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Inondations : comment éviter le pire ?

Trois personnes sont mortes dans les crues exceptionnelles qui frappent le Sud-Ouest. Face à ces graves intempéries, la vigilance est l'affaire des autorités, mais aussi de chacun d'entre nous.

Article rédigé par Jelena Prtoric
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le gave de Pau en crue à Pierrefitte-Nestalas (Hautes-Pyrénées), le 19 juin 2013. Dans le village, une septuagénaire est morte le 19 juin, victime de cette crue exceptionnelle. (PASCAL PAVANI / AFP)

Maisons détruites, villages coupés du monde, des centaines de personnes déplacées, et trois morts. Tel est le lourd bilan des crues dans le Sud-Ouest, jeudi 20 juin. Et si tout le monde s'accorde à dire qu'il vaut mieux prévenir que guérir, que fait-on pour garantir la sécurité des citoyens ? Francetv info s'est penché sur cette question.

Le rôle des autorités

Alerter la population. Toute alerte crue et pluie provient du centre de documentation du service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations (Schapi), un organisme qui assure la surveillance hydrologique"Notre travail est d’élaborer une carte de vigilance. Dans notre centre, à Toulouse, nous récupérons les données sur différents tronçons des cours d’eau en France. Une fois les données homogénéisées, nous décidons si le niveau de crues et de pluie nécessitent une vigilance", explique Jean-Marc Dolmière, du Schapi, joint par francetv info. En cas de vigilance, les informations sont envoyées à Météo France et aux préfectures. 

C’est au préfet de déclencher ensuite une alerte et d'avertir les maires concernés. Patrice Abbadie, du service communication de la préfecture des Landes, explique à francetv info : "Nous l'avons fait dès que l'on nous a avertis de la vigilance orange. Les maires et les élus ont reçu un fax ou un mail avec les détails sur la vigilance et des consignes à suivre."

Toutefois, c'est aux communes d'adopter des mesures concrètes et de prévenir les personnes concernées. Par le biais des médias et parfois personnellement, par téléphone ou par courrier. Comme à Pierrefitte-Nestalas (Hautes-Pyrénées), une commune de 1 306 âmes où l'"on est allé, lettre à la main, dans certaines zones pour avertir les habitants", affirme le maire, Noël Pereira da Cunha, joint par francetv info.

Interdire l'accès aux lieux dangereux. Après concertation avec les communes, le préfet peut décider de bloquer les routes jugées dangereuses ou d'interdire l'accès à certaines zones. Dans les Landes, par exemple, une quinzaine de routes ont été bloquées. Ce blocage se fait normalement sans présence humaine, mais "cette fois-ci, le préfet a décidé d’envoyer des gendarmes sur environ cinq axes où de nombreux individus n’ont pas du tout respecté la signalisation", révèle Patrice AbbadieA Pierrefitte-Nestalas, cinq rues ont été bloquées par arrêt municipal, mais "on a également interdit l'accès aux berges et à tout cours d'eau", rappelle le maire.

Evacuer la population en danger immédiat. Les évacuations ne sont jamais systématiques. Il s’agit par ailleurs d’une action bien synchronisée entre la commune, les gendarmes, les sapeurs-pompiers et les structures qui assurent l’accueil des personnes évacuées, comme les écoles, salles communales ou hôtels. Dans les Pyrénées, plusieurs centaines de personnes ont été évacuées jusqu’à présent.

Le rôle des habitants

La vigilance météorologique est conçue surtout pour informer les pouvoirs publics et leur permettre d'adopter des mesures de précaution pour protéger la population. Mais parfois, le maire n’a pas reçu d’alerte de la préfecture, ne prend pas l’information au sérieux ou, ne sachant pas si sa commune sera touchée, ne souhaite pas inquiéter inutilement ses administrés. Donc si vous vivez dans un des départements à haut risque, consultez le site de Météo France, des médias locaux et le site Vigicrue qui donne des informations en temps réel.

Surtout, sachez reconnaître la gravité de la menace. Une alerte rouge veut dire "mettez-vous à l’abri et évitez tout déplacement". L’orange signifie "risque de crue et débordements pouvant avoir un impact signifiant sur la vie collective", et implique de ne se déplacer que si c’est absolument nécessaire. En cas d'alerte jaune, restez vigilant même s'il n’y a pas de risques imminents, car "des montées rapides d’eau sont possibles".

Mais avant tout, la prudence de chacun 

Comment expliquer les trois morts de ces derniers jours, un dans les Landes et deux dans les Pyrénées ? Y a-t-il eu des failles dans le système ?

Pour les responsables, la cause réside plutôt dans l’imprudence des victimes. Le non-respect des interdictions est une pratique courante, prévient-on. Les habitants ne les prennent pas au sérieux, passent sur les routes barrées, s’approchent des eaux en crue.

"La victime [noyée dans les Landes] n’a malheureusement pas respecté la signalisation : cette route départementale a été interdite de circulation, se désole Patrice Abbadie. En rase campagne, elle a été emportée par une vague à une centaine de mètres de la route. Nous avons mobilisé les gendarmes et pompiers, nous avons même réquisitionné un hélicoptère de La Rochelle. En vain, il était trop tard."

Le maire de Pierrefitte-Nestalas regrette la mort d'une dame, survenue le 19 juin. "Alors qu’elle venait d’être évacuée avec son mari de son domicile, la victime a voulu retourner chez elle pour y chercher des effets personnels. La voiture du couple a été soulevée par une vague d’eau : la femme a été balayée par les flots lorsqu’elle a tenté d’en sortir, alors que son mari a pu être récupéré par les pompiers."

"Et même si on mobilise toutes nos forces - gendarmes, pompiers et employés communaux -, ils ne peuvent pas être présents partout", souligne le maire. Se protéger, c'est avant tout la responsabilité de chacun. 

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