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Débat de la présidentielle : le porte-parole de négaWatt tacle les propositions d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen en matière d'énergie

Pour Yves Marignac, invité de franceinfo jeudi, la candidate RN "n'a pas l'ambition de mener une politique efficace pour le climat" et le projet d'Emmanuel Macron "manque cruellement" d'une politique de sobriété et d'efficacité énergétique.

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Une photo d'une télévision montre le débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle 2022 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le 20 avril 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Après le débat de l'entre-deux-tours mercredi soir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le porte-parole de l'association négaWatt, Yves Marignac, est revenu jeudi 21 avril sur franceinfo sur les positions des deux candidats au second tour de la présidentielle 2022 concernant l'énergie. Pour lui, "Marine Le Pen ne propose aucune solution pour décarboner la production" et Emmanuel Macron "échoue à dessiner un vrai projet de transformation vers une économie décarbonée".

>> Présidentielle 2022 : ce qu'il faut retenir du débat de l'entre-deux-tours

franceinfo : Que vous ont inspiré les échanges des candidats sur le nucléaire ?

Yves Marignac : On a eu par Marine Le Pen la démonstration qu'elle n'a effectivement pas l'ambition de mener une politique efficace pour le climat et qu'elle a une difficulté à boucler la vision d'un système énergétique. Elle prétend à la fois suivre un objectif de réduction des énergies fossiles, arrêter le développement des énergies renouvelables et même démonter celles qui existent, ce qui plongerait la France dans le noir puisque notre système électrique compte significativement sur la production des éoliennes. Il ne reste donc que le nucléaire et on sait que tout nouveau réacteur, au-delà de celui en construction à Flamanville, ne peut pas être mis en service avant 2035 au mieux. Marine Le Pen ne propose aucune solution pour décarboner réellement la production. Le président de la République en face continue de dire qu'il n'y a pas d'autre choix que de faire appel à la fois au nucléaire et au renouvelable. Il nie de ce point de vue les conclusions des rapports du Réseau de transport d'électricité (RTE) ou de l'Agence internationale de l'énergie. La possibilité du 100% renouvelable est aujourd'hui actée. Mais au moins, il fait le choix d'un mix et dessine une trajectoire décarbonée.

Cette trajectoire proposée par le président sortant vous paraît-elle raisonnable ?

Emmanuel Macron oublie totalement la dimension de la maîtrise de la consommation et échoue donc à dessiner un vrai projet de transformation vers une économie décarbonée. Une trajectoire qui continue à miser sur le nucléaire fait le pari que de nouveaux réacteurs pourront être mis en service et que les réacteurs actuels pourront fournir [de l'électricité] dans des conditions rentables et sûres, pendant cinquante à soixante ans. On voit aujourd'hui que, compte tenu des difficultés que rencontre EDF sur le parc nucléaire, compter à tout prix sur celui-ci est un pari extrêmement risqué du point de vue de la sûreté et des coûts. Une stratégie plus ambitieuse et résiliente consisterait à accélérer encore sur les renouvelables, mais aussi, ce volet manque cruellement, des politiques de sobriété et d'efficacité pour réduire notre dépendance au nucléaire pour l'électricité, et plus largement aux énergies fossiles.

La sobriété énergétique, ce n'est pas porteur électoralement ?

Je ne suis pas sûr que ce ne soit pas porteur. Le président de la République lui-même utilise ce terme de sobriété, à mauvais escient d'une certaine manière, puisqu'il parle plutôt d'efficacité technique que d'agir sur le volume de ressources que nous consommons. Mais la preuve que ce thème est à l'ordre du jour, c'est que lui-même utilise ce mot. On a de plus en plus de prises de position d'acteurs du débat, d'économistes, de politiciens ne venant pas des mouvements écologistes, en faveur de cette sobriété. On a aujourd'hui un problème de surconsommation. Le seul moyen de pouvoir réduire cette pression, c'est de collectivement modérer nos consommations. Il y a une vraie appétence de la population pour une évolution de ce type.

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