à 2020. Mais pas au-delà, c'est pourquoi l'accord tant attendu à Paris doit être appliqué à cette date. Pour prendre le relais, en quelque sorte.
En 2020, en vertu du protocole de Kyoto, les pays de l'Union européenne devront avoir réduit leurs émissions d'au moins 20% par rapport au niveau de 1990. Mais les objectifs diffèrent d'un pays à l'autre et certains n'ont pas joué le jeu. Citons au hasard les deux plus gros pollueurs de la planète : les Etats-Unis, qui ne l'ont jamais ratifié, et la Chine qui, considérée comme un pays en développement, n'a pas eu à se fixer d'objectif contraignant. Or, à eux deux, ils émettaient 40% des gaz à effet de serre en 2010. D'où l'urgence d'un accord mondial qui contraigne les gros émetteurs.
Qui va participer au sommet ?
Les 195 pays signataires seront tous présents à Paris par le biais de représentants : la plupart des chefs d'Etat feront une apparition à la COP, mais ils ne participeront pas à la totalité des débats. Ça, c'est l'affaire des négociateurs. Dans chaque pays, des groupes d'experts ont été désignés par les gouvernements pour accomplir cette tâche. En France, ils sont issus de différents ministères (Affaires étrangères, Finances et Agriculture). Au total, la délégation tricolore compte une quarantaine de personnes, réparties en quatre pôles thématiques détaillés ici. Elles travaillent sous la houlette de Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations sur les changements climatiques et représentante spéciale pour la conférence Paris 2015.
Si les chefs d'Etat interviendront en début de sommet, "pour donner une impulsion" selon les mots du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ce sont les ministres qui négocieront l'accord final. "Nous voulons éviter ce qui s'est passé à Copenhague, où, au dernier moment, sont arrivés un certain nombre de chefs d'Etat qui ont pensé pouvoir résoudre les problèmes et qui n'ont rien résolu du tout", a fait valoir le chef de la diplomatie française.
Outre ces délégués gouvernementaux, des "observateurs" issus de la société civile participent aux négociations. Syndicats, ONG, industriels... ils sont répartis en neuf pôles. Tous les acteurs français de la conférence figurent dans ce trombinoscope publié par l'agence de presse AEF.
Concrètement, sur quoi cela va-t-il déboucher ?
Les négociateurs doivent soumettre un texte qui ait une valeur juridique dans tous les pays, avec des engagements précis, comme le taux de réduction des gaz à effet de serre qu'on trouve dans l'accord de Kyoto. Il doit être adopté à l'unanimité à l'issue du sommet.
La difficulté : ces engagements doivent être en phase avec les moyens et les différents niveaux de responsabilités des Etats vis-à-vis de ces émissions. Et ce afin d'éviter de braquer les nouvelles puissances, légitimement réticentes à payer pour les émissions des pays riches. A Copenhague, l'Inde avait fait valoir son "droit au développement", entraînant dans son sillage d'autres pays émergents.
Enfin, il faudra parler gros sous : à partir de 2020, les pays du Nord devront verser100 milliards de dollars par an à leurs homologues du Sud, afin qu'ils investissent dans des énergies propres tout en assurant leur développement.
Il y a eu d'autres sommets sur le climat cette année, pourquoi tous ces rendez-vous ?
Parce que mettre d'accord 195 pays n'est pas une partie de plaisir. Depuis le début de l'année 2015, les négociateurs se réunissent donc régulièrement pour élaborer un texte qui servira de base aux discussions finales. Ils travaillent à partir des "contributions nationales", ou INDC (acronyme de l'anglais "Intended nationally determined contributions"), rendues par chaque pays. Dans ces textes, les 195 Etats font le point sur les efforts qu'ils sont disposés à faire.
Ces derniers mois, les négociateurs les ont épluchés tout en planchant sur un texte commun à présenter à Paris. A son tour, ce texte fera l'objet de négociations. Parfois, les négociateurs peuvent passer des heures à débattre d'une virgule, relatait Libération en juin. Résultat : pendant la deuxième (et avant-dernière) session de négociations, à Bonn (Allemagne), commencée fin août, l'ébauche de leur texte comptait encore plus de 80 pages.
Et à part ça, c'est bien parti ?
Bof. Pendant les négociations qui ont précédé la COP21, de nombreux participants ont déploré la lenteur des échanges, réclamant davantage de "discussions sur le fond" et moins de débats "conceptuels". Les négociateurs peinant à rédiger un texte court, concis et négociable en l'état, ont eu droit à une journée supplémentaire pour le travailler : la conférence débute avec un jour d'avance sur le programme, le samedi 28 novembre.
Si beaucoup d'entre eux sont convaincus qu'il y aura un accord, ils craignent que ce dernier ne soit mauvais ou insuffisant pour limiter le réchauffement mondial à 2°C. Début septembre, une étude (document en PDF, en anglais) de chercheurs européens a assuré que les différents projets nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffiraient pas en l'état à contenir le réchauffement climatique sous ce seuil. Après avoir épluché les INDC de quinze pays, ils ont estimé que sept pays faisaient même des propositions à côté de la plaque (Australie, Canada, Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande, Singapour et Russie). Les textes de la Chine, des Etats-Unis, du Mexique, de la Norvège, de la Suisse et de l'Union européenne ont été qualifiés de moyens. Seules les contributions présentées par l'Ethiopie et le Maroc ont été jugées "suffisantes".
Un constat inquiétant alors qu'une centaine de pays en développement, en particulier les plus exposés à une montée du niveau des océans, réclament pour leur part un objectif plus ambitieux : plafonner le réchauffement à 1,5°C.
Je n'ai pas la patience d'un négociateur de la COP21 et j'ai scrollé vers le bas. Un petit résumé ?
A partir du 30 novembre et jusqu'au 11 décembre, des représentants des 195 pays des Nations unies se retrouvent à Paris pour la 21e Conférence des parties (COP). Depuis plusieurs mois, des négociateurs de tous les pays travaillent sur un texte qui devra contraindre tous les Etats à faire leur possible pour que la température mondiale n'augmente pas de plus de 2°C d'ici 2100, par rapport à celle enregistrée à la fin du XIXe siècle. Si tout va bien, à la fin de la conférence, tous le ratifieront et s'apprêteront à le mettre en application en 2020.
La difficulté, c'est de mettre tout le monde d'accord sur un texte qui soit vraiment contraignant et juste envers tous les pays, dont on sait que certains ont pollué et polluent beaucoup plus que d'autres, notamment les pays riches. S'ils n'y parviennent pas, il faudra trouver une nouvelle date pour discuter de ce texte. Or, le temps presse. Selon les climatologues du Giec, il faut absolument éviter de dépasser les 2°C, sinon les catastrophes météorologiques se multiplieront, menaçant les équilibres géopolitiques sur toute la planète.
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