Reportage "Les élèves ont absolument besoin de l'école" : à Mayotte, l'urgence d'accueillir de nouveau les élèves

Alors que le Premier ministre a annoncé une rentrée scolaire à partir du 13 janvier, de nombreuses classes doivent encore être réhabilitées.
Article rédigé par Agathe Mahuet, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'école élémentaire de Majicavo, dont la charpente et le toit ont été emportés par le cyclone. (AGATHE MAHUET - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)

Le plan "Mayotte Debout" est en marche. En visite à Mayotte, François Bayrou a annoncé une batterie de mesures, deux semaines après le passage du dévastateur cyclone Chido. Rétablissement de l'électricité dans chaque foyer d'ici fin janvier, interdiction de reconstruire les bidonvilles dans l'archipel et une rentrée scolaire programmée à partir du 13 janvier sont quelques-unes des mesures annoncées, lundi 30 décembre, en visite sur l'île. 

Le Premier ministre assure que les enfants des familles qui le souhaiteront pourront être scolarisés dans l'Hexagone, pour quelques temps. Les communes de métropole sont également mises à contribution, avec un appel aux bonnes volontés, pour envoyer sur l'archipel du matériel scolaire. Enfin, des étudiants, retraités ou enseignants volontaires sont invités à venir faire classe à Mayotte, en échange d'indemnisation pour pallier le manque de professeurs sur place. 

François Bayrou promet, par ailleurs, une réparation "la plus rapide possible" des classes touchées, prise en charge par l'Etat. Mais revenir dès le 13 janvier ou même une semaine plus tard, est une hérésie, juge Saïd, un enseignant retraité. "Il ne peut pas y avoir une rentrée en janvier, c'est impossible, ce serait inconcevable, c'est du foutage de gueule", assène-t-il. 

"Pressés de revenir à l'école"

Pourtant, les enfants interrogés souhaitent tous que "ça reprenne". C'est aussi ce que dit la principale d'un collège de Mamoudzou : "Nos élèves sont pressés de revenir à l'école parce que l'école, c'est le havre de paix, on les rassure, on leur donne aussi à manger", estime Isabelle Dufour.

"Très souvent, le seul repas qu'ils vont avoir dans la journée est la collation qui est distribuée à l'école. Ce sont donc des élèves qui ont absolument besoin de l'école et qui comptent sur nous pour ouvrir. Il faut qu'on accueille."

Isabelle Dufour, principale d'un collège de Mamoudzou

à franceinfo

Mais à ce stade, l'heure n'est encore qu'aux premières analyses dans bien des établissements, qui affichent des dégâts importants, pour certains. 

Près de 50% de classes utilisables

"Nous allons faire un diagnostic de mise en sécurité afin d'évaluer le nombre de classes fonctionnelles ou pas", explique Caroline Aubry, de l'ONG Architectes de l'Urgence, devant cette école de Majicavo, face à l'océan, où le cyclone a décroché de grands morceaux de charpente. "C'est vrai que quand on voit ça comme ça, ça fait toujours un peu peur... Notre travail est de vérifier que l'on peut faire ces purges", complète Eric Hugel en inspectant les lieux. "Les salles qu'on a déjà expertisées et qui peuvent être utilisées après un nettoyage rapide représentent environ 50%, ensuite après avoir purgé des dangers et de simples travaux, on pourrait monter à 70-80%", estiment les deux experts. 

Ce qui laisse, à l'échelle de Mayotte, des dizaines de salles de classe probablement hors d'usage pour plusieurs mois. Le Premier ministre a annoncé, en attendant, la mise en place de "tentes écoles", et des renforts de l'armée et de gendarmerie pour sécuriser ces établissements scolaires. 

A Mayotte, l'urgence d'accueillir de nouveau les élèves. Le reportage d'Agathe Mahuet et Gilles Gallinaro
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