"On a réussi à joindre seulement 70 personnes sur 220" : à Mayotte, l’angoisse d'associations sans nouvelles de leurs membres

Plus de quatre jours après la catastrophe, des centaines, voire des milliers de personnes restent injoignables, notamment dans les bidonvilles. Des associations craignent que ces "bangas" se transforment en cimetière géant.
Article rédigé par franceinfo
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À Mayotte, près d'un tiers de la population vivait dans des habitats précaires, rasés par le cyclone Chido le 14  décembre 2024. (HANDOUT / SECURITE CIVILE)

La voix est chevrotante, bouleversée, Gwenola Coulange confie mercredi 18 décembre son inquiétude pour ses équipes. "On a réussi à joindre environ 70 personnes sur l’ensemble de notre personnel. Seulement 70 sur 220 à ce jour". L’angoisse de la directrice de la fondation Apprentis d'Auteuil à Mayotte est palpable.

Une partie des employés de la fondation vivait dans les bidonvilles, comme la majorité des 4 500 jeunes suivis par la fondation. "On a une infime, mais vraiment infime partie, avec qui on a pu rentrer en contact. Ce n’est même pas rentrer en contact, on a eu la chance de les croiser, poursuit la directrice avec de plus en plus de difficulté. On essaie de tenir le coup". 

"On se dit que les moyens de communications sont coupés et qu’il nous reste encore beaucoup d’espoir d’avoir de leurs nouvelles."

Gwenola Coulange, directrice de la fondation Apprentis d'Auteuil à Mayotte

à franceinfo

“Mais bien sûr, on craint pour nos salariés, on craint pour nos jeunes. On vit une situation dramatique”, poursuit Gwenola Coulange. Mardi, la Croix-Rouge indiquait également n'avoir pu joindre que 70 de ses 300 bénévoles et 137 salariés. 

Les dégâts laissent présager le pire. Les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans le département le plus pauvre de France, où près d’un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire. Le bidonville de Kawéni, le plus grand de l'archipel, n'existe plus, raconte ce Mahorais. Il décrit un "paysage apocalyptique : il est totalement rasé, même les arbres sont rasés. Il n’y a rien qui est debout". Et de nombreux sans-papiers vivaient dans ces quartiers précaires. 

Le recensement des victimes compliqué par des questions religieuses

Mais ce n'est pas la seule raison qui explique le difficile recensement des victimes. "Il y a aussi un enjeu culturel et religieux, explique Gabin Lhéraut, directeur de l'association le Village d'Eva qui prend en charge des centaines d'enfants non scolarisés. À Mayotte, la population est majoritairement musulmane et dans cette religion, le corps est immédiatement enterré après le décès". 

"Des médecins nous confiaient, par exemple,  que les familles venaient dans les hôpitaux pour demander des certificats de décès qu’ils ne pouvaient pas délivrer puisque le corps avait déjà été enterré."

Gabin Lhéraut, directeur de l'association le Village d'Eva

à franceinfo

"Il va y avoir un souci, d’ailleurs, le ministre de l’Intérieur l’a précisé, dans le comptage du nombre de décès", craint Gabin Lhéraut.

Faute d'hébergement, des personnes commencent déjà à reconstruire des abris de fortune dans ces bidonvilles avec les tôles, le bois ou encore le plastique retrouvés sur place. Pour éviter les pillages, un couvre-feu a été instauré mardi soir. Il court de 22 heures à 4 heures. Le cyclone Chido est le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans.

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