Coronavirus : le "jour du dépassement" a reculé de trois semaines avec la baisse des abattages forestiers
L'ONG Global Footprint Network calcule chaque année la date théorique à partir de laquelle l'humanité a épuisé les ressources naturelles produites par la planète en un an. Cette date a été fixée au 22 août en 2020, contre le 29 juillet en 2019.
Comme chaque année, l'ONG Global Footprint Network a calculé la date du "jour de dépassement" de la Terre, c'est-à-dire le moment à partir duquel l'humanité a utilisé toutes les ressources que la planète peut renouveler pendant l'année. Cette fois, le think-tank a fixé cette date au 22 août (en anglais), soit trois semaines plus tard qu'en 2019 (29 juillet) et à une valeur équivalente à celle de 2004. Une fois n'est pas coutume, cette journée symbolique où le monde entre en "déficit écologique" arrive donc plus tard que les années précédentes, souligne l'ONG, vendredi 5 juin.
Ce résultat à contre-courant est la conséquence directe des mesures sanitaires mises en œuvre pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, selon les auteurs de l'étude. Global Footprint Network cite notamment la diminution "de la récolte de bois et des émissions de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles" pour justifier cette amélioration. "Même si la construction s'est poursuivie pendant la pandémie, souligne l'ONG, l'industrie forestière a anticipé une baisse de la demande à venir et a donc rapidement réduit les taux d'abattage des arbres."
L'ONG réclame un "revirement écologique planifié"
Pour calculer ce "jour du dépassement", Global Footprint Network agrège les "divers types d'utilisation des surfaces biologiquement productives par toutes les communautés humaines" : nourriture, bois, fibres, absorption du carbone et infrastructures. Cet agrégat permet de livrer un indicateur et de dégager une évolution de la situation au fil des ans. La date du 22 août cache d'ailleurs de nombreuses disparités. Ainsi, le "jour du dépassement" serait en réalité fixé au 11 février avec les seules données qataries, mais au 18 décembre avec les données indonésiennes. Pour la France, ce jour serait le 14 mai.
Cette "contraction soudaine de l'empreinte écologique d'une année à l'autre" n'est pas satisfaisante, ajoute toutefois l'ONG, car elle résulte d'une catastrophe mondiale plutôt que d'un "revirement planifié". En d'autres termes, c'est aux décideurs politiques de mettre en œuvre un "principe de régénération" pérenne, et non à un virus de forcer les choses. Global Footprint Network estime que la pandémie a d'ailleurs montré que les gouvernements étaient capables d'agir rapidement, "tant en termes de politiques publiques que de dépenses, lorsqu'ils placent la vie humaine au-dessus de tout".
L'ONG réclame donc un effort concerté pour mettre en place de réelles politiques de développement durables, en insistant sur l'évolution négative de son indicateur. Elle estime aujourd'hui que l'humanité utilise 60% de plus que ce qui peut être renouvelé – "autant que si nous vivions sur 1,6 planète". Comme le montre cette image animée, cette situation tend à se détériorer d'année en année depuis la fin des années 1970, quand le monde est entré en "déficit écologique".
Destinée avant tout à sensibiliser la population à la protection de l'environnement, la notion de "jour du dépassement" est régulièrement critiquée pour son approximation. En 2010, l'ex-responsable de l'ONG WWF au Royaume-Uni, Leo Hickman, estimait qu'il était impossible d'agréger des données aussi diverses pour aboutir à un seul chiffre. Dans une tribune (en anglais), il estimait que cela revenait à "comparer des pommes et des poires afin d'arriver à une conclusion globale".
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