Feux de forêts au Canada : "L'équivalent des émissions de carbone de la France et de l'Allemagne combinées" rejetées dans l'atmosphère, selon l'observatoire Copernicus
Les feux de forêts au Canada ont généré "l'équivalent des émissions de carbone de la France et de l'Allemagne combinées", indique vendredi 4 août sur franceinfo Vincent-Henri Peuch, directeur du service de surveillance atmosphérique de Copernicus. L'observatoire révèle que ces émissions ont atteint un niveau inédit dans le pays, depuis le début de l'année.
France info : Quel est précisément le constat de Copernicus ?
Vincent-Henri Peuch : Nous avons voulu faire le bilan des émissions de carbone des feux au Canada dont on parle depuis le mois de mai. Nous avons trouvé le chiffre, très problématique de plus de 290 mégatonnes de carbone, soit entre deux et trois fois le précédent record [annuel, en 2014, établi à 138 mégatonnes]. Ça n'est pas une surprise, puisque nous avons vu l'impact de ces feux dès le début, en termes d'émissions de carbone, mais aussi de qualité de l'air, avec une centaine de millions de personnes impactées au Canada et en Amérique du Nord. C'est un chiffre consternant, que nous constatons sur les sept premiers mois de cette année. Malheureusement, ce chiffre va augmenter, c'est l'arrivée de l'automne qui va permettre d'endiguer ces feux très importants.
Ces incendies sont-ils liés en partie au fait que le pays se réchauffe plus vite que le reste de la planète ?
Oui, le Canada et plus généralement les hautes latitudes se réchauffent plus vite que le reste de la planète, c'est ce que l'on appelle l'amplification arctique, qui est liée à la diminution des glaces de mer.
"Ces feux touchent aujourd'hui le Canada, mais ces trois dernières années, c'était la Sibérie et le nord de la Russie. Ils sont une manifestation de l'impact de ce réchauffement"
Vincent-Henri Peuchà franceinfo
Qu'en est-il de la situation actuelle ?
Ces émissions de carbone sur les sept premiers mois de l'année, sont à peu près équivalentes à l'ensemble des émissions de la France et de l'Allemagne combinées. C'est une quantité très importante. Une partie de ces émissions sera captée à nouveau par la végétation qui va repousser, mais les impacts sont là en termes de biodiversité, sans parler du déplacement de certaines populations au Canada.
Ces feux ont aussi dégradé très fortement les conditions de qualité de l'air sur des zones extrêmement peuplées, à l'est de l'Amérique du Nord. Même en Europe, nous avons vu des impacts : pas sur la santé, puisque ces panaches étaient plus haut, mais nous l'avons constaté dans le ciel. Ces particules sont nocives si on les inhale, ce qui n'était pas le cas en Europe puisqu'elles étaient environ à 5 000 mètres d'altitude.
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