Réduction de 55% des émissions carbone d'ici 2030 : l'accord européen est "un trompe-l'œil", selon le Réseau Action Climat
Pour Neil Makaroff, responsable Europe de l'association, l'objectif de l'Union européenne repose notamment sur l'absorption de CO2 par les forêts et les sols. Il est donc "moins ambitieux" qu'affiché.
Réduire de 55% les émissions gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990 : tel est l'objectif sur lequel le Parlement européen et les représentants des États membres de l'Union européenne se sont accordés mercredi 21 avril. On est encore "très loin de ce que nous dit de faire la science", estime sur franceinfo Neil Makaroff, responsable des politiques européennes de l'association Réseau Action Climat.
"La marche est encore très haute"
Selon Neil Makaroff, cet objectif européen "est un peu en trompe-l'oeil" car il inclut notamment l'absorption du CO2 par les forêts et les sols : "Cela veut dire que les dirigeants européens, plutôt que de faire le travail, de mener des politiques pour baisser les émission de gaz à effet de serre dans les transports, dans le bâtiment ou dans l'industrie, vont plutôt se reposer, en tout cas en partie, sur l'absorption du CO2 par les forêts et les sols, ce qui donne finalement un objectif qui est moins ambitieux que celui affiché".
En prenant en compte cette absorption du CO2, le responsable de Réseau Action Climat estime à environ 52% la baisse réelle des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est, d'après lui, "très loin de ce que nous dit de faire la science" : "au moins 65% pour l'Europe, si on veut rester sous le seuil 1,5 degré" de réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle. "Donc, vous voyez, la marche est encore très haute pour rester au niveau de l'ambition climatique", insiste Neil Makaroff.
La concurrence de la Chine et des États-Unis
Comment respecter les objectifs inscrits dans la loi ? Selon Neil Makaroff, il faudra observer la mise en oeuvre "secteur par secteur, dans le transport, dans le bâtiment, dans l'industrie". Il appelle les États européens à être "ambitieux" : "dans la course vers la transition écologique à l'échelle mondiale, l'Europe a maintenant de sérieux concurrents, notamment les États-Unis, qui sont revenus dans la bataille climatique, mais également la Chine, qui développe massivement les énergies renouvelables et qui est prête à vraiment l'emporter, notamment sur le véhicule électrique."
"Si l'Europe veut rester dans la course, si elle veut créer les emplois d'avenir, il va falloir qu'elle puisse investir massivement dans le climat. Et donc, pour cela, il va falloir dépasser nos objectifs qui sont fixés dans la loi Climat."
Neil Makaroff, Réseau Action Climatà franceinfo
Afin de respecter ses objectifs, l'Union européenne devra aussi, ajoute le responsable des politiques européennes de l'association Réseau Action Climat, "aider les pays qui sont le plus en retard dans l'action climatique à effectuer cette transition. Il est très important qu'on puisse aider les Polonais notamment, à accélérer la sortie du charbon, ce qui sera absolument essentiel dans la décennie qui vient".
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