"Mayotte ne doit pas redevenir une île bidonville" : après le cyclone Chido, l'exécutif cible "l'habitat illégal" comme une priorité
"Mayotte ne doit pas redevenir une île bidonville", scande Manuel Valls, ministre des Outre-Mer, à la sortie du Conseildes ministres du mercredi 8 janvier. Voilà l’urgence "absolue" pour le gouvernement alors que les dégâts du cyclone Chido sont encore visibles et perceptibles partout à Mayotte. Un peu plus de deux semaines après sa nomination, le gouvernement a présenté en Conseil des ministres une loi spéciale pour la refondation de l’archipel. Une loi promise par Emmanuel Macron lors de sa visite sur l’île.
Le gouvernement veut reconstruire vite et bien, après ce qu'il qualifie de "plus grave crise de sécurité civile que le pays ait connue depuis la Seconde guerre mondiale". Les 22 articles sont calqués sur le modèle des lois spéciales pour la reconstruction de Notre-Dame ou l’organisation des Jeux olympiques. Un long catalogue de mesures techniques détaillées par Manuel Valls : "Le chapitre 2 adapte les règles d'urbanisme pour faciliter l'implantation rapide d'hébergements temporaires d'urgence. L'article 7, par exemple, accélère l'instruction des demandes d'autorisation d'urbanisme en divisant certains délais par deux ou trois. Le chapitre 6 comprend des mesures déjà annoncées, inspirées des dispositions mises en œuvre pour la reconstruction de Notre-Dame, pour faciliter donc les dons en faveur de Mayotte."
Pour coordonner le tout, un établissement public dirigé par Pascal Facon, un général quatre étoiles. Mais si ce texte paraît très dense, il demeure incomplet reconnaît de lui-même le ministre des Outre-mer : "Le débat parlementaire doit donc permettre de le compléter. Premièrement, la lutte contre l'habitat illégal. Il nous faudra réfléchir, par exemple élargir les catégories d'agents pouvant constater l'édification illégale. Deuxièmement, le blocage temporaire des loyers doit être envisagé pour qu'à l'horreur du cyclone ne s'ajoute pas l'indignité des profiteurs de crise."
Manuel Valls espère une adoption par le Parlement dans les plus brefs délais avec un examen en commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale dès lundi. La reconstruction devrait coûter un, deux voire trois milliards d’euros. Le ministre n’est pas capable de définir à ce stade un chiffre très précis.
Un deuxième texte présenté d'ici trois mois
Il n'y a pas dans ce texte de mesures sur le droit du sol ou la lutte contre l’immigration clandestine. Aucune mesure polémique n'est présente malgré les sorties médiatiques et la fermeté clamée par Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur, et Manuel Valls. La lutte contre l’immigration illégale, pour la sécurité, pour le développement économique de Mayotte aussi feront l’objet d’un deuxième texte, un projet de loi programme de refondation, d’ici trois mois. "Mayotte est rongée par deux fléaux : l'immigration irrégulière et l'habitat illégal, explique Manuel Valls. Cette immigration illégale pèse sur tous les aspects de la vie quotidienne de nos compatriotes mahorais, nourrit l'ultra violence et alimente des réseaux de trafiquants d'êtres humains. C'est indigne de la République et de nos valeurs universelles."
"Si nous ne traitons pas cette question avec la plus grande détermination, tout ce que je viens de vous annoncer ne servira pas à grand-chose et nous pouvons alors, à ce moment-là, nous attendre une véritable implosion, explosion sociale."
Manuel Valls, ministre des Outre-merconférence de presse
Un "dossier délicat qui ne se règlera pas en claquant des doigts", affirme Manuel Valls. Un signe aussi que Mayotte fera office de révélateur politique pour l’ancien Premier ministre, de retour avec cette loi spéciale au tout premier plan sur la scène politique.,
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.