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Nicolas Hulot craint que le Ceta, traité de libre-échange UE-Canada, "ne soit pas climato-compatible"

Des manifestations anti-Ceta sont organisées dans 35 villes de France samedi 15 octobre. Pour Nicolas Hulot, ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada est incompatible avec les objectifs de l'accord de Paris sur le climat.

Article rédigé par Guillaume Gaven, franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Nicolas Hulot, le 13 octobre 2016, lors d'une conférence de presse sur le traité de libre-échange Ceta (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Il fait moins parler de lui que le Tafta, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis. Mais le Ceta suscite de plus en plus de réticences. Ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada doit être signé le 27 octobre à Bruxelles. Le collectif Stop Tafta appelle à des manifestations anti-Ceta samedi 15 octobre dans 35 villes de France.

Les opposants ont reçu le soutien d'une personnalité de poids : Nicolas Hulotl'ex-envoyé spécial de François Hollande pour la conférence sur le climat, la COP21. Il appelle à repousser la signature du traité.

Guillaume Gaven : Pourquoi vous engagez-vous contre le Ceta ?

Nicolas Hulot : D'habitude les traités de libre-échange portent uniquement sur les taxes douanières. Le Ceta, lui, va beaucoup plus loin. Il porte notamment sur l'harmonisation de normes. Ce traité comporte plus de 1 500 pages, parmi lesquelles seules 13 pages non-contraignantes portent sur le développement durable. Il a été élaboré avant l'accord de Paris sur le climat. Nous craignons donc qu'il ne soit pas climato-compatible.

En clair, vous craignez que le Ceta nous empêche d'atteindre les objectifs de la COP21 de limiter le réchauffement climatique à 2°C d'ici 2100 ?

Je vous donne un exemple. Les États-Unis et le Canada sont liés par un traité commercial. L'an dernier, le président américain Barack Obama a pris la décision de renoncer à la construction d'un oléoduc, qui devait importer du Canada des sables bitumineux. Problème : aujourd'hui, au nom de ce traité commercial, l'entreprise TransCanada demande à l'administration américaine 15 milliards de dollars de dommages et intérêts.

Cela signifie que le Ceta, lui aussi, risque d'ouvrir des contentieux. En Europe, nous avons des normes environnementales bien plus fortes. Ce traité va harmoniser les normes vers le bas. Il va ouvrir la possibilité d'importer massivement des produits, qui ne sont pas autorisés chez nous dans le circuit de consommation. Des pays européens ont par exemple adopté un moratoire sur les OGM. Le Ceta risque d'ouvrir des contentieux via des tribunaux d'arbitrage privés.

Est-ce que les opposants anti-Ceta ne se réveillent pas un peu tard ?

Certains dénoncent ce traité Ceta depuis longtemps. Mais tout s'est décidé dans une grande opacité. Les observateurs n'ont pas forcément vu qu'il y avait une incompatibilité. J'ai même interpellé la ministre Ségolène Royal, qui elle non plus n'avait pas perçu cette incompatibilité. Je ne fais pas de procès d'intention. Si nous voulons tenir nos objectifs, il faut mettre fin à ces procédés.

Nicolas Hulot au micro de Guillaume Gaven
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