Témoignage "Emmanuel Macron apporte quatre tonnes d'aide, ça fait 100 grammes par personne !", dénonce cette habitante de Mayotte avant la visite du chef de l'État

Emmanuel Macron arrive jeudi à Mayotte pour constater l'étendue de la catastrophe causée par le cyclone Chido. Dans l'avion du chef de l'État, quatre tonnes d'aide alimentaire et sanitaire. En attendant, sur place, la vie s’organise comme elle peut. "Ce n'est que de la solidarité", témoigne une habitante.
Article rédigé par franceinfo
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Des femmes rescapées du cyclone Chido à Mayotte de retour de leur quête d'eau à Pamandzi, le 17 décembre 2024. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Cinq jours après le passage meurtrier et dévastateur du cyclone Chido, Emmanuel Macron se rend jeudi 19 décembre à Mayotte. Il apporte, avec lui, quatre tonnes d'aide alimentaire et sanitaire et des secouristes supplémentaires.

En attendant, les habitants se sont organisés comme ils ont pu, raconte Sonia, une bijoutière qui vit à Pamandzi , une commune au sud de l'île de Petite-Terre.

franceinfo : Comment se passe passe le quotidien ?

Sonia : Beaucoup de toits ont été remontés avec les tôles retrouvées. Les voisins ont dégagé toutes les rues. Là, on vit avec beaucoup de poubelles sur les trottoirs, d'arbres coupés, de branchages. Mais la vie reprend tranquillement son cours. L'eau, on arrive à gérer maintenant. On a tous pris notre rythme. C'est très long d'obtenir de l'eau parce qu'il faut aller sur les rampes. On est nombreux.

"On fait la queue pendant des heures, mais à la fin, de façon calme et efficace, on a de l'eau, autant qu'on en veut. La seule chose, c'est qu'elle n'est pas potable."

Sonia, une habitante de Petite-Terre

à franceinfo

Donc il faut soit la faire bouillir, soit la filtrer. Par contre, l'électricité, c'est un calvaire. Le gaz commence à être une denrée rare et à être problématique. La nourriture beaucoup moins. Ce que je vous dis, c'est sur Petite-Terre uniquement parce que nous n'avons aucune information de ce qui se passe sur Grande-Terre. Les magasins sortent leur stock progressivement pour tenir tous les jours. On fait des courses, à condition d'avoir de l'argent en espèces parce que le réseau ne marche plus. Si on n'en a pas, on ne peut rien faire.

Vous sentez plutôt une solidarité au sein de la population ou des tensions ?

Sur Petite-Terre, il n'y a aucune tension. Les gens s'entraident. On est 40 000 sur l'île, enfin, jusqu'à avant le cyclone, donc on se connaît presque tous. On est toujours sous le choc de découvrir une nouvelle personne. La première question, c'est : est-ce que ton toit a tenu ? Est-ce que tu as de quoi manger, de quoi boire ? Est-ce que ça va ?

"Il y en a qui hébergent les uns les autres, il y en a qui prêtent des sous, il y en a qui vont faire les courses pour ceux qui peuvent pas se déplacer... Ce n'est que de la solidarité."

Sonia

à franceinfo

Là, ils ont fini de reconstruire les toits des mamies qui habitent en face de chez moi. C'est tout le quartier qui s'y est mis parce que les mamies elles ne peuvent pas le faire. Il y a un couvre-feu de 22 h à 4 h du matin. On l'a appris par hasard. Mais? de toute façon, les gens sont trop fatigués. On construit les maisons. Tout le monde erre dans les rues, se promène ou fait jusqu'à 10 heures de queue pour arriver à obtenir 30 litres d'essence.

La visite d'Emmanuel Macron, c'est important pour vous ?

Quatre tonnes d'aide, ça fait 100 grammes par personne, de nourriture ou d'eau. C'est quoi ? C'est une boîte de sardines ? S'il nous amène 40 000 boîte de sardines, on est heureux, on va se contenter de ça. Ma foi, c'est notre président, mais il va nous boucher toutes les rues. On ne va pas pouvoir avancer, on va se faire engueuler par la gendarmerie, on va se faire engueuler par tous les militaires parce qu'on est sur le chemin. Et qu'est ce qu'on fait, nous ?

"La priorité, ça aurait été d'amener des bâches. La moitié des gens vivent à ciel ouvert."

Sonia

à franceinfo

Elles arrivent au compte gouttes, même si on ne les voit pas encore sortir des hangars militaires. L'eau, on ne la voit pas sortir des hangars militaires non plus. Ils ont fait une distribution sur Pamandzi à la MJC. Chaque personne a eu deux bouteilles d'eau, je ne sais pas si c'était des grandes ou des petites, une boîte de sardines et une boîte de tomates en boîte. Qu'est ce qu'on fait avec ça ? Ça ne va pas nourrir toute une famille. Des familles ont tout perdu, il n'y a plus rien dans la maison où tout s'est envolé. Ce n'est pas assez.

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