Réduction de 55% des émissions carbone d'ici 2030 : "On est très loin" des "trajectoires demandées par les scientifiques", estime l'eurodéputée Marie Toussaint
La décision de l'Union européenne de viser une réduction de ses émissions carbone d'au moins 55% d'ici 2030 est un "objectif trop faible", a réagi mercredi sur franceinfo l'eurodéputée EELV Marie Toussaint.
La réduction nette d'"au moins 55%" des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, par rapport au niveau de 1990, est le nouvel objectif adopté par l'Union européenne (UE). Invitée de franceinfo mercredi 21 avril, Marie Toussaint, eurodéputée Europe Écologie-Les Verts (EELV), a dénoncé "des effets de manche et de communication de la part des dirigeants actuels".
franceinfo : Que pensez-vous de cet objectif ?
Marie Toussaint : On a signé en 2015 à Paris un accord pour limiter le réchauffement climatique à +1,5/2 °C et pour cela il aurait fallu un engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 65% d'ici 2030. Donc, on en est très loin parce que ce n'est pas un au moins 55% qui a été acté, c'est en réalité un engagement de réduire de seulement 52,8% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 avec un jeu comptable, des effets de manche et de communication de la part des dirigeants actuels.
Pourquoi parlez-vous d'effets de manche ?
Certains pavanent, comme Pascal Canfin (le président de la commission Environnement et Santé publique au Parlement européen, NDLR), en disant qu'on atteindra même 57%. On en est loin ! On arrive à 52,8%, à la place des 65% requis par les Verts et qui correspondent aux trajectoires demandées par les scientifiques pour tenir les engagements de l'accord de Paris. Donc on a un accord sur la loi climat, qui est la pièce majeure à partir de laquelle tout doit se tenir, et cette loi climat n'est pas à la hauteur des enjeux et tourne le dos à l'accord de Paris.
Si l'accord n'est pas ratifié par les Parlements de chaque pays, est-ce que cela sert à quelque chose ?
Il n'y a pas besoin que cela soit ratifié par les Parlements, c'est un objectif de l'Union, mais on a un objectif pour l'ensemble de l'UE et nous n'avons pas d'objectif par les différents États membres, et il n'y a pas non plus de mesures permettant l'accès à la justice si l'UE ne tient pas ses engagements. C'est-à-dire que non seulement c'est un objectif trop faible, mais qu'en plus il n'est pas détaillé et pas véritablement contraignant. Il y a quand même une avancée, c'est que le Parlement européen a réussi à obtenir la création d'un haut conseil scientifique indépendant pour le climat au niveau européen. Ce qu'il faudrait maintenant, c'est qu'il soit écouté par ceux qui prennent les décisions.
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