: Reportage "On va chercher de l'eau dans la rivière" : à Mayotte, un village coupé du monde depuis le passage du cyclone Chido survit tant bien que mal
À Mayotte, dix jours après le passage du cyclone, les habitants des villages dévastés tentent de se reconstruire. Ils tentent tant bien que mal de trouver des solutions, sans accès à d’eau potable et sans électricité. Notre reporter s'est rendu dans le village de Matsamboro, sur la côte nord-ouest de l’île.
Pour survivre aux drames du cyclone, ce village s'est totalement réorganisé. "On est tous solidaires", jure cette habitante. Les villageois se retrouvent le soir et organisent des veillées. "Vu qu'il n'y a pas de lumière la nuit, on se retrouve tous ensemble avec un tapis. On se pose dehors. Dès fois, on a la lune qui nous éclaire un petit peu avec nos petits téléphones, raconte-t-elle. Mais on se rassure entre nous, on essaie de ne pas trop y penser parce qu'à tout moment quelqu'un arrive. On essaye quand même de ne pas trop en parler, surtout quand il y a les enfants."
Dix jours après le passage du cyclone, les habitants sont sous le choc. Un petit garçon de cinq ans reste allongé toute la journée. "Il a peur. Ce n'est pas qu'il est timide, mais lui, il a vraiment eu peur. Il a été traumatisé tout le long. En fait, il avait les oreilles bouchées comme ça jusqu'au lendemain matin. Il était toujours comme ça. Mais au fond de nous, on n'accepte pas, on sait que ça nous a fait mal. Mais on s'adapte parce qu'on n'a pas le choix", souffle une autre villageoise.
"Tout le monde s'entraide"
Les habitants descendent à la rivière ou collectent de l'eau de pluie pour cuisiner ou se laver. "Heureusement qu'il pleut, Dieu merci, parce que là, on stocke de l'eau de pluie. S'il n'y avait pas là pluie, ça serait encore d'autres dégâts humains", certifie cet homme.
Sans électricité ni eau potable, ce village vit en autarcie depuis le passage du cyclone. "Pour ce qui est de l'électricité, dans les quartiers, on peut voir par exemple une famille qui a un groupe électrogène. On s'entraide et de temps en temps, on amène les bidons, on va chercher de l'eau dans les rivières", poursuit-il.
"Là, on voit vraiment le besoin de tout le monde. Tout le monde s'entraide, tout le monde met la main dessus. Du coup, on n'a pas d'autre choix", se désole une femme. Partiellement détruite, l'école du village ne pourra pas non plus rouvrir à la rentrée. Les habitants envisagent d'envoyer leurs enfants en métropole ou à la Réunion pour étudier.
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