Reportage "On est oubliés" : à Mayotte, Marine Le Pen face au désarroi du personnel soignant

La députée du Rassemblement national a entamé un tour de Grande-Terre, à Mayotte. Elle a notamment rencontré des soignants de l'hôpital de Mamoudzou.
Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, lors de sa visite auprès de soignants de l'hôpital de Mamoudzou (Mayotte), le 5 janvier 2025. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du RN, est arrivée à Mayotte lundi 6 janvier, pour rencontrer des sinistrés du cyclone Chido. Une occasion d'aborder aussi la question de l’immigration clandestine, alors que le gouvernement doit présenter cette semaine un projet de loi "Mayotte". Le groupe RN l’amendera à l’Assemblée, prévient-elle. En attendant, Marine Le Pen a réservé sa première étape à la visite de l’hôpital de Mamoudzou, où elle s’est retrouvée confrontée au désarroi du personnel soignant.

Ils ont les pieds dans l’eau depuis le passage de Chido. Trois semaines n’ont pas suffi aux soignants pour remettre en état les salles de consultation de l’unité de soin de Jacaranda. Sous le plafond à moitié effondré du dispensaire, Marine Le Pen constate les dégâts. "Vous travaillez sans lumière, sans clim, sans rien ? Je ne sais pas quoi vous dire, à part que vous êtes héroïques, leur lance-t-elle. On va porter tout ça là où on peut, en essayant d'avoir des oreilles attentives."

Une aide-soignante, visiblement exténuée, passe son chemin. "Laissez-nous travailler", lance-t-elle à la délégation du RN qui est venue à l’improviste. Son collègue Rahim regarde la scène avec un tout petit peu d’espoir. "On a l'habitude d'avoir toujours des gens qui viennent faire du blabla et puis rentrent chez eux", observe-t-il.

"Elle, elle n'est jamais présidente, mais on espère que ça va changer."

Rahim, un habitant, au sujet de Marine Le Pen

à franceinfo

Mais Marine Le Pen reconnaît son impuissance : "On n'est pas au gouvernement, on n'est pas décideurs, mais nous sommes ceux qui pouvons sonner la cloche quand tout le monde regardera ailleurs parce qu'il y aura eu d'autres événements qui seront intervenus entretemps." La cheffe de file des députés du RN a déjà promis de tenter d’apporter des modifications au projet de loi d’urgence du gouvernement lors de son examen au Parlement.

"C'est la première fois qu'on voit des médias"

Après l’hôpital, Marine Le Pen a pris la direction du nord de Grande-Terre, où l’on vote massivement pour le RN depuis plusieurs élections. La principale opposante à Emmanuel Macron s’arrête à Handréma, village où certains poteaux électriques sont encore couchés. Marine Le Pen est accueillie sur un terrain de sport en ruines par le maire de la commune, un ancien socialiste, Harsani Tombou. "On est oubliés, c'est le sentiment que nous avons ici. C'est vraiment la débrouille", déplore-t-il.

Marine Le Pen écoute puis critique l’action du gouvernement : "Il y a eu une concentration d'efforts qui a été faite sur un certain nombre d'endroits très précaires comme les bidonvilles, mais la réalité c'est que les Mahorais qui n'ont pas de toit sont un peu dans la même situation. Ils sont sous la pluie, tout est perdu." Dans les rues encombrées du village, une habitante voilée craque devant la députée. "Moi personnellement, je ne vote pas pour Madame Le Pen, mais je trouve que c'est scandaleux qu'il ait fallu qu'elle vienne ici", fustige-t-elle.

"On peut dire ce qu'on veut, c'est de la politique, elle veut récupérer. Mais c'est la première fois qu'on voit des médias venir ici."

Une habitante

à franceinfo

La colère de Français qui se sentent abandonnés par l’État, en métropole comme à Mayotte, c’est le principal carburant du Rassemblement national.

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