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Réchauffement climatique : "Une commission parlementaire est une excellente idée" pour établir la responsabilité de Total, estime un avocat

Une enquête a révélé que Total connaissait depuis 50 ans l'impact de ses activités sur le dérèglement climatique.

Article rédigé par franceinfo
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Arnaud Gossement, avocat spécialiste des questions environnementales, le 4 avril 2015. (BERTRAND GUAY / AFP)

"La vraie question c'est de savoir si Total a semé le doute pour pousser le gouvernement à ne rien faire", explique sur franceinfo mercredi 20 octobre, Arnaud Gossement, avocat spécialiste des questions environnementales. Selon une enquête d'historiens et de chercheurs français et américains publiée mercredi, le géant pétrolier Total connaissait dès les années 1970 l'impact de ses activités sur le réchauffement climatique et l'entreprise l'a volontairement caché. Une position de déni climatique présente jusqu'au début des années 1990.

franceinfo : Doit-on poursuivre en justice l'entreprise Total pour son déni climatique ?

Arnaud Gossement : La question principale n'est pas à mon sens de savoir si Total savait depuis longtemps que le réchauffement climatique existe et que les activités humaines en sont à l'origine. La vraie question c'est de savoir si cette société a agi pour semer le doute et donc pour amener le gouvernement à ne rien faire contre le changement climatique ou pas suffisamment. Dès l'instant où il y a une imbrication évidente entre l'État et cette société qui est une entreprise liée aux intérêts de l'État, je pense que la mise en place d'une commission parlementaire est une excellente idée.

"Il faut savoir 'qui savait quoi ?', et surtout 'qui a fait quoi pour pousser l'État français et l'Union européenne à ne pas agir correctement ?'."

Arnaud Gossement, avocat spécialiste des questions environnementales

à franceinfo

Donc oui, bien sûr, il ne faut pas en rester là mais il ne faut pas réduire le problème à la personnalité du dirigeant de l'époque de chez Total. C'est un problème plus global et plus collectif.

Cette volonté de Total de cacher le dérèglement climatique pendant des années rend la transition écologique plus difficile aujourd'hui ?

C'est évidemment plus difficile aujourd'hui car cela nécessite de prendre des décisions assez brutales, que les États comme la France ne cessent de repousser. On sait très bien ce qu'il faudrait faire aujourd'hui, mais les États doivent changer radicalement le mode de vie, et on aurait dû le faire depuis longtemps. Raisonner en matière de responsabilité d'un tel ou d'un tel, c'est important, mais l'urgence aujourd'hui c'est que la responsabilité soit collective afin de réussir la transition écologique. Bien sûr que les grands groupes et les États sont responsables mais les particuliers qui font le plein d'essence régulièrement sont aussi responsables. On doit réfléchir tous ensemble pour avancer.

Le discours de Total a changé depuis des années, en misant sur les énergies renouvelables, c'est possible malgré ces révélations ?

La plupart des personnes travaillant aujourd'hui chez Total, n'étaient pas aux manettes à cette époque-là. Donc, il ne faut pas accabler les salariés actuels de chez Total. Maintenant, je sais aussi qu'il y a des critiques sur la sincérité de cette nouvelle communication de Total. Ça reste un pétrolier qui vend des hydrocarbures. Mais c'est aussi un pétrolier qui a décidé d'investir dans les énergies renouvelables avec des investissements lourds. Donc aujourd'hui, il ne faut pas accabler les salariés de chez Total ainsi que les dirigeants du groupe et au contraire, il faut les encourager à continuer dans cette stratégie plus verte. Il ne faut pas résumer cette affaire en disant que les salariés actuels sont responsables d'un crime contre l'humanité.

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